Le 30 avril 2015 des premières rumeurs naissaient quant à la mise en vente d’une partie de la flotte de la compagnie Malaysia Airlines. Sont concernés, pour la partie passagers six Airbus A380 et quatre Boeing 777. Au niveau du Fret, il s’agit d’évacuer deux Boeing 747 et quatre Airbus A330.
Cette mise en vente est évidemment un coup dur pour Malaysia Airlines qui fut, jusqu’au mois de mars 2014, une compagnie en plein essor, portée à la fois par la qualité de ses prestations à bord mais également par le boom du tourisme dans cette région du monde.
Deux accidents dramatiques plus tard, l’heure est désormais à la rationalisation financière. Celle-ci se fait d’autant plus pressante que la compagnie est maintenant une entreprise privée dont l’objectif est la rentabilité.
La mise en vente des Super Jumbo du constructeur européen Airbus est une grande première puisque, jusqu’à présent, aucun des opérateurs de ce type d’avion ne s’en était séparé. Et cela soulève un certain nombre d’interrogations.
L’avionneur européen fragilisé par cette séparation ?
- Airbus a beaucoup de mal à vendre ses avions compte tenu de la crise que connait actuellement le secteur et le carnet de commande reste désespérément vide depuis la dernière commande de la compagnie Emirates en novembre 2013.
Dans ce contexte, il est évident que la mise sur le marché de l’occasion de six gros porteurs, à un prix, de facto cassé, ne contribua pas à débloquer le compteur des commandes de l’avionneur européen.
En revanche cela pourrait faire la bonne affaire de certaines compagnies.
- D’un côté celles qui ont du mal à se décider concernant l’acquisition d’Airbus A380. On pense bien sûr à Turkish Airlines dont des rumeurs, démenties depuis, annonçaient une acquisition de plusieurs avions Malaysia Airlines.
- D’un autre côté, cela permettra de venir en aide à une compagnie comme Emirates dont le nombre gigantesque de commande n’a pas été suivi par la cadence de production. Recevoir deux avions cette année, même d’occasion, constituerait un bon coup d’accélérateur pour le développement perpétuel de la compagnie émiratie.
Comment compte opérer Malaysia Airlines après la vente de ces appareils ?
- Des fermetures de lignes ont d’ores et déjà été annoncées et il est évident que d’autres sont à prévoir. Francfort, Kunming, ou encore Krabi sont validées. Mais qu’en sera-t-il de Paris et de Londres qui sont les deux seules liaisons opérées en Airbus A380 ? On verra certainement une diminution des capacités se mettre en place progressivement et parallèlement à la réduction de fréquence notamment sur Heathrow. La réduction de capacité sur Paris CDG pouvant se faire à l’aide de la mise en place Boeing 777 de la compagnie.
- Une autre stratégie, moins probable, est celle du lease back qui consisterait pour MH à vendre un avion à une société de leasing pour, ensuite, le louer. Ainsi la trésorerie de la compagnie malaysienne se trouverait assainie mais celle-ci pourrait continuer d’opérer ses avions normalement.
Néanmoins cette stratégie ne semble pas être celle retenue dans la mesure où la compagnie malaisienne cherche véritablement à réduire de toute urgence ses capacités.
Quid du trafic aérien malaisien ?
Malaysia Airlines n’est pas la seule compagnie aérienne de ce pays mais elle en est la principale, le porte-drapeau national. Pour le moment, les informations dont nous disposons ne nous permettent que d’affirmer la mise en marche d’une restructuration régionale. Une concentration sur l’Asie du Sud-Est donc, avec des avions de plus petite capacité.
Quant à un éventuel changement de nom et d’identité ? Rien n’est confirmé à l’heure actuelle.
La compagnie AirAsia, dont la filiale AirAsia X se concentre sur le long-courrier, permet d’envisager une alternative. En effet, il serait possible d’imaginer un scénario selon lequel cette compagnie récupèrerait une partie des avions de Malaysia Airlines. Un scénario rationnel sur le plan politique compte tenu du poids des gouvernements dans les décisions stratégiques du secteur aérien mais relativement peu plausible sur le plan aérien puisque cette – petite – compagnie n’opère pas de Boeing et n’a pas de réels projets d’extension de son activité à court ou moyen-terme.
La flotte cargo
Celle-ci compte quatre Airbus A330 et deux Boeing 747. Leur revente, si un lease back n’est pas mis en place, met ainsi fin à la division de ses deux activités pour la compagnie. Là aussi, on peut s’interroger sur le marché de l’occasion alors que dans le même temps la vente d’avions cargo neufs n’est pas non plus au beau fixe – en particulier pour Boeing – où les ventes de B747-8 sont en berne.
Quoiqu’il en soit pour l’heure la compagnie malaysienne n’a rien confirmé si l’on en croit son fil Twitter.
[1/2] Malaysia Airlines seeks to clarify the speculation on it’s fleet. We are currently still working to finalise the Business Plan…
— Malaysia Airlines (@MAS) May 1, 2015
[2/2] Exploring fleet options to enhance viability of long haul sectors is one area being looked into.
— Malaysia Airlines (@MAS) May 1, 2015
L’avenir de la compagnie réside désormais dans les mains de Christoph Mueller, le nouveau P-DG de Malaysia Airlines, qui a pris ses fonctions le vendredi 1er mai 2015.
On reste donc dans l’attente des orientations qui seront décidées dans un avenir très proche avec tout de même le mince espoir que la flotte ne soit pas ni dilapidée ni trop difficile à reconstruire si, espérons-le, la compagnie parvient à renaître dans les années à venir …
Tyler.
[…] Malgré une volonté extraordinaire des actionnaires et du nouveau CEO pour redresser la compagnie, il semble que celle-ci soit toujours dans une impasse. […]
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