Sous un ciel saturé de pluie, secoué par des rafales à plus de 90 km/h, un géant du fret de plus de 400 tonnes s’aligne sur la piste 05L de Taipei. Ce 13 août 2025, le Boeing 747-8F de UPS Airlines termine sa troisième tentative d’atterrissage après deux remises de gaz. Quelques secondes plus tard, le moteur extérieur droit touche violemment la piste, projetant des gerbes d’étincelles. L’avion s’immobilise sain et sauf mais l’incident laisse derrière lui une cascade de questions.
UPS 747-8F : trois approches, deux go around, un impact.
Le vol UPS 5X61, parti de Hong Kong à 17h50 avec à son bord uniquement les pilotes et du fret, devait effectuer un saut de puce de 501 milles nautiques vers Taipei-Taoyuan. Mais ce jour-là, le typhon Podul balayait Taïwan, provoquant plus de 400 annulations de vols et des conditions d’atterrissage délicates : pluie battante, visibilité réduite et vents croisés atteignant 50 nœuds.
Après un bref circuit d’attente, l’équipage tente une première approche sur la 05L, interrompue par un go around. Une seconde tentative subit le même sort. La troisième approche, environ 2h20 après le départ, permettra enfin un atterrissage, non exempté de dommages.
Clear video of UPS 747-8F’s engine pod strike at Taoyuan
UPS Flight 5X61 from Hong Kong scraped its right engine on landing, sending sparks and flames flying down the runway. pic.twitter.com/9TgpflxhqD— Turbine Traveller (@Turbinetraveler) August 14, 2025
Pod strike et pluie d’étincelles pour le UPS 747-8F.
En courte finale, l’appareil maintient un important crab angle pour contrer le vent latéral. À quelques mètres du sol, la correction vers l’axe de piste se fait tardive. L’aile droite s’abaisse légèrement et le moteur n°4 heurte le tarmac. Le carénage se détache partiellement, projetant des étincelles visibles sur les vidéos partagées en ligne.
Malgré l’impact, le 747-8F reste contrôlable. Il dégage la piste et rejoint le parking par ses propres moyens. Aucun blessé n’est à déplorer, mais l’appareil est immédiatement immobilisé pour inspection.
Typhoon Podul swept across Taiwan, disrupting multiple flights
✈️ Footage shows a UPS Boeing cargo plane suffered a serious incident at Taipei Taoyuan Airport when one of its engines struck the runway while landing
No injuries reported pic.twitter.com/7kPtSWrZOu
— Anadolu English (@anadoluagency) August 14, 2025
Analyse technique : un impact réparable, mais coûteux pour le UPS 747-8F.
Un pod strike nécessite des inspections poussées :
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Le carénage et la nacelle : remplacement quasi certain.
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Le moteur : vérification des composants internes et de la fixation sur l’aile.
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La structure : contrôle des longerons et points d’ancrage pour détecter tout effort excessif.
Si les dommages restent limités au carénage, la réparation pourrait être rapide. Mais toute atteinte structurelle prolongerait l’immobilisation, avec un impact direct sur la disponibilité de la flotte. Pour l’heure, l’appareil est toujours immobilisé à Taipei.

Le dilemme opérationnel : persévérer ou dérouter ?
Après deux approches instables, la question se pose : fallait-il tenter une troisième ou dérouter vers un aéroport offrant de meilleures conditions ? Les SOP (Standard Operating Procedures) de nombreuses compagnies préconisent la remise de gaz dès qu’une approche est jugée instable à 1 000 pieds en conditions IMC.
Dans le transport cargo, la pression logistique est réelle : créneaux de déchargement, correspondances fret, délais contractuels ; autant de facteurs qui peuvent nourrir le get-there-itis, cette volonté de « terminer le vol » parfois au détriment de la marge de sécurité.

Un coût qui dépasse la réparation.
Dans le fret aérien, une immobilisation ne se résume pas à une facture de maintenance :
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Les pénalités de livraison pour les clients contractuels.
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La réorganisation de la flotte pour compenser l’absence de l’appareil.
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L’image de marque : un incident spectaculaire, même sans blessé, peut interroger sur la gestion du risque.
Pour UPS, opérateur majeur du Boeing 747-8F, chaque appareil est un maillon d’un réseau planifié à la minute. Un tel incident peut avoir un effet domino sur plusieurs liaisons transpacifiques.
La robustesse du Jumbo à retenir.
Le Boeing 747-8F, dernier né de la lignée légendaire des « Jumbo Jets », a prouvé une fois de plus sa robustesse. Encaisser un impact à grande vitesse sur une surface dure sans compromettre la sécurité immédiate relève d’une ingénierie remarquable.
Mais au-delà de la performance de l’avion, l’incident souligne que la gestion des approches instables reste un enjeu majeur, même pour les équipages les plus expérimentés.

Conclusion.
Le vol UPS 5X61 entrera peut-être dans les manuels comme un cas d’école sur la prise de décision en conditions extrêmes. Reste à savoir si la troisième approche était la meilleure option ou si, à l’inverse, la sécurité maximale aurait dicté un déroutement.
Et vous, pensez-vous que les pilotes ont eu raison de persévérer pour se poser à Taipei, ou qu’ils auraient dû opter pour une diversion après deux échecs d’approche ?
VdC.
(HT : OMAAT / Boarding Area)