C’est le quotidien Le Figaro qui en a eu l’exclusivité hier : le P-DG du groupe Air France-KLM est enfin sorti de l’ombre et a donné sa première interview à un grand média français.
Quatre grands thèmes ont été abordés lors de cet échange de neuf questions.
L’homme du consensus.
Jean-Marc Janaillac a pris ses fonctions il y a trois semaines. Pendant cette période il a fait le tour des équipes des deux compagnies et rencontré tous les corps de personnels.
Côté atouts, j’ai rencontré des gens profondément attachés à Air France, à KLM et au groupe, avec des savoir-faire très pointus. J’ai pu constater la puissance commerciale que nous donne la combinaison de nos deux hubs, renforcée par l’attractivité de Paris et d’Amsterdam.
[…]
Il y a au sein d’Air France-KLM des forces suffisantes pour bâtir un projet permettant un développement rentable pour les prochaines années.
Janaillac a décidé de se mettre dans le camps des salariés. L' »homme du consensus », comme il était surnommé dès sa nomination il y a quelques mois, salue leur travail et leur professionnalisme.
J’ai pu constater la puissance commerciale que nous donne la combinaison de nos deux hubs […] Le groupe est beaucoup plus intégré que ce que je pensais, en particulier dans le domaine des ventes, du marketing et du revenue management, tout comme dans la commercialisation en Amérique du Nord avec Delta.
Sa nouvelle devise ? Construire une confiance parmi les équipes.
Il y a un problème de confiance, à la fois entre les compagnies du groupe, entre les différentes catégories de personnel et le management, et entre les différentes catégories de personnel entre elles. Au global, il y a un manque de confiance général dans le groupe et son avenir.
Forces et faiblesses du Groupe.
Le nouveau président d’AFKL a également identifié les faiblesses du Groupe : principalement la structure de coûts et l’ancienneté de la compagnie.
La première est bien connue : notre niveau trop élevé de coûts par rapport à la concurrence […]
Cette vision un peu nouvelle ne l’empêche cependant pas de tomber dans un écueil habituel chez Air France et qui semble-t-il ne changera pas avec la nouvelle gouvernance : désigner des coupables.
Heureusement ceux-ci ne sont pas internes à la compagnie, mais comme d’habitude ce sont les compagnies low cost et du Golfe qui font les frais … Cela étant Janaillac rappelle avec bon sens que ces compagnies sont plus jeunes, plus dynamiques, et dans des environnements socio-économiques bien plus accueillants pour mener des affaires.
Notre deuxième faiblesse tient à l’ancienneté de nos compagnies, avec des structures d’organisation et de management encore trop lourdes, héritées du passé. […] Il est compliqué de faire bouger les choses […] : il faudra alléger [ces structures] avec des circuits plus courts.
Il n’hésite en outre pas à rappeler une certaine réalité économique : un grand groupe industriel, aussi implanté et puissant soit-il, peut faire faillite.
L’idée qu’Air France pourrait disparaître reste encore étrangère à certains salariés, alors qu’on a vu des compagnies, fleurons nationaux, tels PanAm et Swissair, faire faillite.
Une nouvelle vision ?
C’est en novembre que J-M Janaillac présentera à son Groupe ses nouvelles orientations. Nul besoin de mener de nouvelles études externes puisqu’il affirme que beaucoup ont été menées et qu’elles n’ont besoin que d’une actualisation.
Nous allons travailler intensément pour accoucher d’un projet à moyen terme et d’une vision pour le groupe qui nous projette dans l’avenir. Nous définirons aussi le chemin pour y aller. Ce travail se fera dans le dialogue.
[…]
Quand nous aurons défini notre vision, il sera indispensable de choisir les domaines où il est nécessaire de s’organiser différemment.
Jean-Marc Janaillac vient de la haute fonction publique. A ce titre il connait parfaitement les arcanes du pouvoir, un atout qu’il compte utiliser pour faire pression sur les pouvoir publics néerlandais et français.
Nous nous tournerons aussi vers les États français et néerlandais, régulateurs et actionnaires, pour qu’ils permettent une plus grande équité des coûts (taxes, cotisations sociales) avec nos concurrents.
[…]
J’ai rencontré les ministres des Finances et des Transports des Pays-Bas. Ils sont conscients que KLM pèserait beaucoup moins lourd seule qu’avec Air France.
La volonté première de Janaillac est en tout cas de pérenniser la co-entreprise. Si dans les deux compagnies des velléité de scission existent parmi certains salariés, il n’y a aucune chance que cela se produise tant les conséquences seraient objectivement désastreuses face aux immenses Lufthansa Group et IAG.
Les Néerlandais ont du mal à comprendre les rites de dialogue social en France … et donc chez Air France. […] Chez KLM, un certain nombre de populations […] est irrité. […] Ils sont conscients que KLM pèserait beaucoup moins lourd seule qu’avec Air France. Ce serait une perte de valeur considérable de détricoter cet ensemble. […] L’objectif est de redonner envie avec un projet commun pour refaire du groupe un leader mondial.
La grève …
L’accueil réservé au nouveau patron d’Air France est paradoxal puisqu’il indique avoir été bien accueilli malgré un climat de grève lourd.
Les équipes que j’ai rencontrées m’ont accueilli chaleureusement et souhaité « bon courage » sans ironie ni cynisme.
Le P-DG ne mâche cependant pas ses mots pour critiquer le mouvement social initié par certains syndicats de PNC.
Ce mouvement est extrêmement regrettable et agressif. D’abord par le choix de cette période de l’année qui est très importante économiquement pour Air France et symboliquement pour les vacances en famille de nos clients. […] Déclencher une grève aussi longue dans ce calendrier paraît difficilement justifiable. Elle aura un coût financier très élevé.
Dans un soucis et cohésion et malgré les oppositions politiques des deux hommes, J-M Janaillac profite de cette tribune pour saluer le travail de son prédécesseur Alexandre de Juniac.
J’ai mesuré la force de nos marques et de notre montée en gamme à l’international : grâce au travail d’Alexandre de Juniac et des équipes, le produit s’est fortement amélioré ces dernières années.
Pour finir un point clé : il met en avant son expérience en tant que passager. Un point qui avait fait la grande force de De Juniac qui avait, dès sa prise de fonction, concentré son discours sur l’amélioration de l’expérience passager. Avec la montée en gamme qu’on connait. On sait que Janaillac ne vient pas du milieu de l’aérien, et que le chemin sera sans doute long pour appréhender cet univers complexe aux enjeux industriels si impactant.
Le produit s’est fortement amélioré ces dernières années. Je m’en étais déjà rendu compte avant mon arrivée, étant un « frequent flyer » Air France.
Conclusion.
Cette interview écrite est un sans faute pour le nouveau P-DG du Groupe Air France-KLM. Les points les plus polémiques sont abordés sans langue de bois et la volonté de nouer des relations saines avec l’ensemble des salariés est présente, par la confiance.
Les syndicats prêtent à la direction des arrière-pensées. Pour qu’il y ait dialogue, il faut une confiance réciproque.
Tyler.
[…] jour aujourd’hui pour Air France – KLM. Comme prévu depuis le mois de juillet, Jean-Marc Janaillac, le nouveau patron du Groupe franco-néerlandaise, tenait sa promesse en énonçant aujourd’hui devant la presse les mesures qui seront mises en place pendant son […]