Hier 28 juin 2016 le premier avion régional de fabrication chinoise effectuait son premier vol commercial entre Chengdu et Shanghai.
COMAC ARJ21.
Le développement de l’ARJ21 a commencé en 2002 sous l’égide de COMAC, Ltd (Commercial Aircraft Corporation of China). Après de multiples retards – comme c’est souvent le cas pour les nouveaux avions dont les calendriers doivent sans arrêt être mis à jours – l’ARJ peut enfin prendre du service.
C’est la compagnie Chengdu Airlines qui est donc compagnie de lancement de ce tout nouvel avion. Rappelons qu’elle avait pris livraison de cet appareil régional dès le mois de novembre 2015 et que sa mise en service intervient près de six mois après la date prévue, aux alentours de février 2016.
Cet appareil régional présente une capacité d’emport de 70 à 90 passagers. Cela le situe donc la catégorie des petits avions régionaux où il rejoint :
- le Sukhoi SSJ100 (85 – 100 passagers),
- le Mitsubishi MRJ90 (80 – 90 passagers),
- le Bombardier CRJ900 (76 – 90 passagers).
Avec un rayon d’action de 2000 km, il permet d’opérer facilement à travers la Chine continentale. C’est de toute façon là qu’il sera cantonné dans un premier temps comme il n’a obtenu que la certification de vol chinoise CAAC.
A bord, on trouve une configuration en 2 – 3 qui n’est pas sans rappeler le CSeries et le Sukhoi.
Concurrencer les avionneurs occidentaux.
Depuis plusieurs années, on observe de grandes manœuvres industrielles à l’Est dans le domaine aéronautique. Chine et Russie semblent résolus à ne pas demeurer trop dépendants des géants européens et américains, et les chantiers qui sont mis en place sont nombreux et couvrent tous les secteurs :
- Xian MA700 : turbopropulseur
- ARJ 21 : avion régional de petite capacité
- Sukhoi SSJ100 : avion régional de grande capacité
- Comac C919 : avion moyen-courrier
- Irkut MC-21 : avion moyen-courrier
Sans oublier les projets d’avenir avec les Comac long-courriers C929 et C939 ainsi que l’avion sino-russe prévu pour la fin des années 2020.
Une indépendance loin d’être gagnée.
Difficile de devenir 100% autonome des technologies occidentales du jour au lendemain. Si ces projets sont intéressants à observer car ils montrent que la haute technologie n’est pas réservé qu’à trois ou quatre états, il faut rappeler que aucun de ces projets ne pourraient voir le jour sans l’appui d’industriels européens et américains de renom.
Les motoristes.
- CFM international, qui développe des réacteurs pour A320 et B737, sera le motoriste du Comac C919 avec le même LEAP-1 que l’on retrouve sur A320neo et B737MAX.
- La maison-mère de ce dernier, GE Aircraft Engines, n’est d’ailleurs pas en reste avec son CF34. Ce réacteur est aujourd’hui présent sur la plupart des jet régionaux Bombardier CRJ et Embaer. C’est donc assez naturellement qu’il a été choisi par COMAC pour propulser l’ARJ21.
- Pratt & Whitney est également très implanté puisque son réacteur PW1000G, déjà présent sur A320neo et Embraer E2, sera également présent sur le Mitsubishi MRJ21 et le Urkut MC-21. Il est en outre le motoriste du Xian MA700.
Il y a enfin Snecma qui développe le réacteur du Sukhoi SuperJet en partenariat avec le russe NPO Saturn.
Autres industriels impliqués.
La liste des industriels qui sont concernés par cet essor orientale ne pourrait être exhaustive ici.
Citons tout de même Rockwell Collins qui travaille avec China Electronics Technology Avionics Co. dans le but de développer les systèmes de communication et de navigation du Comac.
Autre acteur non-industriel : Ryanair qui travail conjointement avec Comac dans le but de développer cet appareil qu’ils espèrent probablement moins coûteux que les produits d’Airbus et Boeing.
Conclusion.
Une nouvelle industrie aérienne, née il y a une petite décennie, est bel et bien en train de prendre son envol. Bien entendu, il est difficile de leur prévoir un avenir à la Boeing ou Airbus en ce sens qu’on imagine mal des avions chinois envahir les ciels des continents occidentaux.
Pour autant, il ne faut pas oublier que ces industriels sont aujourd’hui essentiellement focalisés sur l’Orient et l’essor phénoménal que connait cette région du monde en terme de demande de transport rapide et efficace.
L’ARJ, le C919 et le MC-21 sont loin d’être des échecs puisqu’ils totalisent à ce jour respectivement 302, 517 et 192 commandes auprès de compagnies chinoises particulièrement méconnues (Heibei Airlines, Joy Air, Henan Airlines…) mais non moins ambitieuses.
Ce n’est pas tout puisque ces avions intéressent d’autres compagnies asiatiques comme Lao Airlines, Myanmar Airways ou encore City Airways ; sans oublier bien sûr Cityjet qui opère depuis quelques semaines le SSJ100.
Une chose apparaît certaine : le soutien de cette nouvelle industrie par les autorités russes et chinoises est absolument nécessaire. Car si les chiffres de commande ne sont pas nuls, ils se rapprochent beaucoup de ceux du MRJ (233) ou du nouvel Embraer E2 (325).
A défaut de pouvoir prédire lequel saura tirer son épingle du jeux, toute la question est aujourd’hui de savoir lequel de ces constructeurs sera le premier à déclarer forfait…
[…] bien regarder le carnet de commande de Shanghai Airlines, on y trouve que le Comac ARJ21. En effet, la compagnie aérienne a passé commande de 5 appareils chinois, portant sa flotte (une […]