La Première classe est devenue un territoire d’exception dans un monde aérien en pleine rationalisation. De plus en plus de compagnies abandonnent cette cabine élitiste au profit de produits Business toujours plus sophistiqués. Dans ce contexte, que vaut encore l’offre de SWISS, filiale premium du groupe Lufthansa ? Analyse critique d’un vol en cabine SWISS First entre Paris et Delhi via Zurich, à l’occasion de la 81e édition de l’AGM IATA.
Une correspondance optimisée, une signature SWISS First.
Le parcours commence à Paris, avec un pré-acheminement vers Zurich en classe Affaires (sur un vol opéré par Edelweiss pour le compte de SWISS). Un retard imprévu (40 minutes) aurait pu compromettre la suite du voyage tant la correspondance était prévue courte à Zurich (1h10 pour un temps minimum de connexion de 40 minutes). Pourtant, SWISS déploie sans délai un service personnalisé : une berline BMW électrique avec chauffeur attend au pied de l’appareil pour acheminer directement vers le vol long-courrier. Les formalités de police sont accélérées, l’embarquement se fait sans attente mais en porte. Le dispositif est efficace, précis, mais reste discret ; loin du cérémonial qu’offre Air France La Première, où l’on est escorté depuis le salon jusqu’à la porte de l’avion sur le tarmac, dans une mise en scène du véritable luxe à la française.
Une cabine SWISS First qui accuse le poids des années.
À bord de l’Airbus A330-300, la cabine Première de SWISS, disposée en 1–2–1, propose seulement 8 sièges. L’intimité est mesurée, la sensation d’espace appréciable. Mais dès les premiers instants, un constat s’impose : le produit est daté. Les lignes du siège, le système de divertissement, l’esthétique globale, rien n’atteint les standards de raffinement affichés par des compagnies comme Emirates, Singapore Airlines ou Air France sur leurs Boeing 777-300ER. Le confort est bien là, mais le luxe visuel et technologique se fait discret, presque suranné.
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Un lit digne d’une vraie Première classe.
Côté repos, le siège se transforme en un véritable lit parfaitement horizontal, agrémenté d’un surmatelas confortable, d’une couette épaisse et de deux oreillers moelleux. Un pyjama de la marque Zimmerli est également offert ainsi qu’une superbe trousse de confort contenant des produits signés Sisley. C’est l’un des points forts du produit. En vol de nuit, la qualité du sommeil est indéniable, sur un vol de jour, elle est optimale. Là encore, l’expérience reste concentrée sur l’efficacité : confortable, mais sans véritable rituel signature qui distingue la haute couture du prêt-à-porter aérien.





Une restauration appliquée.
Le service à bord incarne une rigueur irréprochable : discret, professionnel, attentif. Le personnel maîtrise son rôle à la perfection, sans jamais une fausse note. Pourtant, dans cette excellence helvétique parfaitement huilée, on aurait pu craindre une forme de froideur distante, une absence de ce supplément d’âme qui rend l’expérience véritablement mémorable. Il n’en fut rien. L’hôtesse dédiée à mon service durant les sept heures de vol entre Zurich et Delhi s’est montrée exemplaire d’attention et de délicatesse.
Le repas, quant à lui, se révèle soigné, bien présenté, mais manque de panache. Pas de prouesse culinaire ni de surprise marquante. Le moment le plus incarné de cette expérience gustative reste sans doute la dégustation du champagne : une excellente cuvée Louise 2006, servie avec constance et élégance.







SWISS First : une offre qui mérite tout de même mieux que l’héritage.
SWISS continue de proposer une Première classe authentique, à une époque où beaucoup l’ont abandonnée ou vidée de sa substance. Mais ce maintien ne suffit pas. Dans le segment ultra-premium, l’inertie est un risque. L’ambition des concurrents, qu’ils soient du Golfe, d’Asie ou d’Europe, impose aujourd’hui une refonte. Or, sur A330, si cette refonte de l’offre, y compris de Première classe, est programmée à l’année prochaine pour les 14 appareils, des problèmes, notamment liés au poids du produit, persistent.
Avec l’arrivée prochaine de ses Airbus A350, SWISS s’offre surtout une véritable opportunité : celle de réinventer sa Première. Le nouveau produit SWISS Sense, voulu iconique, qui conjugue excellence helvétique, design contemporain et hospitalité incarnée, est en passe de remporter les suffrages. N’oublions pas, qu’en 2025, continuer à proposer un service rigoureux ne suffit plus : il faut émerveiller !

Conclusion.
En choisissant SWISS pour ce voyage en Première vers Delhi, on espère vivre une expérience de haut vol. Et on obtient une belle exécution. Mais est-ce encore suffisant dans un monde où Emirates, Singapore Airlines ou Air France repoussent sans cesse les limites du raffinement ?
Et vous, pensez-vous que SWISS doit repenser en profondeur son offre Première pour rester dans la course du très haut de gamme ?
Julien.