Alexandre de Juniac n’est pas encore hors jeu que son successeur, Jean-Marc Janaillac, prend déjà les dossiers brûlants à bras-le-corps. Appelé à prendre la tête du groupe Air France – KLM le 4 juillet 2016, le nouveau Patron avait pourtant décidé de se consacrer entièrement et jusqu’à la fin de son mandat aux intérêts de Transdev, entreprise dont il a actuellement la charge.
Tandis que de Juniac s’exprimait en public au nom d’Air France – KLM, lors du Paris Air Forum ce mardi, probablement pour la dernière fois avant son départ, Janaillac rencontrait quant à lui en même temps les représentants des pilotes afin d’endosser le rôle du pompier courageux.
Une grève : une de plus.
La menace d’une seconde grève en l’espace de quelques jours et venant sanctionner l’acharnement – justifié ? – d’une direction désireuse d’appliquer au plus vite les mesures prises lors de Transform 2015 pesait sur Air France.
La compagnie aérienne avait par ailleurs dénoncé l’attitude « irresponsable et désinvolte » de ses pilotes le 17 juin 2016 lors d’un communiqué de presse à la suite de l’annonce de cette nouvelle grève, prévue du 24 au 27 juin 2016.
« Air France déplore le nouveau préavis de grève déposé par les syndicats des pilotes en dépit d’une nouvelle réunion de discussion organisée aujourd’hui à l’initiative de la direction.
La direction du SNPL exige une nouvelle fois des engagements immédiats portant sur le développement de la flotte et le plan d’investissement du groupe Air France-KLM à moyen terme. A quelques jours de l’arrivée du nouveau Président d’Air France-KLM, la direction d’Air France n’a d’autre choix que de considérer à nouveau que de tels enjeux stratégiques ne peuvent se décider sous ultimatum.
Par ailleurs, le SNPL maintient toutes ses exigences, y compris l’augmentation de rémunération en décalage avec les autres catégories de personnel, ainsi que la mise en place d’un système de co-décision n’existant nulle part au monde et incompatible avec la gestion responsable d’une entreprise.
La formulation par la direction du SNPL d’exigences aussi déraisonnables dans un tel calendrier suscite une incompréhension totale dans l’ensemble du groupe Air France-KLM.
Ces exigences constituent un contre exemple de la façon dont doit s’organiser un dialogue sérieux. Elles vont à l’encontre des objectifs mis en avant par les syndicats des pilotes eux-mêmes, à savoir la croissance. Celle-ci ne se décrète pas, elle se construit dans le cadre d’un dialogue équilibré.
Air France dénonce une attitude irresponsable et désinvolte de la direction du SNPL vis-à-vis des salariés Air France de toutes catégories, qui se mobilisent chaque jour au service des clients et du redressement de l’entreprise.Enfin, Air France rappelle que la grève du 11 au 14 juin, même si elle n’a été suivie que par un pilote sur quatre, a généré des pertes de plus 40 millions d’euros, un coût supérieur à celui d’un avion moyen-courrier. »
En effet, la compagnie aérienne avait déjà eu à subir une grève de ses pilotes entre le 11 et le 14 juin : désastreuse en terme d’image et importante en terme de coût.
La première grève n’avait pourtant pas impacté outre mesure l’activité d’Air France, malgré un coût estimé à 40 millions d’euros par Frédéric Gagey, Président-directeur général de la compagnie tricolore.
- Samedi 11 juin 2016
Avec 27% de pilotes grévistes, ce sont tout de même 3 pilotes sur 4 qui avaient à coeur de faire voler les appareils de la compagnie aérienne, dans l’intérêt du client.
Le répit.
La rencontre entre les représentants des pilotes et le nouveau leader du Groupe a porté ses fruits.
Les syndicats SNPL, SPAF et ALTER ont décidé de lever le nouveau préavis de grève, répondant ainsi à la supplique formulée par Jean-Marc Janaillac, le futur Président-directeur général d’Air France – KLM postérieurement à cette rencontre du mardi 21 juin 2016.
Mettant en avant la perte de confiance entre les acteurs internes du Groupe – probablement pour ne pas évoquer directement son prédécesseur, Alexandre de Juniac – Jean-Marc Janaillac s’engage à trouver une solution qui passera avant tout par le dialogue.
En échange de la paix sociale jusqu’au 1er novembre 2016, le futur PDG d’Air France – KLM proposait ainsi aux pilotes de faire suspendre l’application des mesures du Plan Transform 2015, entrées en vigueur le 1er juin dernier.
Quatre mois pour Jean-Marc Janaillac pour prendre le temps d’arriver, d’écouter, d’analyser et ainsi pouvoir « bâtir un nouveau projet stratégique » : c’est tout ce qu’il demande.
Une main tendue de la nouvelle direction que les syndicats de pilotes décidaient mardi soir de saisir, pariant ainsi sur la confiance.
« On lui démontre que nous sommes des interlocuteurs responsables » – Véronique Damon, secrétaire générale du SNPL Air France, syndicat majoritaire chez les pilotes de la compagnie tricolore.
Parmi les nombreuses missions du nouveau PDG du Groupe franco-néerlandais que nous présentions après l’annonce du président démissionnaire, nous évoquions celle qui imposerait au remplaçant de finir de négocier, notamment avec les pilotes.
Hasard du calendrier, c’est bel et bien le premier dossier que Jean-Marc Janaillac a décidé d’ouvrir.
Conclusion.
L’objectif est rempli : il n’y aura pas de nouvelles grèves chez Air France.
Du moins pour le moment.
En s’assurant un répit de quatre mois, Jean-Marc Janaillac pourra prendre le temps de construire un nouveau projet de croissance, dont l’entreprise semble avoir désespéramment besoin.
Et ne pas se voir sanctionner d’une grève pendant la pointe été, ça n’a finalement pas de prix !
Tyler.
[…] l’a vu ces différentes années, l’immobilisme d’Air France – KLM est un vrai spectacle pour les observateurs. Le mobilisme aussi, surtout lorsqu’il prend la forme de violences […]