À compter du 19 septembre 2024, Air Sénégal mettra un terme définitif à sa liaison entre Dakar et New York. Cette décision, même si elle était prévisible eu égard notamment aux nombreux défis rencontrés par la compagnie sur cette route depuis son lancement en septembre 2021, ampute drastiquement le réseau international de la compagnie africaine.
Air Sénégal : un parcours semé d’embûches.
Dès son inauguration, la liaison entre Dakar et New York s’est révélée complexe à opérer. Initialement, Air Sénégal avait conçu ce vol pour desservir également Baltimore, en faisant escale à New York. Cependant, cette extension a été abandonnée en janvier 2023, la compagnie ayant décidé de concentrer ses efforts uniquement sur la liaison directe entre Dakar et New York.
Un autre obstacle majeur résidait dans les restrictions imposées par la FAA. En effet, en raison de l’absence de certification de catégorie 1 pour le Sénégal, Air Sénégal n’a pas pu utiliser ses propres avions pour voler vers les États-Unis. La solution temporaire fut l’utilisation d’un Airbus A330neo immatriculé à Malte, exploité par Hi Fly Malta. Cet appareil, sur la base d’un contrat en wet lease, a cependant été retiré de la flotte en novembre 2023, nécessitant l’emploi d’autres avions en location pour maintenir la liaison.
Un modèle économique peu viable.
Malgré la continuité du service, la viabilité économique de cette route a toujours été mise en question. La gestion de cette liaison transatlantique présentait plusieurs inconvénients notables. Le temps d’immobilisation de l’appareil à New York, dépassant les 16 heures, entraînait une utilisation inefficace des ressources matérielles. De plus, les coûts inhérents à la location d’un avion auprès d’un autre opérateur ajoutaient une charge financière impactant lourdement l’efficacité opérationnelle de la desserte.
En l’absence d’accords de partage de code avec des compagnies américaines, Air Sénégal ne bénéficiait pas d’un flux de passagers suffisant pour rentabiliser cette route. De plus, la compagnie faisait face à la concurrence directe de Delta Airlines, bien implantée à New York, avec des avantages en termes de connectivité et de fréquence de vols. Le taux de remplissage des avions sur cette liaison restait souvent en dessous de 70%, un chiffre nettement insuffisant pour assurer la rentabilité de l’opération.
Contexte politique et pression financière.
La décision de mettre fin à cette route survient surtout dans un contexte de réévaluation des dépenses publiques. Ainsi, le nouveau président du Sénégal a récemment ordonné un audit financier des entreprises d’État, dont Air Sénégal, pour s’assurer de l’efficacité des dépenses entreprises. Il semble que cet examen ait inévitablement mis en lumière les pertes associées à la liaison Dakar–New York ; pertes ayant entraîné la décision de la supprimer.
Conclusion.
En mettant fin à sa route vers New York, Air Sénégal fait un choix stratégique dicté par la nécessité de rationaliser ses opérations face à des enjeux financiers croissants. Ce retrait illustre aussi et surtout les limites des ambitions internationales de la compagnie dans un environnement concurrentiel exacerbé. Le futur d’Air Sénégal pourrait désormais se concentrer sur des marchés plus viables, tout en tirant les leçons de cette expérience transatlantique.
Selon vous, l’absence de viabilité de cette route était-elle envisageable dès le départ ?
Julien.
(HT : Boarding Area / OMAAT)
Bonjour,
C’est une bonne chose pour la compagnie.
Le management n’avait certainement pas sérieusement étudié la faisabilité et rentabilité de cette destination.
Ils ont voulu jouer plus le coup de com et de visibilité plutôt que de mettre en place un véritable business plan.
Après cet échec, j’espère que la gestion de cette compagnie sera meilleure.
M. SOW