L’Airbus A380 de Global Airlines a bien décollé. Du moins, physiquement. Car derrière le vol opéré entre Glasgow et New York hier, l’impression d’assister à une expérience plus performative que commerciale se confirme. Là où certains voyaient l’inauguration d’une nouvelle compagnie transatlantique, c’est un curieux objet volant non encore identifié qui a pris son envol : mi-opération marketing, mi-vol charter, mais en rien une véritable première rotation régulière.
Global Airlines : une opération opportune, mais pas une ligne régulière.
Le 15 mai 2025, un Airbus A380 d’une douzaine d’années, ex-China Southern, désormais immatriculé 9H-GLOBL, a quitté l’aéroport de Glasgow à destination de New York (JFK). Officiellement, il s’agit du premier vol commercial de Global Airlines. Officieusement, la réalité est plus nuancée. Car le vol n’est ni opéré sous CTA propre, ni inscrit dans un programme régulier. Il s’agit d’un aller-retour ponctuel, opéré par Hi Fly, loueur portugais spécialisé dans l’ACMI, pour le compte de Global Airlines.
Un deuxième vol Manchester – New York est prévu du 21 au 25 mai, dans un format identique. Au-delà ? Rien n’est annoncé. Aucun calendrier d’ouverture de ligne, aucune autorisation de vols réguliers. Global Airlines semble avoir choisi une stratégie de test événementiel : montrer qu’un A380 peut voler sous ses couleurs, le remplir d’influenceurs, y distribuer du caviar en Business, des kits de confort en Economy, des promesses en Première, et communiquer massivement.
En effet, rien, dans les annonces actuelles, ne permet d’entrevoir un modèle viable à moyen terme. Le coût d’exploitation d’un A380 est l’un des plus élevés du secteur. Le marché transatlantique est dominé par les joint-ventures des compagnies membres de SkyTeam, Star Alliance, ou oneworld, et la rentabilité d’un service indépendant sur cette niche semble hautement improbable sans accords commerciaux solides ni stratégie différenciante.

Un appareil en état de vol, mais pas de produit véritable pour Global Airlines.
Sur les réseaux sociaux, James Asquith, PDG de la très jeune compagnie aérienne, s’est félicité de l’opération, rappelant que « rien n’est jamais parfait le premier jour » et que les grands produits « prennent parfois sept à huit ans à se concevoir ». On le croit sur parole. Car les photos relayées par les passagers laissent entrevoir un produit à l’état brut : sièges d’origine vaguement retapés, finitions défraîchies. L’appareil, rappelons-le, conserve l’essentiel de son aménagement d’origine, avec quelques éléments modernisés et des lampes de chevet ajoutées à la hâte. Une vitrine séduisante de loin, mais qui montre ses limites dès qu’on s’y attarde. Le vol s’apparente donc davantage à une démonstration festive qu’à un service opérationnel.
Pour autant, l’avion a bien volé. Et c’est, à ce jour, plus que ce qu’on attendait de Global Airlines. Là où tant de projets aériens crèvent au sol, celui-ci a réussi à remplir une cabine, à faire parler de lui, et à dessiner un imaginaire. Mais pour voler vraiment, il faudra un CTA, un réseau, un business model. Et pour l’instant, ni l’un ni l’autre ne semblent prendre forme.
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Conclusion.
Global Airlines existe. Elle vole. Mais elle ne transporte pas encore. Pas vraiment. Tant qu’elle se cantonne à des vols vitrines opérés par un tiers, elle reste une idée plus qu’une réalité. L’ambition est louable, la mise en scène soignée. Mais sans horizon concret, le projet relève davantage de la performance que de la ligne aérienne. Reste à savoir si ce théâtre du ciel trouvera, un jour, son acte II.
Et vous, que pensez-vous de la compagnie Global Airlines et de son projet ? Pensez-vous qu’elle puisse réussir là où tant d’autres ont échoué ?
Julien.