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Le « non » l’emporte chez Air France : zone de turbulence au radar ?

Alors que le mouvement social commençait à faiblir, se rapprochant d’ailleurs de la barre des 20% de salariés grévistes (chez les pilotes contre 17% environ pour les navigants commerciaux et 12% environ pour les agents au sol), la Direction d’Air France attendait certainement avec impatience le résultat de la consultation lancée le 20 avril 2018 auprès de ses employés. Ce matin, les résultats prévisionnels de la compagnie aérienne avait été amputés de 300 millions euros minimum afin de prendre en considération le coût estimé des jours de grève.

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Crédit : Éric Piermont – AFP

Le résultat est tombé ce soir à 18 heures et celui-ci est tristement sans appel. Ce sont 46 771 salariés qui se sont exprimés au cours de cette période de consultation, soit plus de 80% des salariés sous contrat de travail de droit français. Le « non » l’a emporté, contre toute attente, à 55,44%.

 

Ainsi, les salariés ont majoritairement dit « non » à la proposition de la Direction et du Président-directeur général du Groupe, Jean-Marc Janaillac, d’augmenter les salaires sans mettre en danger les comptes de la compagnie aérienne :

  • une revalorisation salariale de 2% dès 2018
  • une augmentation générale de 7% au total sur 4 ans (pour les années 2018 à 2021)

Compte tenu du résultat du referendum, le projet d’accord salarial du 16 avril 2018 est retiré par la Direction.

Mais Jean-Marc Janaillac avait décidé de prendre ses responsabilités en présentant le projet de consultation des salariés. À l’instar de Christian Blanc à l’époque, le Président-directeur général d’Air France-KLM mettait sa démission en jeu si le résultat désavouait sa proposition.

Ainsi, avec un « non » majoritaire, Jean-Marc Janaillac a pris ce soir la décision de se débarquer de l’entreprise et du groupe franco-néerlandais.

« J’assume les conséquences de ce vote et je remettrai dans les prochains jours ma démission aux conseils d’administration d’Air France et d’Air France-KLM. » – Jean-Marc Janaillac

Il présentera sa démission aux deux conseils d’administration le 9 mai 2018.

Le Premier Ministre Edouard Philippe, qui soutenait la Direction d’Air France, s’était exprimé quant à cette éventualité, appelant les salariés à beaucoup de prudence.

Dans l’attente d’un remplaçant à la tête du Groupe et de la compagnie, c’est Franck Terner, le Directeur général, qui assumera la direction d’Air France.

Pour mémoire, Jean-Marc Janaillac avait rejoint Air France – KLM il y a moins de deux ans avec pour objectif de repositionner le groupe en bonne posture.

 

Conclusion.

Finalement, même si sa démission n’avait pas été demandée ou souhaitée, les organisations syndicales auront eu raison de l’engagement de Jean-Marc Janaillac comme de celui de son prédécesseur Alexandre de Juniac.

Jusqu’au communiqué de presse sur la question, il paraissait improbable que les salariés d’Air France choisissent majoritairement le « non ». De nombreux observateurs espéraient sans doute que la prise de conscience de la conjoncture internationale et les difficultés rencontrées par le pavillon tricolore permettrait de sortir de ce conflit.

Malgré le départ annoncé de Jean-Marc Janaillac, les syndicats n’ont pas retiré les prochains préavis de grève. Un sentiment de victoire, peut-être ?

« Nous maintenons nos revendications et continuons d’exiger que de véritables négociations s’engagent enfin. » – Intersyndicale d’Air France

Mais en y regardant de plus près, nous y voyons que des perdants : les relations avec KLM n’ont jamais été aussi tendues (en toute logique), les clients de la compagnie aérienne atteignent un point de non retour (malgré les efforts de la Direction pour minimiser l’impact des jours de grève), les salariés grévistes d’Air France ne sont pas parvenus à convaincre l’opinion public du bien fondé de leur action, et la compagnie tricolore se sépare d’un Président-directeur général engagé.

Nous donnons une fois de plus raison à Jean-Marc Janaillac … il s’agit bien là d’un « immense gâchis » !

Tyler.

(Crédit photo de couverture : Charles Platiau)

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