On apprenait un peu plus tôt cette semaine que la République Islamique d’Iran avait enfin réussi à conclure un deal avec les américains. Depuis la levée effective de l’embargo que les Etats-Unis imposaient à tous les pays souhaitant faire commerce avec l’Iran, les industriels occidentaux défilent à Téhéran pour vendre leurs produits.
Après les hôteliers, les banques et les industriels de l’énergie, c’est le transport aérien qui a connu un essor aussi inattendu que salvateur. Très en retard par rapport à ses voisins et néanmoins rivaux de l’autre côté du Golfe Persique (Emirats, Qatar et Arabie Saoudite), l’Iran est dans l’urgence la plus absolue de renouveler les flottes de ses compagnies aériennes.
Une flotte totalement dépassée.
Actuellement, la compagnie principale d’Iran, Iran Air, opère des appareils d’un autre âge, comme ce Boeing 747 SP de près de 40 ans d’âge !
Si leur insolente durabilité est un gage de bon entretien, il est aussi le marqueur d’un produit de grande qualité signé Boeing. Mais cela n’est pas suffisant pour la Commission Européenne, puisque les cinq Boeing 747 tout comme les seize Fokker 100 de la compagnie sont inscrits sur la liste des appareils interdits de vol ou de survol de l’espace Européen – la fameuse « liste noire ».
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Iran Air y envoie des Airbus A300 même si ces derniers ne sont pas non plus de première jeunesse. Cet appareil est par exemple âgé de plus de 30 ans :
Un bon de commande historique.
L’appétit de l’Iran avait commencé bien avant la levée des sanctions, et il y a fort à croire que les négociations étaient déjà entreprises depuis longtemps.
On se souvient du bol d’air incroyable que la République Islamique avait offert à Airbus en janvier lorsqu’elle signait une commande de 118 avions dont des gros porteurs que Airbus ne vend pas si facilement qu’elle voudrait : A350 et A380.
La commande qui sera passée chez Boeing n’est pas encore pleinement finalisée puisqu’elle doit être soumise à l’appréciation du Congrès. En tout état la demande porte sur une centaine d’avion répartis de la sorte :
Des moyen-courriers qui viendront compléter la flotte d’Airbus
- 35 Boeing 737 NG
- 40 Boeing 737 MAX
Des long-courriers de plus grande capacité que les A330 et A350
- 15 Boeing 777-300ER
- 15 Boeing 777-9X
- 4 Boeing 747-8
Le dernier point est une excellente nouvelle pour la firme américaine dont le très gros porteur Boeing 747-8i est un véritable échec industriel en version passagers avec seulement trois compagnies clients : Korean Air, Lufthansa, et Air China.
La ligne d’assemblage connait donc un – ultime ? – sursaut, même si cela doit être nuancé par les appareils déjà construits pour Transaero mais qui n’en prendra jamais livraison compte tenu de sa récente faillite.
Quoi qu’il en soit, nul doute que le choc sera de taille pour les pilotes actuellement aux commandes de ces aéronefs totalement dépassés !
Et les autres constructeurs ?
L’Iran s’arrêtera-t-elle là ? Ces deux commandes emblématiques seront-elles les seules passées par le pays ou peut-on s’attendre à une extension de son appétit ?
Il faut rappeler que depuis l’annonce de la levée de l’embargo, le canadien Bombardier est très actif et compte bien s’ouvrir aux marchés du moyen-orient !
Par ailleurs, les Russes qui ont récemment attiré l’attention avec leur nouvel appareil moyen-courrier MC21 pourraient ne pas être en reste : ne sont-ils pas parmi les meilleurs alliés de la République Islamique ?
Conclusion.
Les iraniens ont devant eux d’immenses défis car exploiter une telle quantité d’avion demandera du savoir-faire et la mise en place d’une gigantesque chaîne logistique concernant les infrastructures aéroportuaires, de locaux de maintenance, de formation, de préparation du catering, etc.
Mais la prochaine étape que l’on attend avec impatience, c’est la révélation des aménagements cabines de ces appareils, et les choix qui seront fait pas les compagnies concernées. Rentabilité à tout prix ou démarcation par le qualitatif pour rivaliser avec Qatar Airways et Etihad ?
On aimerait continuer à être aussi positivement surpris sur ce terrain qu’on ne l’est déjà par l’annonce de ces énormes commandes auprès de Boeing et d’Airbus.
Tyler.
[…] sera l’issue des pourparlers qui sont en cours. Cela est d’autant plus vrai qu’à l’image de Boeing, Airbus est assujetti à la décision américaine de délivrer ou non des permis d’exporter ses produits – un processus qui […]
[…] Depuis la levée des sanctions économiques qui maintenaient le pays dans une situation morose, les annonces de contrats mirifiques se succèdent : Airbus et ses A380, Boeing et ses 747-8i. […]