Ce qui aurait dû être un simple passage dans les toilettes d’un hôtel haut de gamme s’est transformé en humiliation publique pour une cliente. Accusée à tort d’être un homme dans les toilettes des femmes, cette femme cisgenre s’est vue escortée hors des lieux par un agent de sécurité et sommée de prouver son genre. Un dérapage grave, dans un climat où les questions d’identité de genre sont particulièrement sensibles, surtout dans l’hôtellerie internationale où la promesse d’inclusion est centrale.
Une intervention brutale et infondée dans les toilettes du Liberty Hotel Boston.
Les faits remontent au samedi 3 mai 2025. À l’occasion d’une fête du Kentucky Derby organisée au Liberty Hotel Boston, hôtel de la collection Luxury de Marriott, un couple de femmes cisgenres (nées femmes, s’identifiant comme femmes, ndlr.) se rend aux toilettes. L’une d’elles se trouve dans une cabine, lorsque l’agent de sécurité de l’hôtel intervient brutalement, tambourine à la porte et lui intime l’ordre de sortir, la soupçonnant d’être un homme.
Escortée hors des toilettes par l’agent, elle est publiquement moquée et traitée de « creep » par d’autres clientes. En pleine confusion, le vigile exige alors les papiers d’identité du couple afin de « vérifier leur genre », avant de leur demander de quitter l’établissement.
Le motif initial invoqué par l’hôtel ? La présence supposée de deux personnes dans une même cabine, accusation que le couple nie fermement. Pourtant, l’obsession immédiate de l’agent pour le genre de la cliente, sans autre vérification ou questionnement, semble révéler une logique discriminatoire, bien plus qu’un souci de sécurité.
Liberty Hotel Boston : Une réaction tardive, mais nécessaire.
Face à l’émotion suscitée par l’affaire, le Liberty Hotel a suspendu l’agent de sécurité mis en cause et publié un communiqué :
“Le Liberty Hotel est et restera un allié de la communauté LGBTQ+. Nous poursuivrons nos efforts de formation pour garantir que chaque client se sente en sécurité et accepté dans nos murs.”
Le personnel doit être reformé sur les pratiques d’inclusion, et l’établissement a annoncé une donation à une association locale LGBTQ+.
Toutefois, selon le couple, aucune excuse publique ni rétractation claire des accusations initiales (liées à la prétendue présence de deux personnes dans la cabine) n’a été formulée à ce jour.
L’hôtellerie face à ses responsabilités en matière d’inclusion.
Cet incident n’est pas anodin. Il soulève des questions cruciales sur la capacité réelle des grands groupes hôteliers à garantir un accueil inclusif, notamment lorsque la situation repose sur des jugements visuels biaisés, ou des stéréotypes de genre.
Que dans un hôtel Luxury Collection, propriété du géant Marriott, une femme soit confrontée à ce type de suspicion, puis contrainte de prouver son genre à un agent de sécurité, en dit long sur les failles dans la formation et la culture d’entreprise.
La réaction officielle va dans le bon sens, mais elle intervient trop tardivement et laisse planer un doute sur l’impunité initiale du comportement incriminé. Dans un secteur qui se veut inclusif, l’erreur ne réside pas seulement dans l’acte, mais dans l’inaction immédiate et le manque de réparation explicite.
Conclusion.
Alors que l’hôtellerie haut de gamme revendique l’ouverture, la tolérance et le respect de toutes les identités, le Liberty Hotel Boston vient d’en illustrer brutalement les limites. Si les annonces de suspension et de formation sont des signaux importants, elles ne suffisent pas à effacer la violence symbolique infligée à une cliente dont le seul tort a été d’être perçue comme « hors norme ».
Et vous, pensez-vous que les grands groupes hôteliers en font vraiment assez pour protéger tous leurs clients contre les discriminations de genre ?
Julien.
(HT : View From The Wing / Boarding Area)