L’annonce était attendue. Elle marque une nouvelle étape dans la stratégie de premiumisation des cabines long-courrier américaines. United vient de dévoiler, dans le cadre de son programme United Elevate, une nouvelle génération de sièges Polaris, incluant une déclinaison inédite baptisée Polaris Studio. Une véritable Business Plus, pensée pour rehausser l’expérience à bord mais aussi repositionner la compagnie dans le haut du marché mondial.
United : une Business nouvelle génération sur Boeing 787-9.
Les cabines concernées par cette annonce équiperont en priorité les futurs Boeing 787-9 de United (soit 30 Boeing 787-9 d’ici à 2027), configurés dans une version ultra-premium incluant 64 sièges Business : 56 sièges Polaris de nouvelle génération, et 8 Polaris Studio, disposés en première rangée.
Le siège standard Polaris repose désormais sur le produit Ascent d’Adient Aerospace, en configuration 1-2-1. Bien connu sur les Boeing 787-9 de Qatar Airways ou American Airlines, ce modèle offre une structure entièrement inclinable, un accès direct au couloir, une porte coulissante, un écran 4K OLED de 19 pouces, un tissu technique en laine respirante, ainsi qu’une connectivité renforcée.
United, fidèle à une logique d’hyper-customisation, va plus loin dans la segmentation : les sièges centraux de la cabine alterneront entre herringbone et reverse herringbone, en fonction des zones, afin de mieux répondre aux attentes des passagers voyageant en duo ou en solo.
Polaris Studio : l’émergence d’une Business Plus à l’américaine chez United.
Mais le véritable changement de paradigme se joue au niveau de la Polaris Studio. Ce produit, dérivé des sièges bulkhead, offre 25% d’espace en plus, un écran 4K de 27 pouces, une fonction buddy seat, Un confort d’assise optimisé, et une expérience différenciée tant en vol qu’au sol.
Ce n’est pas une Première classe. Mais ce n’est déjà plus une simple Business. Les références sont explicites : pyjama hoodie, oreiller en velours, écouteurs à réduction de bruit signés Meridian, amenities Perricone MD, jeux de cartes siglés, amuse-bouche au caviar Ossetra, Champagne Laurent-Perrier Cuvée Rosé, boîte-snack signature… Jusqu’à l’accès prioritaire via les salons Global Reception et la possibilité, sur certains vols, de bénéficier du transfert tarmac auparavant réservé aux clients Global Services.
Sur le plan marketing, la Polaris Studio est donc un produit à part entière qui ne sera ni un simple surclassement, ni une sous-First. United semble vouloir l’exploiter comme un segment de prestige, monétisable indépendamment, probablement sans lien direct avec les surclassements. Une approche à surveiller.
« Nous ne restons jamais immobiles (…) Ces innovations premium sont là pour nous projeter dans la prochaine décennie. » – Andrew Nocella, Chief Commercial Officer de United.
Une tendance lourde : la sur-segmentation du haut de la cabine.
United n’invente rien : ce type de produit Business Plus existe déjà. JetBlue avec ses Mint Studio, Lufthansa avec Allegris 1K, Condor avec les Prime Seats et plus récemment Air France avec les deux Suites 1A/K dans ses nouveaux 777. Tous explorent les marges hautes de la cabine Business, sans franchir le seuil d’un produit de Première classe.
Mais la démarche d’United mérite attention car elle s’inscrit dans un marché américain historiquement peu innovant sur l’expérience cabine. En lançant Polaris Studio, United rompt avec cette image utilitaire pour affirmer un positionnement plus statutaire, plus inspiré des standards du Golfe ou d’Asie que de ses concurrents directs.
Et ce n’est pas un détail : aux États-Unis, ni Delta One Suites ni American Flagship Business ne sont aujourd’hui en mesure d’offrir un produit avec un tel niveau de différenciation, tant sur le siège que sur le service.
Cohérence stratégique ou poudre aux yeux ?
Sur le papier, l’évolution est remarquable. Mais au-delà du produit, reste la question de la constance. United a souvent pêché par manque d’homogénéité dans la prestation : Polaris n’a jamais été uniformément déployée, et l’expérience à bord reste tributaire de l’équipage et de la ligne. Introduire un produit de niche comme Polaris Studio, aussi séduisant soit-il, n’aura d’impact que si l’ensemble du produit suit en cohérence.
La promesse d’un service rehaussé sur une poignée de sièges ne suffit pas à transformer l’image d’une compagnie. Mais elle peut servir de vitrine, d’icône. Et c’est peut-être ce que cherche United : une signature haut de gamme, résolument visible.
Conclusion
En lançant Polaris Studio, United Airlines cherche à incarner une nouvelle forme de prestige aérien. Pas en relançant une First disparue, mais en étirant au maximum les codes de la Business. Le pari est audacieux, dans un marché où la sophistication est devenue une arme concurrentielle plus puissante que le prix seul. Reste à voir si ce produit sera suffisamment distinct, stable et désirable pour se faire une place dans le club très fermé des expériences long-courriers qui marquent durablement le voyageur.
Et vous, pensez-vous que la nouvelle Polaris Studio peut faire d’United une vraie référence du voyage premium international ?
Julien.