Le bilan financier 2024–2025 de Singapore Airlines vient d’être publié, et les chiffres donnent le vertige. La compagnie réalise un bénéfice net historique de 2,8 milliards de dollars de Singapour. Mais derrière cette performance, se cachent des tensions sur les marges, une prime exceptionnelle à relativiser et des perspectives économiques plus sombres qu’il n’y paraît.
Un résultat net en trompe-l’œil ?
Le chiffre brut impressionne : 2,8 milliards de dollars de Singapour de bénéfice net pour l’exercice clos le 31 mars 2025. Mais à y regarder de plus près, 1,1 milliard provient d’un gain comptable exceptionnel, non récurrent, lié à la fusion d’Air India et Vistara, où Singapore Airlines détient une participation. Le résultat d’exploitation réel, lui, s’établit à 1,7 milliard, en recul sensible par rapport aux 2,7 milliards enregistrés l’année précédente.
Ce tassement s’explique par la baisse des yields (revenus unitaires), conséquence directe de la remise en capacité rapide du marché international. Le taux de remplissage moyen recule de 1,4 point à 86,6%, tandis que le revenu au siège-kilomètre disponible diminue de 6,3%. Des tendances observées chez d’autres majors, mais qui montrent que le pic de rentabilité post-Covid est déjà derrière nous.

Une prime record pour les salariés de Singapore Airlines.
Dans ce contexte, la compagnie confirme le versement d’une prime équivalente à 7,45 mois de salaire pour ses employés. Un chiffre élevé, certes en légère baisse par rapport aux 7,94 mois versés l’an passé, mais qui reste exceptionnel à l’échelle mondiale. Cette rétribution repose sur un accord de partage des profits préexistant avec les syndicats.
Comparativement, Emirates vient d’annoncer une prime de 22 semaines (environ 5 mois) pour ses salariés, tandis que Delta, réputée pour sa politique généreuse aux États-Unis, plafonne à 10% du salaire annuel. Chez Singapore Airlines, les bonus contractuels représentent donc une part significative de la rémunération globale, renforçant l’attractivité du groupe dans la région Asie-Pacifique.
Singapore Airlines : un avenir plus nuancé.
Malgré ces bons résultats, la compagnie prévient : l’environnement reste fragile. Le transport aérien est confronté à des tensions commerciales, des incertitudes géopolitiques, une inflation persistante et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Singapore Airlines affirme surveiller attentivement l’évolution des marchés et s’appuyer sur ses forces structurelles : portefeuille à double marque avec Scoot, réseau diversifié, solidité financière, compétences internes et digitalisation avancée.
La compagnie souligne également les opportunités liées à sa position géographique. Son hub à Singapour demeure une plateforme naturelle entre Asie du Sud-Est, sous-continent indien et Pacifique. Mais encore faut-il que le trafic premium, principal levier de rentabilité, ne s’érode pas davantage face à une offre très concurrentielle.
Conclusion.
Singapore Airlines reste un modèle de rigueur opérationnelle et de qualité de service, mais l’année 2024–2025 signe peut-être la fin d’un cycle d’hyper-rentabilité lié au rebond post-pandémique. Si les salariés sont justement récompensés, l’équation économique s’annonce plus complexe pour la suite.
Et vous, pensez-vous que Singapore Airlines saura maintenir sa performance dans un marché mondial plus tendu ?
Julien.