Edit 28 janvier 2016
La bonne nouvelle qui était très attendue est enfin officialisée : l’Iran passe commande auprès d’Airbus de 118 avions au total. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette commande n’est pas sans conséquences.
Le détail de la commande
Le chiffre le plus parlant, et celui qui a du créer un sacré soulagement à Toulouse, c’est la commande de douze A380. Le très gros porteur était jusque là en grave déficit de commande depuis plus de deux ans, et la maigre rumeur entourant All Nippon Airways en fin d’année 2015 n’était pas de nature à rassurer les observateurs.
Douze appareils c’est beaucoup. Pour contextualiser, c’est autant que Qantas, mais c’est plus que Air France, British Airways, ou encore Korean Air !
Etihad et Lufthansa, avec respectivement 15 et 14 appareils en commande sont talonnées de près !
Le reste de la commande est un panaché de court/moyen-courrier et long-courrier :
Les A320 seront répartis presque égalitairement entre CEO et NEO. Côté long-courrier, il y aura en tout 61 gros-porteurs : des A330 CEO et NEO qui viennent confirmer l’excellente réputation de cet avion chez les compagnies aériennes, ainsi que 16 A350-1000. Le sous-type le plus long de cette famille qui doit entrer en phase de production dans le courant de l’année n’avait remporté aucune commande depuis décembre 2013 avec Air Caraïbes.
Plusieurs observations
- Le détail de l’acquisition des A380 n’est pas encore communiqué : seront-ils loués à Amedeo (qui a tout de même commandé 20 avions !) ? Seront-ils récupérés des commandes de Transaero et Air Austral dont les projets sont enterrés ?
- Cette grosse commande doit encore être formellement approuvée par les Etats-Unis compte tenu des nombreuses pièces détachées américaines qui la compose.
Que fera l’Iran de tous ces avions ?
Il ne fait nul doute que les compagnies opérant ces nouveaux avions développeront un grand appétit international, et d’une certaine manière en concurrence avec les compagnies du Golfe :
La volonté d’ouvrir des lignes vers les Etats-Unis était également ébruitée.
Après Airbus, Bombardier
Le canada annonçait également aujourd’hui la levée des sanctions contre l’Iran, ouvrant la voie aux négociations – dont on sait qu’elle ont déjà officieusement commencé, entre Bombardier et les compagnies iraniennes.
Les prochaines réjouissances pourraient bien être québécoises…
Tout porte à croire que 2016 sera l’année de l’Iran. La conclusion cet été d’un accord sur le programme nucléaire et l’annonce cette semaine de la levée effective des sanctions qui pesait sur le pays ont eu un écho très favorable dans l’ensemble des secteurs industriels.
L’aviation iranienne.
L’Iran est un des pays les plus sinistrés du monde en terme d’aviation civile. Les nombreuses compagnies qui y opèrent utilisent encore pour certaines des avions d’un autre temps.
Boeing 727 Iran Air
Ou encore MD-83 Kish Air
Le problème de ces avions n’est pas vraiment leur âge mais plutôt l’embargo américain qui empêche l’importation de pièces détachées, indispensables lors de la maintenance des appareils.
Sans revenir sur les chiffres macabres du pays, il est avéré de longue date que le taux de décès du pays a un temps atteint des records en raison des sanctions que subissait le pays – ainsi que de la fragilité financières des compagnies et des institutions.
La solution qu’avait alors trouvé l’Iran était d’acquérir des avions de seconde main.
Cet A310 Mahan Air par exemple a appartenu à des compagnies allemandes avant d’aller en République Islamique. L’âge de l’appareil est parlant… et représentatif du paysage aérien iranien.
2016 : l’appel d’air.
Les industriels du monde entier ne se sont pas fait prier pour courir en Iran. Cette grande puissance du Moyen-Orient et peuplée de plus de 80 millions d’habitants a évidemment un énorme appétit de développement.
