Lors de la 80ème édition de l’Assemblée Générale Annuelle IATA (AGM), Rafael Schvartzman, Vice-Président Régional pour l’Europe de l’Association Internationale du Transport Aérien, a exposé les défis pressants auxquels est confronté le secteur du transport aérien sur le vieux continent : l’occasion pour ce dernier de rappeler la nécessité pour l’Europe de relever les défis de la compétitivité et de restaurer sa dynamique économique dans le domaine du transport aérien.
Les trois C : Coût, Capacité et Consommateur.
Rafael Schvartzman a identifié trois domaines clés, surnommé « les trois C » par IATA, qui nécessitent une attention particulière pour améliorer la situation de l’industrie du transport aérien en Europe : le Coût, la Capacité et les préoccupations du Consommateur. Les correctifs sur ces axes, nécessaires, permettraient de combler, en partie, le retard par rapports à d’autres régions du globe et contribueraient à sortir l’industrie du transport aérien sur le vieux continent de son déclin relatif auquel elle doit faire face.
Coût.
Les coûts pour les compagnies aériennes augmentent considérablement en Europe, selon les données présentées par l’Association. De nombreux frais, comme les taxes et les prélèvements environnementaux, sont supportés par les transporteurs et deviennent de plus en plus élevés, ce qui affecte les bénéfices des compagnies aériennes : en moyenne, ces dernières n’enregistrent que 6,14$ (soit 5,66€) de bénéfice par passager – l’équivalent d’un café, comme aime à le rappeler Willie Walsh.
Ainsi, et par exemple, les coûts des services de navigation aérienne ont augmenté de manière significative (soit 1,5 milliard d’euros ces deux dernières années), sans que cela ne se traduise par de meilleures performances.
« Si cette augmentation était justifiée par une amélioration des performances, les augmentations pourraient être acceptables. Mais nous savons que cet été, les retards risquent d’être plus importants qu’en 2019. » – Rafael Schvartzman, Vice-Président Régional pour l’Europe de IATA
Pour IATA, la taxation n’est pas la réponse à tout, encore moins lorsqu’elles ont vocation à assurer la durabilité du secteur. En mai 2024, l’Allemagne a augmenté sa taxe passagers d’environ 19%, et le Royaume-Uni prévoit d’augmenter encore la taxe sur les passagers aériens. Les Néerlandais, les Danois et les Hongrois ont tous lancé un programme d’augmentation ou déjà augmenté les taxes sur l’industrie du transport aérien.
« Nous pensons que les taxes sur l’aviation sont contre-productives car elles réduisent soit la connectivité, soit le pouvoir d’achat dans l’économie, plus que ce que rapportent ces taxes à court terme. En plus, elles n’ont presque aucun impact sur les émissions de gaz à effet de serre. » – Rafael Schvartzman, Vice-Président Régional pour l’Europe de IATA
Capacité.
L’expansion de la connectivité aérienne est entravée par des problèmes de capacité, comme l’a souligné Schvartzman. Pour IATA, il est nécessaire d’investir dans les infrastructures aéroportuaires existantes et d’utiliser les ressources disponibles de manière plus efficace. Pour mémoire, la réduction de la capacité aéroportuaire, comme cela s’est produit récemment à l’aéroport de Schiphol, pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie européenne dans son ensemble.
« Même si la construction de nouvelles pistes est politiquement impossible, il y a beaucoup à faire pour améliorer la capacité des infrastructures existantes. De nouveaux postes de stationnement et terminaux, une meilleure utilisation de la digitalisation pour améliorer les flux de passagers à travers l’aéroport et de nouveaux scanners pour accélérer la sécurité pourraient aider. Schiphol a récemment réduit ses créneaux en raison du manque de places pour stationner tous les avions ! Avec une telle pression sur le développement futur des aéroports, il est essentiel d’utiliser les infrastructures de manière efficace. » – Rafael Schvartzman, Vice-Président Régional pour l’Europe de IATA
Consommateur.
Les règles de protection des consommateurs, à l’instar du règlement européen EU261, doivent être réformées depuis 2013 pour améliorer la compétitivité du secteur. En effet, ces règles, qui ont vocation à protéger les passagers, coûtent aux compagnies aériennes environ 5 milliards d’euros par an en compensation (et 1 milliard en coût), ce qui nuit gravement à leur rentabilité sans avoir permis de réduire les problématiques des retards (qui relèvent davantage du contrôle que des transporteurs désormais).
De plus, les nouvelles règles pour la gestion des frontières, telles que le système Entry/Exit (EES) prévu fin 2024 et le système ETIAS dont l’entrée en vigueur est programmée à l’horizon 2025, auront un impact significatif sur les opérations des compagnies aériennes et des autres acteurs du secteur du fait de dysfonctionnements structurels (harmonisation, …) à prévoir et d’un manque de coordination sur la communication déjà anticipé par IATA.
Conclusion.
Afin de restaurer sa compétitivité dans le domaine du transport aérien, l’Europe doit se concentrer sur le contrôle des coûts, l’augmentation de la capacité et la réforme des réglementations en matière de consommation. En renforçant la connectivité aérienne à travers le vieux continent et au-delà, le secteur de l’aviation pourra véritablement jouer un rôle dans le renforcement de l’économie européenne dans son ensemble.
Et vous, que pensez-vous des coûts qui pèsent sur les compagnies aériennes en Europe ? Pensez-vous qu’ils affectent la rentabilité de l’industrie ?
Julien.