Dans un contexte économique marqué par les incertitudes commerciales et la pression inflationniste, Delta Air Lines confirme son positionnement singulier parmi les grandes compagnies américaines : celui d’un employeur qui mise sur la fidélisation interne pour maintenir la paix sociale. Le 1er juin 2025, « tous » les employés de la compagnie bénéficieront d’une augmentation de salaire de 4%, renforçant une politique de revalorisation salariale continue et assumée.
Une revalorisation annuelle désormais structurelle chez Delta.
La hausse de 4% annoncée concerne aussi bien les personnels au sol que les PNC, à toutes les étapes de la grille salariale. En parallèle, un pool additionnel de 4% est dédié aux augmentations au mérite, distribuées de manière différenciée selon la performance individuelle et les comparatifs du marché.
Delta ne déroge pas à une habitude devenue attendue : après une hausse de 4% en 2022, puis de 5% en 2023 et en 2024, l’entreprise enchaîne une quatrième année consécutive de progression salariale. Une régularité que peu de compagnies aériennes, ou même d’entreprises du secteur, peuvent revendiquer. Ce choix représente un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars pour le groupe.
Une stratégie RH pensée comme un rempart contre la syndicalisation.
Ce geste ne concerne que les salariés non couverts par une convention collective ou une régulation sectorielle, soit la majorité des collaborateurs de Delta. Les pilotes, seuls syndiqués en nombre, ont quant à eux signé un accord distinct en mars 2023, incluant de fortes revalorisations.
À la différence de ses concurrents directs (American Airlines ou United), Delta s’est toujours illustrée par un très faible taux de syndicalisation, fruit d’un équilibre délicat entre dialogue social et avantages internes. Cette politique proactive, qui inclut salaires compétitifs, part variable et culture d’entreprise forte, vise à convaincre les salariés qu’ils n’ont pas besoin d’un syndicat pour voir leurs intérêts défendus.
La compagnie a aussi été la première à rémunérer ses PNC dès l’embarquement des passagers, marquant ainsi des avancées significatives sans pression externe.
Delta : une politique de partage des bénéfices généreuse.
À ces augmentations s’ajoutent des primes de performance particulièrement attractives. En février 2025, Delta a ainsi versé 1,4 milliard de dollars à ses salariés, soit environ 10% du salaire annuel moyen par employé : un record dans l’industrie aérienne américaine !
Ce partage des profits constitue un levier puissant de mobilisation interne et de cohésion sociale, permettant à la compagnie d’impliquer ses équipes dans les résultats de l’entreprise.
Une réponse aux vents contraires du secteur.
Dans sa communication interne, Ed Bastian, CEO de Delta, n’a pas éludé les incertitudes économiques liées aux tensions commerciales globales. Mais il a réaffirmé la philosophie de l’entreprise : « Depuis un siècle, Delta repose sur une conviction : investir d’abord dans nos équipes, pour qu’elles offrent l’excellence à nos clients. Cette vision nous a permis de traverser les crises et guidera notre deuxième siècle d’existence. »

Conclusion.
En annonçant une nouvelle augmentation salariale de 4% à ses salariés non syndiqués, Delta réaffirme une stratégie de ressources humaines atypique dans l’aérien américain : anticiper les revendications en offrant plus que le minimum. Un pari risqué, mais payant jusqu’à présent. La compagnie semble avoir compris qu’un climat social apaisé peut être un puissant moteur de performance, surtout dans une industrie où le moindre conflit peut clouer les avions au sol.
Et vous, pensez-vous que cette politique volontariste peut durablement tenir face aux pressions syndicales qui s’intensifient dans le secteur ?
Julien.