IndiGo, première compagnie aérienne indienne par la taille de sa flotte et de son réseau, convertit 30 options en commandes fermes d’Airbus A350-900, portant le total à 60 appareils. Un pas de géant pour un transporteur jusqu’ici fidèle à un modèle 100% mono-classe sur monocouloirs. Avec cette évolution, accompagnée d’une stratégie de montée en gamme, la low-cost géante semble vouloir jouer dans la cour des grands sur le long-courrier.
Une montée en puissance industrielle et stratégique pour IndiGo.
La conversion de ces options en commandes fermes auprès d’Airbus marque une accélération spectaculaire du virage amorcé fin 2023. L’entrée des premiers A350 dans la flotte est prévue pour 2027. Ces appareils viendront compléter une flotte déjà colossale : plus de 360 avions en service aujourd’hui, dont 14 livrés chaque mois en moyenne, et une commande historique de 500 monocouloirs passée lors du dernier salon du Bourget.
L’ambition ? Renforcer le rôle d’IndiGo comme acteur majeur du hub India-to-the-world, en connectant les mégapoles indiennes aux grandes destinations internationales via un réseau long-courrier à haute densité. Avec l’A350, la compagnie s’ouvre les portes de l’Europe, de l’Asie-Pacifique et potentiellement de l’Amérique du Nord, dans un contexte de forte croissance de la demande indienne sortante.
IndiGo : un changement de paradigme sur le produit.
IndiGo, jusqu’alors connue pour son modèle ultra-simplifié en monoclasse Economy, a récemment présenté un siège Business pour ses opérations futures. Le produit, dévoilé dans une version recliner, se rapproche davantage d’une Premium Economy que d’un standard Business full flat et full access.
Il ne s’agit pas encore d’un saut qualitatif radical, mais plutôt d’une évolution stratégique mesurée, destinée à élargir la base clientèle sans trahir l’ADN de rentabilité de la compagnie. Le choix d’un siège intermédiaire traduit une logique de maîtrise des coûts sur un modèle long-courrier très compétitif, tout en captant une partie de la clientèle willing-to-pay.
Ce nouveau produit incarne une volonté de montée en gamme. Une approche qui pourrait séduire une partie de la clientèle indienne et régionale à la recherche d’un compromis entre confort et accessibilité. Il sera notamment déployé vers Bangkok, Singapour, Phuket ou encore Dubaï.
IndiGo aujourd’hui : géant discret, ambitions mondiales.
Fondée en 2006, IndiGo est devenue en moins de deux décennies la première compagnie aérienne d’Inde et d’Asie du Sud, et l’un des plus gros clients d’Airbus au monde. Son modèle s’appuie sur une flotte jeune, un réseau domestique hyperconnecté, une fiabilité opérationnelle élevée et une politique tarifaire agressive. La compagnie transporte plus de 100 millions de passagers par an, avec des taux de remplissage qui dépassent régulièrement les 85%.
Mais le marché indien change. La croissance explosive du trafic international sortant (+24% en 2023 vs 2019) crée une nouvelle donne : celle d’une classe moyenne urbaine en quête de confort, de vols directs et de nouvelles destinations. L’arrivée des A350 s’inscrit dans cette dynamique, avec une volonté de positionner IndiGo comme le champion du long-courrier made in India.
Conclusion.
Avec cette évolution de commande, IndiGo change d’échelle. Derrière le chiffre impressionnant se cache une stratégie plus subtile qu’il n’y paraît : maintien d’un ADN de rentabilité, montée en gamme progressive, réponse calibrée à la nouvelle demande indienne. Si le pari du long-courrier à haute densité n’est pas sans risques, il pourrait bien faire d’IndiGo l’un des acteurs clés de l’aviation internationale dans la prochaine décennie.
Et vous, pensez-vous qu’un modèle long-courrier hybride à l’indienne peut s’imposer face aux géants du Golfe et d’Asie ?
Julien.
