Derrière le cérémonial doré de Doha et les déclarations grandiloquentes, les chiffres concrets commencent à émerger. Qatar Airways a bel et bien signé avec Boeing une commande historique, confirmée comme la plus importante jamais enregistrée par l’avionneur américain en matière d’avions gros-porteurs. Mais quelles sont exactement les dimensions de cette commande ? Et que nous disent-elles de la stratégie long-courrier de la compagnie qatarie ?
Une répartition désormais connue : 160 appareils fermes et en option pour Boeing.
L’opération annoncée officiellement aujourd’hui porte précisément sur :
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130 Boeing 787, dans un mix entre 787-9 et 787-10, soit l’un des plus importants engagements jamais pris pour cette famille d’appareils.
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30 Boeing 777-9, la version modernisée du Triple Seven, encore en attente de certification.
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Des options pour 50 appareils supplémentaires, répartis entre Dreamliners et 777X, selon les futurs besoins de la compagnie.
L’ensemble porte donc potentiellement sur jusqu’à 210 appareils, même si seules 160 unités sont à ce stade contractualisées, dont 130 de façon parfaitement ferme. Une précision d’importance dans un secteur où les annonces se construisent souvent à coup d’intentions plus que de livraisons assurées.
Une double stratégie : rationalisation et montée en gamme.
Ce choix technologique illustre une orientation claire : Qatar Airways mise sur l’efficacité énergétique, la densité mesurée, et la souplesse opérationnelle. En combinant les capacités du 787-9 et du 787-10, la compagnie peut calibrer finement sa flotte aux besoins du réseau.
Le 777-9, quant à lui, constitue une promesse de montée en gamme, de capacité accrue et, potentiellement, de résurrection d’un produit de Première classe encore plus ambitieux que l’actuel Qsuite. Sa mise en service annoncée pour 2026 en ferait le fer de lance d’un nouveau cycle d’élitisation du produit Qatar Airways sur les lignes les plus stratégiques.

Boeing : une commande record mais à relativiser.
Certains ont évoqué une commande de 200 milliards de dollars, mais cette estimation relève du pur affichage. Même à prix catalogue, rarement appliqués, le total ne dépasserait pas 80 à 85 milliards pour les commandes fermes. En réalité, avec les remises usuelles accordées à un client stratégique comme Qatar Airways, la valeur effective pourrait tourner autour de 60 à 70 milliards de dollars.
Ce qui ne retire rien à la portée symbolique de cette commande. Elle confirme le recentrage stratégique de la compagnie après plusieurs années de tensions avec Airbus, et elle crédibilise la trajectoire industrielle de Boeing, encore affaiblie par les retards du 777X et les crises passées du 737 MAX et du 787.
Conclusion.
Au-delà du cérémonial, les chiffres confirment un tournant historique dans la relation entre Boeing et Qatar Airways. Loin d’un simple effet d’annonce, cette commande massive repose sur des arbitrages précis, un calendrier à long terme, et une ambition industrielle cohérente. Reste à voir si, cette fois, Boeing saura honorer pleinement cette confiance retrouvée.
Et vous, pensez-vous que cette commande historique répond à une logique de besoin réel ou s’agit-il avant tout d’un message d’influence géopolitique ?
Julien.