Le 11 mai 2025, un Airbus A321neo de Turkish Airlines opérant le vol TK1771 entre Istanbul et Prague a connu un incident (heureusement) pas si fréquent : un tailstrike lors d’une remise de gaz déclenchée juste après le toucher des roues.
Turkish Airlines : un incident atypique sur un vol régulier.
Le vol TK1771 ne présentait a priori rien d’inhabituel : entre Istanbul (IST) et Prague (PRG), opéré ce jour-là par un Airbus A321neo âgé de cinq ans, immatriculé TC-LSL. À 14h19 locales, l’appareil touche la piste 12 de l’aéroport Václav Havel avant que l’équipage ne décide subitement d’interrompre l’atterrissage et de procéder à une remise de gaz.
C’est à ce moment précis que la queue de l’appareil entre en contact avec le sol. Le vol grimpe ensuite à 4 000 pieds, se repositionne, et atterrit sans encombre 15 minutes plus tard. L’avion rejoint son point de stationnement par ses propres moyens, mais reste immobilisé au sol dans les jours qui suivent. Le vol retour est, logiquement, annulé.
A Turkish Airlines Airbus A321-271NX, flight TK1771, suffered a minor damage in a tailstrike as the flight crew conducted a go-around after touching down on runway 12 at Prague Airport, Czechia.pic.twitter.com/AJiqhvvc35
— Aviation Safety Network (ASN) (@AviationSafety) May 14, 2025
Une météo clémente, une approche stable, un geste mal calibré ?
Ce qui frappe d’emblée dans cet incident, c’est son caractère inattendu. Les conditions météo étaient calmes. Aucun vent, aucune pluie, pas de cisaillement rapporté. L’approche semblait stable, et la décision de remise de gaz intervient après le toucher, un moment où les automatismes, même sur Airbus, demandent une vigilance extrême.
L’enregistrement vidéo de la scène montre un cabrage particulièrement violent de l’appareil, typique d’un ordre au sidestick mal dosé ou d’une coordination imparfaite en cockpit. Le nez se soulève brutalement, provoquant une incidence telle que la queue vient frapper le tarmac. L’alerte est d’ailleurs donnée non par l’équipage, mais par le pilote d’un autre appareil au sol, qui contacte la tour pour signaler l’événement.
Tail Strike Reported on Turkish Airlines Aircraft in Prague
Turkish Airlines flight #TK1771 from Istanbul to Prague, operated by Airbus A321neo (reg. TC-LSL), reportedly experienced a tail strike during landing at Prague Airport. The aircraft initiated a go-around and safely… pic.twitter.com/krGkgg8BH1
— AirwayBuzz (@AirwayBuzz) May 11, 2025
Midyat, une triste anecdote pour Turkish Airlines.
L’appareil incriminé, TC-LSL, porte un nom qui ne manquera pas d’interpeller les passionnés d’aviation les plus attentifs : Midyat. Ce nom avait déjà été attribué à un Boeing 737-800 de Turkish Airlines, écrit off en 2019 après un accident à l’atterrissage. Faut-il y voir un simple clin d’œil ou une fâcheuse répétition ? La symbolique n’échappera à personne dans une industrie pourtant très marquée par la superstition.
A #turkishairlines #Boeing 737-800 (TC-JGZ) performing flight TK467 from Istanbul suffered a nosegear collapse on landing at #Odessa Airport, #Ukraine. The 737 was attempting its 2nd #landing after previously going around. All passengers were evacuated.#aviationnews pic.twitter.com/WL9GYCbgBa
— Aviation for Aviators (@Aviaforaviators) November 22, 2019
La remise de gaz : une procédure courante, un moment critique.
Les « go around » sont une procédure standard, enseignée, maîtrisée, et régulièrement utilisée. Ce sont des décisions de sécurité avant tout. Mais lorsqu’ils sont déclenchés après le toucher, ils deviennent plus complexes. L’avion, engagé dans sa décélération, doit brutalement réaccélérer, avec une inertie importante et une marge réduite pour corriger la trajectoire. Sur un A321neo, un monocouloir long, proche du sol, la prudence est essentielle.
Dans le cas de TK1771, tout indique une exécution trop agressive de la manœuvre. Le facteur humain est probable. Mais les enquêtes devront aussi déterminer si un facteur technique (réponse des moteurs, calcul d’assiette, automatisme) a pu jouer un rôle.
Turkish Airlines : un opérateur sûr, mais sous observation.
Ce n’est pas la première fois que Turkish Airlines se retrouve au cœur de l’actualité pour des incidents techniques ou des manœuvres inhabituelles. Si sa flotte est jeune, dense et largement modernisée, l’opérateur doit faire face à une croissance rapide, une logistique complexe, et une pression de performance constante. Les tailstrikes restent rares, surtout en phase de remise de gaz, mais l’incident de Prague rappelle que la sécurité opérationnelle repose aussi sur la fluidité des automatismes et des réflexes à bord.
Conclusion.
Le spectaculaire tailstrike du vol TK1771 est moins un accident qu’un signal faible. Il interroge sur la gestion du facteur humain dans les phases critiques, sur la formation des équipages aux remises de gaz post-touchdown, et sur la manière dont les compagnies gèrent les retours d’expérience techniques.
Et vous, avez-vous déjà vécu une remise de gaz ? Que pensez-vous de l’épisode Turkish Airlines ?
Julien.