L’industrie du transport aérien allemand est secouée par une décision judiciaire qui pourrait remodeler le paysage concurrentiel local. Condor, compagnie historique spécialisée dans les vols loisirs long-courriers, ne pourra plus s’appuyer sur les vols de pré- et post- acheminements de Lufthansa. Cette rupture remet désormais en question l’avenir de Condor.
Des relations historiquement complexes.
La relation entre Lufthansa et Condor remonte aux origines de cette dernière en 1955. Pendant des décennies, Lufthansa a été un actionnaire majeur de la compagnie loisirs avant de céder ses parts à Thomas Cook dans les années 2000. Après la faillite de Thomas Cook en 2019, Condor a survécu grâce à un financement public et une restructuration majeure. Malgré leur séparation capitalistique, les deux compagnies aériennes avaient conservé une collaboration opérationnelle cruciale : Lufthansa servait de fournisseur de vols de pré- et post- acheminements pour alimenter les vols long-courriers de Condor au départ de Francfort et Munich, permettant notamment à celle-ci d’opérer un vaste réseau européen.
Une décision judiciaire aux implications stratégiques.
En 2019, Lufthansa avait annoncé son intention de rompre cet accord, prétextant une concurrence déloyale. Condor avait répliqué en portant l’affaire devant les tribunaux, arguant que cette rupture menacerait sa viabilité commerciale. La Cour fédérale de justice allemande a finalement donné raison à Lufthansa, autorisant la compagnie à éliminer cet accord tarifaire préférentiel.
Privée de ce partenariat, Condor doit désormais trouver des alternatives pour remplir ses vols long-courriers. L’un des principaux atouts de la compagnie loisirs était sa capacité à offrir des liaisons complètes avec un seul billet, combinant des vols de Lufthansa et ses propres vols vers des destinations ensoleillées. Cette perte d’accès aux correspondances risque d’affecter fortement la demande, notamment au départ de hubs dominés par Lufthansa comme Francfort.
Condor a déjà annoncé une réduction de son programme pour l’été 2025, avec la suppression de plusieurs routes transatlantiques. Cela reflète les difficultés à maintenir une offre compétitive sans ces correspondances.
Quelle stratégie pour rebondir ?
Face à cette situation, Condor pourrait envisager plusieurs options stratégiques :
- La recherche de nouveaux partenariats : Condor pourrait se tourner vers d’autres compagnies aériennes, telles qu’Air France – KLM ou British Airways, pour recréer un réseau de correspondances. Cependant, ces transporteurs pourraient être réticents à collaborer avec un concurrent direct de leurs activités loisirs.
- Le renforcement de son réseau point à point : La compagnie pourrait développer davantage ses vols directs au départ de plusieurs aéroports régionaux, réduisant ainsi sa dépendance aux correspondances.
- Le développement de solutions intermodales : Condor pourrait collaborer avec des partenaires ferroviaires pour assurer des connexions terrestres vers ses hubs mais avec des perspectives cependant limitées.
Cette décision renforce la position dominante de Lufthansa en Allemagne. En l’absence d’accords, Condor perd un avantage compétitif, alors que Lufthansa peut consolider son contrôle sur les flux de passagers. Pour Condor, il s’agit d’une course contre la montre pour adapter son modèle et conserver sa part de marché.
Conclusion.
L’arrêt de ces vols de pré- et post- acheminements entre Lufthansa et Condor n’est pas une bonne nouvelle. Pour Condor, la survie passera désormais par une transformation rapide et une diversification de ses stratégies de distribution. Quant à Lufthansa, cette victoire juridique confirme son hégémonie sur le marché allemand, au détriment d’un ciel européen concurrentiel.
Et vous, que pensez-vous de cette décision judiciaire qui vient à l’encontre des intérêts de Condor ?
Julien.