Récemment, Cathay Pacific s’est retrouvée sous le feu des projecteurs en raison notamment des conséquences des manifestations pro-démocratie à Hong Kong. En effet, si dans un premier temps la compagnie aérienne a, par la voix de son directeur général, menacé les salariés qui soutiendraient ou se trouveraient impliqués dans cette révolte populaire de sanctions disciplinaires, elle a également et dans un second temps dû se résoudre à se passer des services de Rupert Hogg et Paul Loo, respectivement numéros 2 et 3 de Cathay Pacific, sous la pression de Pékin.
Qatar Airways sur le qui-vive !
Arrivés récemment à la tête de la compagnie aérienne de Hong Kong, Augustus Tang (en tant que nouveau directeur général) et Ronald Lam (en tant que nouveau directeur de la clientèle et des affaires commerciales) sont notamment confrontés à un cours de l’action qui dévisse. Hier encore, l’action de Cathay Pacific reculait de 0,58% pout s’établir à 10,24 HKD (soit près de 1,18 EUR).
Pour mémoire, les principaux actionnaires de la compagnie aérienne sont :
- SWIRE à hauteur de près de 45% du capital
- Air China à hauteur de près de 30% du capital
Augustus Tang est d’ailleurs un transfuge du conglomérat hongkongais.
Mais ce n’est pas tout.
En effet, Qatar Airways est également actionnaire de Cathay Pacific. La compagnie aérienne basée à Doha détient ainsi près de 10% du capital de la compagnie de Hong Kong. Le groupe dirigé par Akbar al Baker, avait fait l’occasion à bon prix de ces parts du capital lorsque Cathay Pacific traversait, en 2017, une phase difficile sur le plan économique et structurel.
Jusqu’à présent, Qatar Airways s’était cependant abstenue de révéler un quelconque dessein d’accroissement de ses participations chez Cathay Pacific.
Dans une interview accordée hier à Reuters, Akbar al Baker a annoncé que le groupe Qatar Airways était prêt à renforcer ses positions chez sa consoeur de l’alliance oneworld. Cette nouvelle participation, si elle était rendue possible par le panel d’actionnaires actuels, pourrait s’élever à 10% supplémentaires du capital de Cathay Pacific. Par ailleurs, le Président-directeur général qatari a renouvelé sa confiance envers la compagnie aérienne de Hong Kong.
« Cathay Pacific est là pour rester, pour se développer et pour servir la population de Hong Kong et de la Chine, car Hong Kong fait partie intégrante de la Chine continentale. (…) Nous ne nous soucions pas de la marque, nous ne nous soucions pas de la viabilité de la compagnie aérienne. » – Akbar al Baker, Président-directeur général du Groupe Qatar Airways.
On note ainsi qu’Akbar al Baker se positionne en faveur de Pékin en considérant publiquement que la région administrative spéciale chinoise fait partie intégrante de la Chine continentale. Il ne faut cependant pas oublier que le gouvernement central chinois est l’un des principaux clients de Qatari LNG. En effet, en 2018, la Chine aurait fait l’acquisition de 12,7 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié auprès du Qatar. Diplomatie oblige.
Outre le groupe Qatar Airways, Air China pourrait également augmenter ses participations au sein du capital de Cathay Pacific renforçant ainsi encore un peu plus l’emprise de Pékin sur la compagnie aérienne de Hong Kong. Là encore, Akbar al Baker s’est déclaré favorable à cette ambition.
« En tant que compagnie aérienne, nous sommes très favorables à la relation entre Air China et Cathay Pacific. » – Akbar al Baker, Président-directeur général du Groupe Qatar Airways.
Pour que le groupe qatari puisse faire l’acquisition d’actions supplémentaires, Akbar al Baker devra attendre leur disponibilité. Avec une augmentation éventuelle de la participation d’Air China, le doublement la présence de Qatar Airways au capital de Cathay Pacific demeure incertain.
Conclusion.
Outre l’effet d’annonce, Akbar al Baker renouvelle ainsi sa confiance en Cathay Pacific.
En émettant l’ambition de doubler sa participation au capital de la compagnie aérienne de Hong Kong, le Président-directeur général du groupe qatari affirme ses positions. L’avenir de Cathay Pacific se construira en collaboration avec Air China, déjà actionnaire à hauteur de 30% du capital.
Stratège en cette période troublée, Akbar al Baker s’attache incontestablement les faveurs de Pékin.
Lorsque l’on sait que le gouvernement central est en grande partie responsable du départ de Hogg et Loo, la ligne de conduite semble être la plus logique ! 😉
Tyler.