La nouvelle n’est pas encore officiellement signée, mais elle agite déjà l’industrie : JetBlue et United Airlines négocient activement un partenariat, selon plusieurs sources proches du dossier. Un accord devrait être annoncé dans les prochaines semaines, autour de la réciprocité des programmes de fidélité et d’un objectif affiché de meilleure connectivité réseau. Mais au-delà du vernis commercial, cette alliance improbable entre deux compagnies historiquement opposées pose question. Opportunité stratégique ou simple jeu d’équilibre post-NEA (Northeast airlines) ?
Une alliance au périmètre limité mais à forte portée symbolique.
Selon les premières informations confirmées en marge de la conférence de résultats de JetBlue, le partenariat porterait principalement sur deux axes :
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La possibilité d’accumuler et de dépenser des points entre les programmes TrueBlue et MileagePlus ;
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Une meilleure couverture géographique pour les passagers JetBlue sur les routes peu desservies (Omaha, Boise, etc.) via United.
À ce stade, aucune intégration tarifaire ou opérationnelle (codeshare, coordination d’horaires, revenue sharing) n’est envisagée. Il s’agit donc d’un accord de surface, limité mais susceptible de s’élargir à moyen terme.

JetBlue : une sortie par le haut après l’échec du partenariat avec American ?
Difficile de ne pas lire ce rapprochement avec United à travers le prisme du revers judiciaire subi par JetBlue dans le cadre de la dissolution de la Northeast Alliance avec American Airlines. Cette alliance avait permis à JetBlue de s’ancrer plus solidement sur des hubs comme New York (JFK) et Boston (BOS), tout en offrant des connexions vers le long-courrier d’American.
En rejetant une reconduction avec American et en se tournant vers United, JetBlue semble jouer une carte prudente, voire tactique : ne pas rester seule, tout en évitant une redite juridique.
Mais cette décision interroge. Car contrairement à American, United n’a pas besoin de JetBlue pour renforcer sa présence à New York, ni pour alimenter un réseau long-courrier sur place. Le lien paraît, sur le papier, moins complémentaire.

Un intérêt stratégique difficile à cerner
Côté United, le gain semble modeste. Permettre aux membres MileagePlus d’accumuler des miles sur JetBlue peut paraître positif, mais risque aussi de créer une cannibalisation partielle : si le programme est trop ouvert, certains passagers United pourraient préférer JetBlue sur des vols domestiques, sans que la compagnie n’en tire directement profit.
Pour JetBlue, le bénéfice est encore plus flou. Certes, l’accès au vaste réseau domestique de United peut offrir une couverture supplémentaire. Mais dans les faits, les chevauchements sont rares, les hubs peu alignés, et l’expérience passager radicalement différente.
Une alliance par défaut ou prémices d’un projet plus ambitieux pour JetBlue?
À défaut d’un intérêt immédiat évident, ce partenariat pourrait être un ballon d’essai vers une coopération plus intégrée à long terme, avec :
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une coordination plus poussée sur certaines routes,
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des synergies dans les services au sol,
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voir même un retour de United à JFK avec JetBlue comme vecteur local ? (hypothèse fragile, mais politiquement tentante).
Mais là encore, des obstacles réglementaires viendraient sans doute freiner toute tentative de consolidation opérationnelle. Dans le contexte post-NEA et post-Fusion Spirit–JetBlue avortée, les autorités américaines regardent d’un œil très attentif les rapprochements dans le ciel domestique.
Conclusion
Le partenariat en gestation entre JetBlue et United soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. S’agit-il d’une simple alliance défensive pour éviter l’isolement, ou les prémices d’un basculement plus profond dans les équilibres du transport aérien américain ? Une chose est sûre : dans un marché domestique ultra-concurrentiel, coopérer, même a minima, devient un levier de survie autant qu’un outil d’influence.
Et vous, pensez-vous que ce partenariat est une manœuvre d’avenir ou une alliance de circonstance ?
Julien.