Alors qu’elle s’apprête théoriquement à rejoindre l’alliance oneworld en juin, Oman Air poursuit sa mue. Mais loin des projecteurs, c’est une restructuration en profondeur, silencieuse mais brutale, qui est à l’œuvre. Après avoir mis fin à sa Première classe, retiré ses Airbus A330 et introduit une sous-flotte en configuration all–Economy, la compagnie nationale du Sultanat d’Oman s’attaque désormais à son organisation interne. Une coupe franche dans ses effectifs, qui s’inscrit dans une logique de rationalisation budgétaire et de survie industrielle, sous la houlette de son nouveau Président-directeur général, Con Korfiatis.
Oman Air : un quart des effectifs supprimés.
Oman Air vient d’annoncer la suppression de 1 000 postes, soit près de 25% de ses effectifs, ramenant la taille de son personnel à 3 300 salariés contre 4 300 précédemment. Dans le détail, 400 omanais et 500 expatriés sont concernés, avec un volet de départs volontaires qui a séduit 310 collaborateurs. Certains des salariés restants se sont vu proposer un reclassement avec maintien du salaire mais réduction des avantages : un signal clair de l’effort demandé à tous les niveaux.
À en croire les autorités omanaises, cette restructuration était devenue inévitable. Le ministre des Transports, Saeed bin Hamoud Al Maawali, estime que 45% des salariés occupaient des fonctions « non cœur de métier », un chiffre bien au-dessus de la moyenne régionale. Selon les standards du secteur pour une flotte équivalente, l’effectif optimal tournerait autour de 2 700 personnes.

Une restructuration visible jusque dans les escales.
La restructuration ne se limite d’ailleurs pas au territoire omanais. À Paris, par exemple, Oman Air a fermé ses bureaux commerciaux et mis fin aux contrats de ses collaborateurs en outstation. Aujourd’hui, hormis une présence aéroportuaire maintenue pour l’exploitation des vols, seul un poste de représentant commercial reste référencé… mais demeure vacant. Une absence révélatrice, à elle seule, de la rigueur budgétaire imposée à tous les étages de l’organisation.

Plus qu’un repositionnement : un changement de paradigme pour Oman Air.
Longtemps considérée comme une compagnie boutique au positionnement premium, Oman Air n’a jamais joué sur le volume, préférant miser sur une expérience haut de gamme au départ de Mascate. Mais cette époque semble révolue. Sous l’impulsion de son nouveau PDG, la compagnie a entrepris un virage radical : celui de l’austérité.
L’objectif n’est plus d’exister pour rayonner ou séduire, mais d’exister pour durer. Dans un secteur où la concurrence fait rage et où les équilibres financiers restent précaires, Oman Air cherche désormais à survivre, et potentiellement à renaître sur des bases plus saines. La restructuration actuelle, si douloureuse soit-elle, doit poser les fondations d’un modèle plus robuste.
C’est dans ce contexte que s’inscrit l’arrivée prochaine d’Oman Air au sein de l’alliance oneworld. Prévue théoriquement en juin 2025, cette intégration pourrait marquer une étape stratégique pour la compagnie, en lui offrant un effet réseau plus fort et une visibilité accrue sur les marchés internationaux. Mais encore faudra-t-il que la compagnie conserve ce qui faisait sa singularité : un service raffiné, une attention portée aux détails et une promesse de voyage différente au cœur du Golfe.

Conclusion.
La restructuration en cours chez Oman Air ne se résume pas à une coupe budgétaire : elle est le symptôme d’un repositionnement bien plus profond, voire d’un changement de philosophie. En acceptant de tourner la page d’une époque flamboyante mais déficitaire, la compagnie ouvre un nouveau chapitre, bien plus modeste, mais peut-être plus durable.
Et vous, pensez-vous que la compagnie parviendra-t-elle à préserver son identité tout en devenant enfin rentable ?
Julien.