Les deux compagnies les plus importantes des Émirats Arabes Unis que sont Etihad Airways et Emirates ont toutes deux donné cette semaine des signes d’une offensive à venir ou initiée et touchant le marché du ciel européen.
L’Airbus A380 d’Etihad.
La compagnie d’Abu Dhabi annonçait son intention d’opérer le plus gros appareil de sa flotte, l’A380, vers Paris à partir du 1er juillet 2017. Elle devient ainsi la troisième compagnie du Golfe à opérer l’appareil de 496 sièges à destination de la capitale française après Emirates et Qatar Airways.
La raison invoquée est compréhensible : le trafic de passagers est bien plus important l’été, donc l’augmentation des capacités est nécessaire pour rester dans la course. Les vols AUH-CDG (EY31) et CDG-AUH (EY32) actuellement opérés alternativement en Boeing 777-300ER ou Airbus A340-600, soit déjà de gros porteurs, verront donc leur capacité s’accroître.
En matière d’expérience passagers le changement sera également de taille puisque Etihad propose des nouvelles cabines dans toutes les classes de voyage de son super jumbo. En cabine Economy avec le nouveau concept « Smart Seat » – en réalité une têtière améliorée ;
En cabine Business avec sa Business Studio largement retravaillée ;
En First avec ses First Apartment spacieux et offrant une unique configuration en 1 – 1 ;
Et enfin avec The Residence, désormais bien connue, et que les passagers au départ ou à destination de Paris auront enfin l’occasion de découvrir !
Dans les faits, Etihad n’ouvre pas une nouvelle destination en A380. La ligne AUH-CDG remplace celle à destination de Bombay où visiblement la compagnie ne rencontre pas la demande Premium espérée. Si l’Inde est assurément un marché porteur, l’A380 semblait sur-dimensionné, surtout en saison estivale.
La demande parisienne pourra quant à elle être absorbée tandis que la ligne vers la capitale économique de l’Inde sera opérée avec l’A340 ainsi libéré.
Dès lors le réseau où opèrent les A380 se trouve marginalement modifié avec Paris, Londres, New York, Melbourne et Sydney. Il est donc enfin possible de voyager décemment vers l’Australie puisque The Residence y est proposée de bout en bout depuis Paris, avec des tarifs autour de seulement 15 à 17 000 EUR l’aller-retour … 🙂
Emirates : une nouvelle étape.
La compagnie originaire de Dubaï est connue depuis longtemps pour son appétit d’ogre. Plus gros client de l’A380, très loin devant les autres, son objectif depuis une dizaine d’années est d’être présent partout, sur tous les marchés, en les inondant de sièges offerts.
C’est la raison pour laquelle on trouve ses A380 dans la plupart des capitales les plus importantes de la planète, à commencer par l’Europe et l’Asie. Après avoir pénétré tous ces marchés, la stratégie a été de développer les capacités puis les fréquences. Londres, sans doute la plus emblématique, reçoit pas moins de neufs vols par jour ! Six à Heathrow et trois à Gatwick.
Emirates a également choisi de jouer sur les vols de bouts de lignes. Elle opère de la sorte en Amérique du Sud où on la retrouve sur l’axe Rio de Janeiro – Buenos Aires. C’est aussi le cas en Océanie où elle est très présente sur l’axe trans-Tasman avec Sydney-Auckland, Melbourne-Auckland, Brisbane-Auckland ou encore Sydney-Christchurch. Ce type de stratégie lui permet d’être implantée même à l’autre bout du monde : Auckland reçoit parfois la visite de pas moins de quatre A380 !
Plus fort encore, Emirates négocie âprement depuis plusieurs années pour opérer des vols sur des marchés où on ne devrait pas l’attendre. Cela fut d’abord le cas de la ligne Milan – New York que la compagnie dessert évidemment en super jumbo. La ligne en continuation de celle entre Dubai et Milan lui permet de s’immiscer sur un marché transatlantique extrêmement dynamique.
Depuis quelques jours c’est une autre ligne du même type qui vient de faire son apparition : Athènes-Newark. Celle-ci avait été annoncée courant janvier dans le but de prolonger l’axe Dubai-Athènes.
On retrouve le même Boeing 777 qui continue sur Newark et qui permet de renforcer les positions d’Emirates à New York, présente cinq fois par jour dorénavant, dont trois vols directs en A380.
Conclusion.
Les dirigeants anglo-saxons des compagnies du Golfe Persique ont compris où se situaient les marchés porteurs. Ils font donc un usage – pour le moment raisonné – des outils à leurs dispositions : renforcement des fréquences et augmentation des capacités. L’utilisation de la cinquième liberté est un pas supplémentaire qui est franchi : dans ce cas de figure les négociations sont longues, complexes et les compromissions nombreuses – achat d’avions notamment.
Ce type de routes, entre deux pays étrangers à celui de l’immatriculation de la compagnie, a longtemps été l’apanage des compagnies européennes publiques jusqu’à il y a une vingtaine d’années. C’était le temps des vols avec stops passant par l’Alaska, l’Inde, la Thaïlande, le Sénégal etc.
Cela permettait d’envoyer le Concorde jusqu’en Amérique du Sud.
Mais avec l’augmentation des fréquences, des capacités, et l’amélioration du rayon d’action des avions, ce type d’opérations était tombé en désuétude.
On en voit le retour aujourd’hui grâce aux compagnies dynamiques venues du Moyen-Orient mais également d’Asie (avec Montréal – La Havane d’Air China par exemple).
L’objectif de monter ce type de lignes ? Combler les manques, et ne surtout pas laisser la place à l’adversaire dans un monde où la demande va croissante à un rythme effréné.
Pour Emirates la ligne entre Milan et New York a été mise en place compte tenu des appétits d’Etihad sur le marché italien ; et la ligne au départ de Grèce permet de relier Athènes à l’Amérique, la compagnie Aegean n’étant pas positionnée sur ce segment – faute d’avions long-courriers. Pour Etihad, l’augmentation de la capacité va de pair avec l’amélioration de l’offre.
Il y avait dès lors une place à prendre, et malgré l’accord de ciel ouvert en Europe qui laisse le champs libre à Norwegian au départ de la France sur des liaisons transatlantiques, tous les acteurs ont ici cédé ces créneaux à des compagnies plus réactives et moins entravées.
Des mouvements logiques donc, qui reflètent ambition et réactivité : les clés de la réussite dans un milieu où tous les acteurs disposent des mêmes outils.
Tyler.
Je ne recommanderai jamais plus ETIHAD AIRWAYS car j’ai eu trop de mauvais services avec cette compagnie depuis 3 ans . Au début de sa venue à Bruxelles tout était impeccables,- ce qui n’est plus d’actualité – maintenant, tout est fait pour favoriser et amener les passagers à réserver leurs vols en première et en business classe car le rapport est plus intéressant pour la compagnie.