Après avoir réussi à opérer deux rotations transatlantiques ponctuelles de Glasgow et Manchester à New York en Airbus A380, Global Airlines tente aujourd’hui de reprendre le contrôle du narratif. La compagnie, souvent moquée pour son ambition perçue comme fantasque, publie un message de défense en règle sur LinkedIn, mêlant ironie, agacement et opacité. Et si l’objectif affiché est la transparence, le résultat donne surtout l’impression d’un vrai rideau de fumée.
« Ce que nous avons fait est immense » : une auto-congratulation de Global Airlines bien mal calibrée.
Global Airlines débute sa publication en s’excusant ironiquement d’avoir « généré autant de spéculation« . Elle affirme ensuite que beaucoup de ce qui s’écrit relève du « rubbish« , comprenez : du délire journalistique. Pourtant, les faits sont là : les vols étaient semi-confidentiels, peu remplis, et largement portés par un partenaire opérationnel (Hi Fly). Si les passagers n’étaient pas nombreux, la compagnie assume cette stratégie, présentant les faibles taux de remplissage comme un choix délibéré pour tester ses services premium.
Dans son communiqué, Global Airlines affirme en substance que si elle avait voulu remplir l’avion, elle aurait pu le faire. Mais « ce n’était pas le but » : une déclaration qui suscite au moins autant de scepticisme qu’elle cherche à désamorcer. Elle ajoute que ces vols « ont parfaitement rempli leur fonction » en permettant de tester les services de bord, et que les retours passagers ont été « formidables », malgré un premier vol reconnu comme « difficile ».
La compagnie revendique également avoir procédé à une « énorme rénovation cabine », un point qui laisse perplexe au vu des images disponibles. Rien ne semble témoigner d’une transformation structurelle : les sièges, le pitch, l’aménagement général paraissent strictement conformes à ceux de l’ancienne configuration.
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Statut technique et opérationnel : beaucoup de zones grises chez Global Airlines.
Derrière l’habillage de communication, des questions fondamentales restent sans réponse. À commencer par celle du statut du CTA (Certificat de Transporteur Aérien) : Global Airlines ne dispose toujours pas de son propre certificat de transporteur aérien. Les vols transatlantiques opérés l’ont été via Hi Fly, compagnie charter portugaise spécialisée dans le wet lease. Techniquement, Global Airlines n’a donc pas encore volé en tant que compagnie aérienne indépendante.
L’appareil utilisé, immatriculé 9H-GLOBL, est un Airbus A380 de seconde main (ex-China Southern Airlines). Âgé de 13 ans, il a été transféré à l’automne 2024 aux installations d’Elbe Flugzeugwerke (EFW), à Dresde, pour y subir une maintenance approfondie. Cette étape a permis de satisfaire aux exigences réglementaires avant son déploiement commercial. Le travail effectué, bien qu’important, ne semble pas avoir consisté en une rénovation cabine structurelle, malgré les termes employés par Global Airlines. Après Dresde, l’appareil a rejoint Beja, au Portugal, pour finaliser les préparatifs opérationnels.
Quant aux relations entre Hi Fly et Global Airlines, elles demeurent floues. Aucun contrat à long terme n’a été publié, et rien ne permet d’affirmer que la compagnie portugaise accompagnera durablement l’aventure.

Global Airlines : une transparence annoncée, mais toujours en suspens.
La promesse d’une série « MythBusters » censée rétablir la vérité est intéressante, mais aucun élément clé n’est abordé dans ce premier post. Aucune réponse sur :
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L’achat de 4 Airbus A380 annoncé en 2023
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Le statut technique réel de l’appareil actuellement opéré
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L’ambition initiale d’atteindre 100 appareils en 2025
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Le modèle d’affaires réel ou les routes prévues
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La situation financière de sa maison mère, Holiday Swap, qui reste auréolée de flou et de chiffres impressionnants, mais invérifiables.
Global Airlines semble vouloir occuper le terrain médiatique sans donner de prise factuelle. Cette stratégie, à l’heure des réseaux sociaux, peut porter ses fruits à court terme. Mais le crédit de sympathie que l’opération inaugurale avait presque généré s’effrite si la compagnie ne passe pas rapidement de la posture à l’action.

Conclusion.
Global Airlines continue de cultiver le mystère, entre storytelling assumé et flou artistique. Les premiers vols ont eu lieu, c’est déjà un exploit. Mais l’étape suivante ne pourra se contenter d’effets d’annonce. Le public, les investisseurs et les régulateurs attendent autre chose qu’un show sur LinkedIn : un plan, une vision concrète, et des réponses.
Et vous, pensez-vous que Global Airlines a encore une chance de décoller pour de bon ou restera-t-elle un mirage médiatique dans le ciel de l’aviation ?
Julien.