Boeing reporte la livraison du 777X, avec des répercussions directes pour les passagers des compagnies aériennes qui misaient quant à elles sur cet appareil pour leur croissance. Mais cette annonce s’inscrit dans un contexte plus large de graves difficultés financières pour l’avionneur américain, comme le révèlent les résultats désastreux de son troisième trimestre 2024.
Boeing : des pertes massives et un plan de licenciement d’envergure.
Pour le troisième trimestre, Boeing anticipe d’ores et déjà une perte (avant impôt) de 3 milliards de dollars pour sa division des avions commerciaux et de 2 milliards de dollars pour son activité défense, sur un chiffre d’affaires total de 17,8 milliards de dollars. Les prévisions actuelles annoncent également une perte de 9,97 dollars par action et un flux de trésorerie négatif de 1,3 milliard de dollars.
Face à cette situation désastreuse, le nouveau Président-directeur général de Boeing, Kelly Ortberg, prend des mesures drastiques pour reprendre le contrôle. Dans une note interne adressée aux employés, il a tenu à rappeler les défis considérables auxquels l’entreprise est confrontée et la nécessité de prendre des décisions structurelles pour rester compétitive sur le long terme. Parmi ces mesures, la suppression de 10% des effectifs figure en première ligne, soit environ 17 000 postes sur un total de 170 000 employés.
Un climat social tendu et des projets à l’arrêt.
Outre les difficultés financières, Boeing doit composer avec un climat social dégradé. Depuis le 13 septembre 2024, les employés de l’entreprise sont en grève, une situation qui dure depuis près d’un mois et coûte plus d’un milliard de dollars par mois à l’entreprise. Les négociations avec le syndicat sont au point mort, et les tensions n’ont cessé de croître, Boeing ayant même retiré une offre formulée plus tôt dans la semaine.
Sur le plan industriel, la production du 777X est reportée à 2026, en grande partie en raison de retards dans le processus de certification. Par ailleurs, la production des avions cargo 767 cessera en 2027, une fois les commandes actuelles honorées.
Quel avenir pour Boeing ?
La situation de Boeing, qui semblait prometteuse il y a encore un an sous l’ancien Président-directeur général Dave Calhoun, n’a fait qu’empirer et ce, malgré les messages rassurants de l’époque.
« Nous continuons à progresser dans notre reprise et malgré les défis à court terme, nous restons en bonne voie pour atteindre nos objectifs financiers à long terme. » – Dave Calhoun, ancien Président-directeur général de Boeing.
En effet, la réalité de 2024 s’est avérée tout autre, avec un recul significatif de la production et un climat social tendu.
Si Kelly Ortberg n’est en poste que depuis quelques mois, il doit désormais relever un défi colossal. Malgré une approche extérieure qui pourrait apporter un vent de renouveau, la transformation de Boeing sera longue et, malgré tout, incertaine. On peut se demander si Boeing a atteint aujourd’hui le fond du gouffre ou si de nouveaux cailloux viendront s’ajouter dans la chaussure déjà bien lourde de l’avionneur.
Conclusion.
Certains estiment que Boeing, de par ses nombreux contrats de défense avec le gouvernement américain, est « trop gros pour échouer ». Mais la question de la viabilité de l’entreprise sur le marché se pose de plus en plus, au point de se demander si une nationalisation ne deviendrait pas nécessaire, du moins, pour sauver les apparences.
Et vous, que pensez-vous de cette détérioration de la situation ? Pensez-vous que Boeing parviendra t-elle à remettre les gaz ?
Julien.