Kuwait Airways poursuit la modernisation accélérée de sa flotte avec la réception de son premier Airbus A321neo équipé de sièges full flat en classe Affaires. Une avancée notoire sur le papier, mais qui soulève autant de questions de cohérence commerciale que d’efficacité opérationnelle.
Monocouloir avec full flat : un virage discret mais significatif pour Kuwait Airways.
Livré le 15 mai 2025 depuis Toulouse, l’A321neo immatriculé 9K-AQA est le premier d’une commande de neuf appareils du même type. Il a effectué son premier vol commercial vers Dubaï le 21 mai. À bord : 166 sièges, dont 16 en classe Affaires avec des sièges inclinables à 180°, et une cabine en configuration 2–2 sur quatre rangées. C’est une première pour Kuwait Airways, qui n’avait jusqu’alors jamais proposé de full flat sur monocouloir.
Si le produit marque une rupture en matière de confort à bord sur les routes régionales, il demeure en retrait par rapport aux standards du secteur. L’absence d’accès direct à l’allée ou de cloisonnement individuel positionne le siège plutôt dans la catégorie des produits intermédiaires, comparables à ceux de Royal Air Maroc ou Air Europa sur 787, loin de la sophistication atteinte par des compagnies comme ITA Airways ou JetBlue sur le même type d’appareil.
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— Kuwait News Agency – English Feed (@kuna_en) May 15, 2025
Kuwait Airways : une flotte rajeunie, un produit encore trop inégal.
Avec un âge moyen de flotte autour de 5 ans, Kuwait Airways a largement renouvelé ses appareils : A320neo, A330-800 et -900, 777-300ER… L’arrivée de l’A321neo s’inscrit dans cette dynamique. Mais cette modernisation technique peine à se traduire en expérience client cohérente.
Certains appareils comme l’A330neo proposent une bonne Business, mais d’autres, plus anciens, comme à bord des 777-300ER, restent équipés de sièges obsolètes en 2–2–2, mal adaptés aux attentes premium actuelles. Cette disparité d’expérience à bord fragilise la crédibilité du produit, d’autant plus que la promesse d’une montée en gamme du service, annoncée en grande pompe il y a deux ans, reste largement lettre morte.

Entre isolement régional et pertes financières.
La logique derrière cette nouvelle cabine Business en monocouloir reste floue. Kuwait Airways ne capte que peu de trafic de correspondance, son hub étant éclipsé par ceux de Doha, Dubaï ou Abou Dhabi. L’introduction d’un produit premium sur des routes principalement régionales, à moins de viser quelques points en Europe ou en Afrique, interroge sur le retour sur investissement réel de cet aménagement, surtout avec une configuration aussi peu optimisée : seulement 166 sièges sur un A321neo, là où d’autres en placent plus avec une offre plus différenciée.
Dans un contexte où la compagnie continue de perdre de l’argent, où la gouvernance est instable (pour mémoire, le PDG a récemment été limogé), et où la concurrence régionale est rude, le choix d’une montée en gamme partielle, peu lisible, semble davantage répondre à une pression politique d’image qu’à une stratégie de positionnement aboutie.

Conclusion.
En introduisant des sièges capables de se transformer en lits plats sur son A321neo, Kuwait Airways franchit un cap symbolique. Mais la logique produit demeure parcellaire, sans vision claire sur l’harmonisation de la flotte ni sur la segmentation clientèle. À l’heure où les attentes des passagers évoluent vers plus de clarté, de confort et de cohérence, la stratégie cabine de la compagnie koweïtienne reste un puzzle dont il manque encore bien des pièces.
Et vous, pensez-vous que le full flat en Business sur monocouloir peut suffire à repositionner une compagnie face à la concurrence du Golfe ?
Julien.
(HT : OMAAT / Boarding Area)