Sur les routes moyen-courrier, la classe Affaires européenne souffre d’un mal bien connu : un simple siège économique, parfois accompagné d’un plateau repas de bonne facture, et d’un siège central neutralisé. Un produit peu différenciant, largement décrié. Alors que le long-courrier se transforme, le court et moyen-courrier européen reste en retrait. Dans ce contexte, Eurowings, positionnée entre low-cost et compagnie traditionnelle au sein du groupe Lufthansa, fait un pari audacieux : introduire une vraie montée en gamme avec le nouveau siège Premium BIZ, une offre inédite sur sa flotte d’A320neo.
Eurowings : une montée en gamme sur le monocouloir, mais pas une révolution.
À partir de novembre 2025, la compagnie lancera ce nouveau siège inclinable sur sa liaison Berlin – Dubaï, opérée en A320neo. Conçu par l’italien Geven, la cabine sera configurée en 2–2, offrant davantage d’espace, de confort et d’intimité. L’objectif : améliorer significativement l’expérience sur les vols longs opérés en monocouloir. Le Premium BIZ rompt donc avec la configuration traditionnelle 3–3 et se rapproche davantage d’un fauteuil Affaires régional tel qu’on peut en trouver chez certaines compagnies asiatiques ou du Golfe.
Mais cette évolution n’est pas une première en Europe : ITA Airways, par exemple, propose déjà sur ses A321neo des sièges full flat en Business, notamment sur Rome – Tel Aviv ou Le Caire. L’initiative d’Eurowings s’inscrit donc davantage dans une tendance émergente que dans une rupture.
Deux produits Affaires à bord : segmentation ou confusion ?
Le choix d’Eurowings interpelle : la compagnie ne remplace pas son actuelle BIZclass, un siège éco avec place centrale neutralisée, mais superpose une offre supérieure, la Premium BIZ. Résultat : deux produits affaires cohabiteront dans la même cabine. Huit sièges Premium BIZ seront installés à l’avant, suivis des rangées de BIZclass. Ce choix reflète une volonté de segmentation tarifaire : répondre à la fois aux attentes de voyageurs loisirs prêts à payer pour plus de confort, aux PME en quête d’un produit raisonnable, et aux voyageurs d’affaires plus exigeants.
Mais cette double offre pourrait aussi semer la confusion, surtout dans un environnement où les appellations commerciales jouent un rôle-clé dans la perception client. La promesse d’un « surclassement » qualitatif réel devra être clairement matérialisée à la réservation et à bord, sous peine de décevoir.
Eurowings : un laboratoire stratégique pour le groupe Lufthansa.
Ce test grandeur nature mené par Eurowings n’a rien d’anodin. À l’horizon 2027, la compagnie doit intégrer une nouvelle flotte de Boeing 737 MAX, et ce produit Premium BIZ pourrait préfigurer les choix cabine de ces futurs monocouloirs. Plus largement, le groupe Lufthansa semble explorer des alternatives au « tout widebody » sur certaines destinations trop longues pour un service éco traditionnel mais trop peu rentables pour des avions gros-porteurs.
Des routes comme Le Caire, Tel Aviv, Beyrouth ou encore Amman deviennent les terrains de jeu idéaux pour ces nouveaux standards. Mieux répondre aux attentes croissantes des passagers tout en optimisant la rentabilité : l’enjeu dépasse Eurowings.
Conclusion.
Avec son siège Premium BIZ, Eurowings ouvre une nouvelle voie sur un segment longtemps négligé. L’initiative n’est ni totalement inédite, ni révolutionnaire, mais elle illustre une volonté assumée d’élever le niveau de confort sur les routes moyennes, là où la demande évolue sans cesse. Si le test est concluant, il pourrait bien inspirer les autres entités du groupe Lufthansa, et bousculer durablement les standards du moyen-courrier européen.
Et vous, pensez-vous que le futur de la classe Affaires passera aussi par des cabines premium sur monocouloir ?
Julien.
