« Boeing a commencé à construire des avions avant tout le monde. Ils fabriquent les meilleurs avions, même si leurs concurrents ne vont pas apprécier que je le dise ».
Tels sont les mots prononcés par Son Excellence, Akbar Al Baker, l’illustre patron de Qatar Airways après avoir passé, ce qui semblerait être, l’une des plus grosses commandes de l’histoire de la compagnie aérienne qatarie. Mais voilà, cela fait plusieurs mois déjà que le charismatique CEO de la cinq étoiles au classement SkyTrax montre son agacement envers Airbus.
Pourtant, l’alarme avait de nombreuses fois été sonnée par Qatar Airways cette année et Son Excellence affirmait, non sans détour, qu’il était prêt à se détourner d’Airbus sans complexe, compte tenu de l’univers compétitif dans lequel sa compagnie évolue au quotidien et des difficultés engendrées par sa collaboration avec l’avionneur européen.
En 2011, Qatar Airways avait passé une commande de 50 A320neo. Force est de constater qu’Airbus est dans l’incapacité de gérer efficacement le dysfonctionnement du moteur Pratt & Whitney (dans sa version 1100G sur ce type appareil) contrairement à Bombardier, Embraer et Mitsubishi.
Le 3 juin 2016, après plusieurs mois de retard, alors que Qatar Airways devait être la compagnie de lancement de l’appareil remotorisé (substituée au pied levé par Lufthansa qui a connu ses premiers déboires – logiciel, hydraulique, … – avec l’appareil), celle-ci annonçait l’annulation de sa première commande, arguant une clause prévue au contrat.
Fabrice Brégier lui-même, l’iconique Président-directeur général d’Airbus, reconnait la défaillance et appréhende le mécontentement de ses clients avec déférence.
« Nous sommes en retard par rapport à ce que nous avions promis, en particulier pour les clients de lancement. Je comprends parfaitement pourquoi ces clients ne sont pas satisfaits ».
C’est donc acté : cette fois-ci, ce n’est pas vers Toulouse que les deniers qataris seront adressés !
Pourtant la commande est belle avec au menu 100 appareils (40 fermes et 60 avec un engagement d’achat).
- 30 Boeing 787-9
- 10 Boeing 777-300ER
- 60 Boeing 737 MAX 8
Les appareils long-courriers appartiennent à la commande ferme de 40 appareils tandis que les 60 Boeing 737 MAX 8 sont visés par une intention de commande qui reste à être confirmée. En tout, le montant de la commande s’élèverait à 18,6 milliards de dollar si celle-ci venait à se concrétiser dans sa globalité, au prix catalogue.
Il est intéressant de noter que si Qatar Airways opérait déjà le Dreamliner dans sa version -8, ces nouveaux appareils dans cette version -9 seront les premiers à intégrer la flotte. Les nouveaux 777 pourraient quant à eux venir renforcer les positions de la compagnie qatarie sur ses lignes déjà existantes, ou contribuer à l’essor du réseau.
Du côté des 60 Boeing 737 MAX 8, ces appareils ne seront pas livrés après-demain. Akbar Al Baker a préféré différer la réception d’appareils (dans l’attente du premier 737 MAX 8) plutôt que de poursuivre sa collaboration avec Airbus sur son A320 remotorisé (Qatar Airways devrait déjà en posséder au moins 5 aujourd’hui). De là à considérer qu’en l’état l’avion serait un vrai problème dans la flotte de la compagnie aérienne qatarie il n’y a qu’un pas.
Chez Boeing, les équipes sont satisfaites du pied de nez fait au rival européen et cette commande est plus importante que l’ensemble des 777 et 787 vendus cette année.
« Boeing s’est révélé un partenaire de valeur, et l’annonce d’aujourd’hui témoigne de notre appréciation dans la qualité de ses produits et de son engagement à fournir un service de classe mondiale à ses clients » annonçait Son Excellence.
Conclusion.
Ce n’est bien entendu pas la première commande de Qatar Airways à l’avionneur américain.
Avec une flotte de 84 Boeing 777 et 787-8 (sans compter les appareils non livrés aujourd’hui), la compagnie aérienne qatarie fait grandir un peu plus ses relations avec l’avionneur sur le terrain des appareils de type moyen-courrier, aux dépens d’Airbus.
Finalement, à trop se moquer de ses partenaires, on finit par le regretter ! 😉
Tyler.
[…] de lancement de l’A350-1000 tout comme elle l’avait été par le passé pour l’A350-900 et aurait dû l’être pour l’A320neo. La compagnie dirigée par l’intransigeant Akbar Al Baker a passé commande de 20 appareils […]