Deux ans seulement après avoir présenté son concept au précédent Dubai Air Show, Airbus concrétisait son projet Fello’Fly il y a quelques jours. En effet, l’avionneur européen a réalisé mardi dernier une véritable démonstration de son concept en grandeur nature en permettant à deux Airbus A350 de survoler l’Atlantique en formation. L’objectif : réduire la consommation de carburant et, de fait, les émissions de dioxyde de carbone. Matthieu Duvelleroy, responsable presse pour Airbus, nous donne tous les détails de ce concept en marge de cette nouvelle édition du Dubai Air Show.
Fello’fly par Airbus.
Airbus a de grandes ambitions.
En effet, l’avionneur européen veut compter parmi les leaders de la décarbonation du transport aérien. À cet effet, les projets se multiplient au sein même des équipes du constructeur dans la perspective d’obtenir, à l’horizon 2050, la neutralité carbone de notre secteur industriel.
Si le transport aérien n’est responsable que de 2% environ des émissions mondiales de gaz à effet de serre, Airbus, à l’instar d’autres acteurs du secteur, sait qu’à terme, il sera nécessaire d’offrir aux voyageurs des solutions moins polluantes pour demeurer attractif.
Le projet « fello’fly » en fait partie à part entière.
Ainsi, le 9 novembre 2021, l’avionneur européen a fait voler deux avions commerciaux en formation à la manière des oiseaux migrateurs. Basé sur le biomimétisme, l’objectif de ce projet ambitieux est de réduire de (jusqu’à) 10% la consommation de carburant et, de fait, les émissions de dioxyde de carbone.
Deux Airbus A350 (un avion de dernière génération déjà plus efficace sur le plan opérationnel et environnemental) ont donc survolé l’océan Atlantique afin de rejoindre le Canada. Les avions retenus pour ce premier test de grande envergure n’étaient autres que les célèbres MSN1 (F-WXWB) et MSN59 (F-WMIL).
« Fello’fly c’est un projet qui a été lancé en 2019. L’idée étant, à travers le biomimétisme des oiseaux migrateurs, que deux avions se suivent et que le deuxième utilise les turbulences générées par le premier pour être légèrement surélevé et avoir beaucoup moins besoin de puissance pour se maintenir dans les airs. De fait, si on réduit la puissance, on réduit la consommation. Nos ingénieurs ont travaillé sur le projet et ont développé une adaptation du logiciel de bord pour que le deuxième avion de la formation puisse se stabiliser et suivre, à 3 kilomètres de distance et 300 mètres en dessous, et l’avion qui le précède. En pratique, imaginons un avion qui part de Londres, un autre de Paris, et qui volent vers New York. Ces derniers se donnent rendez-vous au dessus de Shannon et, pendant toute la traversée transatlantique, sont à 3 kilomètres l’un de l’autre. Ainsi, le deuxième appareil bénéficie des trainées du premier et réduit sa consommation. Ce projet implique nécessairement une coopération entre les différents acteurs : les compagnies aériennes mais aussi les responsables du trafic aérien international. Ainsi, pour ce premier projet grandeur nature, nous avions avec nous French Bee, SAS Scandinavian, mais aussi tous les opérateurs de la gestion du trafic en France, en Grande-Bretagne mais aussi au Canada. Aidés par la DGAC en France, nous avons réalisé cette première mission où nous avons libéré un espace pour les deux avions, partis de Toulouse le 9 novembre 2021 vers Montréal. Les deux appareils ont effectué une traversée de l’Atlantique en 7 heures et 30 minutes environ. Avec ce vol, nous savons d’ores et déjà qu’il est possible d’économiser 5% de la consommation en carburant (soit 6 tonnes de kérosène). D’autres étapes sont, ultérieurement, prévues comme ajouter un autre appareil à la formation. Pour l’heure, il s’agit de faire voler cette formation à l’occasion de véritables vols commerciaux. Il existe un fort engagement des compagnies aériennes. L’OACI était même présente avec nous au Canada. L’objectif demeure la décarbonation du transport aérien à l’horizon 2050 : soit zéro émission ! Par ailleurs, outre l’emprunte écologique, les compagnies aériennes réduiront leur consommation en carburant donc les dépenses en énergie. Et puisqu’il s’agit d’une adaptation de logiciel, le déploiement à grande échelle peut être effectué rapidement et adapté sur n’importe quel type d’avion. » – Matthieu Duvelleroy, responsable presse pour Airbus.
Conclusion.
S’il reste du chemin à parcourir avant un déploiement à grande échelle auprès des opérateurs du transport aérien, Airbus innove et cherche à proposer des solutions permettant à notre industrie d’atteindre la neutralité carbone.
L’avionneur européen veut compter parmi les leaders de la décarbonation et permettre à notre secteur de demeurer attractif.
Team TTC.