Tim Clark, président d’Emirates, vient de confirmer que la compagnie travaillerait actuellement sur une nouvelle cabine de Première classe pour ses Airbus A380. Une déclaration qui intervient alors que la compagnie aérienne de Dubai prévoit d’exploiter l’appareil jusqu’en 2040. Mais au-delà de l’effet d’annonce, les signaux concrets restent ténus et de nombreux doutes persistent.
Une nouvelle Première classe « à l’étude » chez Emirates.
À la question de savoir comment Emirates compte faire évoluer le produit à bord de ses Airbus A380, Tim Clark a été clair. La compagnie a l’intention de « remplacer les produits », à l’image d’un hôtel qui se rénove régulièrement. Il a précisé qu’une nouvelle Première classe pour l’appareil st actuellement « à l’étude » : une déclaration brève, mais qui suffit à alimenter les spéculations.
Depuis l’entrée en service de l’appareil en 2008, la Première classe d’Emirates sur A380 a certes évolué par petites touches : rehaussement des cloisons, ajustements esthétiques, intégration de technologies plus modernes. Mais le cœur du produit, lui, est resté identique : 14 suites à l’avant du pont supérieur, avec accès à la désormais emblématique douche en plein ciel. À ce jour, aucun remaniement fondamental de la cabine n’a été entrepris.

L’annonce d’Emirates est à relativiser.
Le choix du terme « on the drawing board » laisse entendre que la conception n’en est qu’à ses débuts. À ce stade, il n’est donc pas question d’un produit abouti, ni même d’un calendrier de déploiement. En tenant compte du temps de développement, de certification et d’installation, un tel produit ne verrait probablement pas le jour avant la fin de la décennie, au mieux.
Or, dans cet intervalle, Emirates aura commencé à retirer certains de ses A380. L’amortissement d’un produit totalement nouveau, a fortiori pour une flotte appelée à se réduire, paraît donc difficilement justifiable, sauf à ne concerner qu’un nombre très restreint d’appareils.

Contraintes techniques et logique économique.
L’autre problème, c’est l’appareil lui-même. Le pont supérieur de l’A380 est moins large que celui d’un 777, ce qui rend impossible l’adaptation directe de la nouvelle suite fermée introduite sur le 777 en 2017. Et pour cause : huit ans plus tard, seules neuf unités du 777 en sont équipées. Même dans le cadre des rétrofits en cours, Emirates a préféré conserver l’ancienne Première classe, afin de ne pas réduire le nombre de sièges.
Une logique qui s’applique pleinement à l’A380 : sa Première classe actuelle est particulièrement dense, avec 14 suites qui génèrent un excellent rendement. Passer à un produit plus spacieux et exclusif impliquerait nécessairement une réduction du nombre de places et donc une remise en cause du modèle économique.
Emirates n’a pas (vraiment) besoin d’un bouleversement.
Contrairement à certaines compagnies qui réservent leur Première classe à une clientèle ultra-confidentielle, Emirates en a toujours fait un produit de luxe relativement accessible : tarifs compétitifs, facilité de surclassement, abondance d’inventaire. La compagnie ne cherche pas à « écrémer » le marché, mais à remplir ses cabines. Et elle y parvient.
Le produit, certes daté dans sa conception, fonctionne commercialement. Le service reste à la hauteur, le confort demeure remarquable, et l’image de la douche à 40 000 pieds d’altitude continue à entretenir la fascination.

Conclusion.
Emirates affirme travailler sur une nouvelle Première classe pour l’A380. Mais à ce stade, rien ne permet de conclure à l’émergence prochaine d’un nouveau produit emblématique. Compte tenu des contraintes opérationnelles, de la logique économique et de l’historique de la compagnie en matière de déploiement cabine, un simple rafraîchissement ciblé semble bien plus probable qu’un véritable renouveau.
Et vous, pensez-vous qu’Emirates osera bouleverser sa Première classe sur A380 ou poursuivra-t-elle, fidèle à sa logique, la stratégie de l’efficacité maîtrisée ?
Julien.