C’est Air France qui entamait l’année 2016 avec une grande annonce : son retour en république Islamique. Le re-lancement de la ligne se fera pas à pas avec pour commencer seulement trois A320 par semaine. British Airways n’aura attendu que deux semaines pour répliquer en annonçant la possibilité de lancer une liaison vers Téhéran.
Ce qui faisant la Une cette semaine, c’est la commande probable de plusieurs centaines d’appareils pendant la prochaine décennie. 400 à 500 appareils neufs cette fois-ci pourraient arriver dans le pays d’ici 2025 ! Si Boeing n’a pas communiqué sur la question, Fabrice Brégier, CEO d’Airbus, assumait en début de semaine que « des contacts étaient en cours« .
Dans l’immédiat Abbas Akhoundi le ministre des transports iranien annonçait l’achat prochainement de 114 Airbus et Boeing. Un chiffre énorme qui n’est pas sans rappeler les commandes provenant de certains pays émergents (voire pleinement émergés) comme l’Indonésie, les Philippines ou encore l’Inde.
Et ce n’est pas tout puisque le ministre expliquait que le renouvellement des flottes allait être tel qu’il y aurait une demande pour des avions de grande voire très grande capacité : A350 et même A380 ont été cité chez Airbus ; B777 chez Boeing.
Cet avion verra-t-il le jour à terme ? On ne peut que l’espérer pour Airbus qui peine tant à vendre son très gros porteur !
Source : http://www.crash-aerien.news/forum/iran-air-t13562-15.html
L’autre constructeur dont il a été question est Bombardier.
Selon CBC News Canada, des représentants du constructeur canadien ont été rendre visite aux officiels iraniens ces derniers mois – anticipant ainsi la levée des sanctions. Pour l’avionneur, le marché iranien constitue un bol d’air inespéré. Son appareil, pourtant remarquable sur le plan technique, ne se vend toujours pas.
Des annonces réalistes ?
Sans entrer dans le débat de politique internationale, la marge de manœuvre de l’Iran demeure très faible compte tenu de la tension géopolitique régionale.
Pour autant on aurait tort de mettre trop vite aux oubliettes le potentiel de ce pays. Les ressources énergétiques dont il dispose sont phénoménales et ne sont pas sans rappeler les Emirats voisins. Ce qui est possible pour les uns l’est mécaniquement pour les autres, surtout lorsque d’une part la politique économique du pays est aussi portée sur le développement et que d’autre part la localisation géographique est la même.
Conclusion.
Difficile de faire rêver lorsque l’on évoque un des pays les plus conservateurs de la planète. Et que l’on illustre l’article avec des MD-83. Pour autant il faut se souvenir de ce qu’était Emirates il y a 20 ans !
Et il y a 20 ans nous étions très loin de la progression de trafic passagers que l’on connait actuellement. Nul doute que l’arrivée de nouveaux acteurs serait très positif pour l’ensemble des acteurs de la filière, ainsi que pour les passagers qui se verraient offrir de nouvelles opportunités de voyages.
Tyler.
[…] finit plus d’afficher des bonnes nouvelles. Pas de grandes commandes emblématiques à l’iranienne pendant ce salon, mais tout de même un nouveau futur client pour l’A350 : Philippines […]
Merci pour cet article
[…] On apprenait un peu plus tôt cette semaine que la République Islamique d’Iran avait enfin réussi à conclure un deal avec les américains. Depuis la levée effective de l’embargo que les Etats-Unis imposaient à tous les pays souhaitant faire commerce avec l’Iran, les industriels occidentaux défilent à Téhéran pour vendre leurs produits. […]
[…] est au cœur de l’actualité depuis plusieurs semaines en raison de l’Eldorado qu’il représente pour les grands avionneurs que sont Airbus, Boeing et Bombardier. De fait sa récente ouverture permise par les Etats-Unis […]
[…] la levée des sanctions économiques qui maintenaient le pays dans une situation morose, les annonces de contrats mirifiques se succèdent : Airbus et ses A380, Boeing et ses […]