Fin août, Air Côte d’Ivoire franchira une étape majeure de son développement avec la livraison de son premier Airbus A330neo. Plus qu’un simple renfort de flotte, cet appareil symbolise l’entrée de la compagnie dans un cercle extrêmement restreint : celui des transporteurs osant proposer une cabine distincte du produit Business, positionnée sur le créneau le plus haut de gamme. Une initiative audacieuse, presque unique sur le continent, qui pourrait repositionner Abidjan comme hub premium régional.
Un appareil pensé pour l’autonomie stratégique.
Commandé en 2022 et assemblé à Toulouse, l’Airbus A330neo d’Air Côte d’Ivoire sera motorisé par deux Rolls-Royce Trent 7000, offrant une autonomie d’environ 13 300 km. De quoi relier sans contraintes Abidjan à Paris, mais aussi envisager d’autres liaisons sans escale technique.
La compagnie affiche par ailleurs l’ambition d’ouvrir d’ici 2027 des liaisons vers Bruxelles, Londres, New York et Washington. Un calendrier ambitieux, mais qui appelle à la prudence : en 2022, le vol vers les États-Unis était annoncé pour début 2025. Désormais repoussé de plusieurs années, l’objectif illustre les ajustements imposés par les réalités opérationnelles et financières.
Sur le plan technique, l’A330neo reste aujourd’hui le gros-porteur le plus efficient de sa catégorie, avec une consommation réduite d’environ 25 % par rapport à la génération précédente. Dans un marché africain où la rentabilité long-courrier reste fragile et les coefficients de remplissage sensibles aux aléas économiques et politiques, cet atout est décisif. Les difficultés d’Air Sénégal avec ses propres A330neo, allant jusqu’à la suppression de Dakar–New York, rappellent que l’ouverture d’une route ne garantit pas sa viabilité.
Air Cote d’Ivoire A330-941 msn 2086 F-WWYE / TU-TRG
VRE/01 – first flight
05.08.2025 pic.twitter.com/1UDcpAz5An— dn280 (@dn280) August 7, 2025
Une cabine tri-classes optimisée et une “Première” intrigante.
Selon les informations disponibles, l’appareil devrait accueillir environ 250 à 260 passagers, répartis en trois classes :
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Une « Première » classe composée de 4 suites fermées en configuration 1-2-1, qui pourrait se rapprocher du produit Retreat Suite de Virgin Atlantic, avec portes coulissantes, écran haute définition, literie complète et espace supplémentaire par rapport à la Business traditionnelle. Ce produit s’apparenterait donc à une Business Plus : un segment distinct, mais sans atteindre l’exclusivité des First les plus emblématiques.
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Une Business avec 24 sièges full flat en 1-2-1, accès direct au couloir pour chaque passager, divertissement de dernière génération et restauration haut de gamme.
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Une offre Economy d’environ 220 à 230 sièges en 2-4-2, avec un pitch de 31 à 32 pouces, écrans individuels et Wi-Fi.
Cette configuration illustre un arbitrage stratégique : concentrer la valeur ajoutée sur une micro-cabine ultra-premium (moins de 5 % des sièges), tout en conservant une masse critique en Economy pour répondre à la forte demande diasporique et loisirs.

Air Côte d’Ivoire : un pari quasi unique en Afrique.
Sur le continent, seule TAAG Angola Airlines propose aujourd’hui une véritable Première classe sur lignes régulières. En introduisant une cabine séparée de la Business, Air Côte d’Ivoire se placerait dans une zone hybride : offrir plus que la Business traditionnelle, tout en évitant les coûts structurels d’une First classique. C’est un pari audacieux dans un marché où le haut de gamme reste l’apanage de transporteurs internationaux, mais qui pourrait séduire une clientèle à la recherche de reconnaissance, de confort et de proximité culturelle.
Vers un futur duel avec Air France ?
Si la liaison Abidjan–Paris n’est pas encore opérée par Air Côte d’Ivoire, elle figure clairement dans la feuille de route stratégique de la compagnie, aux côtés de Bruxelles, Londres, New York et Washington. Sur cet axe particulièrement lucratif, Air France déploie aujourd’hui sa cabine La Première, considérée comme l’une des meilleures au monde.
Dans l’hypothèse où Air Côte d’Ivoire lancerait cette route, elle se placerait alors en concurrence directe sur le segment ultra-premium, un positionnement quasi inédit pour un transporteur ouest-africain. La carte du patriotisme économique, d’une plus grande souplesse tarifaire et d’une compréhension fine des attentes de la clientèle ivoirienne pourrait alors constituer un contrepoids à la puissance commerciale et au réseau de correspondances d’Air France.
Un levier d’image pour la stratégie régionale d’Air Côte d’Ivoire.
Au-delà de Paris, l’A330-900 pourrait permettre à Air Côte d’Ivoire de renforcer Abidjan comme hub ouest-africain, avec des correspondances vers Dakar, Lomé, Accra ou Lagos, mais aussi vers l’Afrique australe et l’Asie. La First jouerait ici un rôle essentiellement symbolique et marketing : faible en volume, mais potentiellement déterminante en image et en marge sur certains segments.
Conclusion.
La cérémonie de livraison prévue le 29 août 2025 à Toulouse, en présence des autorités ivoiriennes et de représentants d’Airbus, devrait dévoiler pour la première fois la cabine. L’entrée en service pourrait intervenir rapidement.
Et vous, pensez-vous qu’Air Côte d’Ivoire parviendra à séduire la clientèle premium face à Air France sur l’axe Abidjan–Paris ?
VdC.