Les lounges d’hôtel n’échappent plus à la surpopulation qui gangrène déjà les salons aéroportuaires. Mais au lieu de fermer ou de restreindre discrètement l’accès, certains établissements innovent, parfois de manière inattendue. Aux États-Unis, le Hyatt Regency Irvine, situé en Californie, a mis en place une solution originale et controversée : les clients souhaitant accéder au salon doivent désormais réserver leur créneau via la plateforme OpenTable, comme s’il s’agissait d’un dîner dans un restaurant prisé.
Hyatt Regency Irvine : quand un lounge hôtelier se gère comme un restaurant.
L’information, révélée par nos confrères du média LoyaltyLobby, fait sourire de prime abord. Mais elle est bien réelle : les clients disposant de l’accès au Regency Club doivent désormais réserver un créneau de 45 minutes via OpenTable, y compris pour le petit-déjeuner ou le dîner. Chaque créneau bénéficie d’une tolérance de 10 minutes avant d’être réattribué.
Le message envoyé aux clients est clair : le lounge est victime de son succès. En période de forte affluence, le système de réservation devient obligatoire, même pour les enfants ou les groupes. La mesure est visiblement appliquée de manière ponctuelle, lorsque l’occupation atteint un seuil critique. Rien n’indique pour l’instant si les clients sans réservation sont purement refusés ou simplement placés en file d’attente.
Une dérive symptomatique du modèle des lounges hôteliers.
Ce choix n’est pas anodin. Il cristallise un malaise latent dans l’hôtellerie haut de gamme, notamment en Amérique du Nord. Là où les salons aéroportuaires sont devenus des centres de profit adossés à des cartes bancaires premium, les lounges d’hôtel, eux, restent principalement des centres de coût supportés par les établissements, souvent au bénéfice des membres élites des programmes de fidélité.
Résultat : de nombreux hôtels ont préféré ne pas rouvrir leurs salons post-COVID, faute de rentabilité. D’autres les ont maintenus, mais en réduisant drastiquement les prestations : horaires restreints, offre culinaire simplifiée, ambiance saturée. Le Hyatt Regency Irvine tente donc une autre voie : rationner l’accès par un outil externe, en introduisant la logique du temps contrôlé.
Une expérience statutaire à géométrie variable en devenir chez Hyatt ?
Ce type de mesure interroge : à quoi sert un statut élite si les privilèges qu’il octroie doivent eux-mêmes être réservés à l’avance ? L’accès au lounge n’est plus un droit automatique pour les clients éligibles mais une expérience conditionnelle, soumise à des algorithmes de gestion de flux. En d’autres termes, ce que l’on vous « donne » avec votre statut ou votre chambre club, on vous le reprend, à moins que vous ne cliquiez rapidement pour réserver ?
Ce phénomène n’est pas isolé. En Asie, certains hôtels, y compris de très grandes marques, ont déjà limité les accès aux happy hours du salon à une heure fixe avec inscription préalable. Mais c’est la première fois qu’un outil grand public comme OpenTable est utilisé à cette fin, brouillant encore un peu plus la frontière entre service hôtelier et logistique événementielle.
Conclusion.
L’initiative du Hyatt Regency Irvine d’imposer des réservations OpenTable pour accéder à son lounge n’est pas seulement un gadget technologique : elle illustre l’évolution d’un modèle d’hospitalité sous tension, où les espaces autrefois considérés comme refuges de privilège deviennent des ressources rares à optimiser.
Et vous, pensez-vous que les salons hôteliers devraient rester accessibles sans réservation, au risque de perdre en confort ?
Julien.
« Les lounges d’hôtel n’échappent plus à la surpopulation qui gangrène déjà les salons aéroportuaires »…. Si l3s conditions d’accès n’étaient pas aussi « larges » on aurait pas autant de monde dans les salons mais ça c’est aux compagnies d’y réfléchir au lieu d’ouvrir les vannes au plus grand nombre.