Alors que Boeing tente de relancer sa dynamique commerciale sur le segment long-courrier, Qatar Airways pourrait lui offrir une bouffée d’air inespérée. Selon Bloomberg, la compagnie qatarie serait sur le point de signer une commande géante : 100 avions gros-porteurs fermes, assortis d’options pour 100 appareils supplémentaires. L’accord pourrait être officialisé à l’occasion de la visite imminente du président américain Donald Trump au Moyen-Orient.
Une annonce coordonnée avec un déplacement présidentiel stratégique.
Le président des États-Unis entamera dans les prochains jours une tournée dans le Golfe, avec des étapes prévues en Arabie Saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis. Ce voyage, à forte teneur diplomatique et économique, devrait être l’occasion d’annoncer plusieurs contrats d’envergure dans les secteurs de la défense et de l’aéronautique.
Dans ce contexte, Qatar Airways finaliserait actuellement les derniers détails d’une commande de grande ampleur auprès de Boeing, selon des sources proches du dossier. Aucun des deux acteurs concernés n’a pour l’instant confirmé l’information. Mais cette annonce s’inscrirait dans une série de mouvements observés chez plusieurs transporteurs du Golfe, désireux de sécuriser leur avenir capacitaire dans un marché de plus en plus contraint.
Qatar Airways : une transformation en profondeur de la flotte long-courrier ?
La nature exacte des appareils concernés n’a pas été dévoilée, mais tout laisse à penser que la commande porterait sur les deux familles de gros-porteurs de Boeing : le 777X, encore en attente de certification (dont les premières livraisons seraient désormais prévue pour fin 2026), et le 787 Dreamliner, déjà en service dans la flotte qatarie.
Qatar Airways exploite actuellement :
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64 Boeing 777 (essentiellement des -300ER),
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51 Boeing 787, majoritairement des 787-8 âgés d’environ dix ans,
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58 Airbus A350, que la compagnie considère comme son produit long-courrier de référence,
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8 Airbus A380, remis en service malgré leur retrait initialement prévu.
En parallèle, la compagnie compte 163 avions en commande, incluant 60 Boeing 777-9 et 10 787-9. La future méga-commande pourrait donc venir compléter le renouvellement des anciens 777 et 787, voire préparer la sortie progressive des A380, tout en positionnant Qatar Airways pour une croissance future. L’hypothèse d’un ajout du 787-10, plus capacitaire, n’est pas à exclure, même si elle n’est pas confirmée à ce stade.
Sécuriser les livraisons d’ici 2030 pour Qatar Airways.
Dans un marché où les slots de livraison long-courrier sont désormais saturés plusieurs années à l’avance, Qatar Airways anticipe. Une commande aussi massive lui permettrait de verrouiller des créneaux de production stratégiques jusqu’à la fin de la décennie. Boeing, confronté à des difficultés de cadence sur le 787 et à des retards persistants sur le 777X, voit ses carnets de commandes se remplir plus vite qu’il ne peut livrer.
Ce mouvement s’inscrit également dans une stratégie de repositionnement industriel, après les tensions ayant opposé Qatar Airways à Airbus au sujet des A350 et le flottement stratégique généré par les retards de Boeing.

Boeing en quête de rebond.
Si la commande venait à être confirmée dans les prochains jours, elle représenterait un coup de projecteur majeur pour Boeing, à un moment critique de son histoire récente. L’avionneur américain, fragilisé par les scandales, les retards et les défauts de fabrication, trouverait là un signal fort de confiance de la part d’un client historique.
Elle conforterait aussi l’ancrage stratégique de Boeing dans la région du Golfe, alors que le marché du long-courrier se redessine et que la rivalité entre Qatar Airways, Emirates et Etihad reprend de l’intensité sur fond de relance du tourisme international.
Conclusion.
Même en l’absence d’officialisation, cette commande anticipée est révélatrice de plusieurs dynamiques à l’œuvre : la pression croissante sur les livraisons gros-porteurs, la volonté des compagnies du Golfe de sécuriser leur avenir industriel, et le besoin, pour Boeing, de restaurer sa crédibilité en s’appuyant sur des partenaires solides. Qatar Airways, qui ambitionne toujours de se maintenir parmi les toutes premières compagnies mondiales, joue ici une carte stratégique : celle d’un renouvellement de flotte méthodique, aligné sur les futurs besoins capacitaires, mais aussi d’un signal politique fort adressé à Washington, à Seattle… et à Toulouse.
Et vous, pensez-vous que Qatar Airways misera tout sur le 777X ou privilégiera un équilibre stratégique avec le 787 ?
Julien.