La compagnie aérienne Delta Air Lines relance ces jours-ci une campagne de « status match ». Ce terme un peu barbare signifie que la compagnie américaine a décidé d’être généreuse avec son programme de fidélité afin d’augmenter le nombre de titulaires de comptes Skymiles.
Le principe : les nouveaux arrivants qui voyageant normalement à bord de compagnies concurrentes sont directement élevés aux rangs les plus prestigieux du programme de fidélité.
Bien entendu ce genre de pratiques, assez fréquentes dans le milieu aérien et hôtelier, ne se fait pas sans conditions. Il faut, pour être éligible, être d’ores et déjà titulaire d’un statut chez une autre compagnie aérienne. D’ailleurs Delta a bien fait les choses puisque les compagnies ciblées sont clairement listées dans un tableau qui indique de façon claire quel statut sera récupéré en fonction de celui acquis ailleurs.
Certaines équivalences démontrent que les niveaux de statuts sont bien respectés à l’image du Gold de British Airways qui malgré son nom indique bel et bien le plus haut niveau de fidélité de la compagnie britannique.
D’autres équations semblent en revanche ne pas tomber juste : le statut HON Circle de Lufthansa ou encore la Concierge Key d’American Airlines sont des statuts très largement supérieurs à un Platinum en terme de seuil d’acquisition et de traitement client …
Ce qu’il faut comprendre ici c’est que Delta ne permet en aucun cas d’attendre le niveau Diamond via cette campagne de status match. Le plus haut niveau de fidélisation, pourtant un niveau standard (et non sur invitation comme la Concierge Key), reste donc relativement inaccessible.
A l’inverse, offrir la possibilité aux clients d’Alaska Airlines de récupérer facilement un statut SkyTeam Elite ou Elite Plus est particulièrement généreux car cette compagnie ne fait partie d’aucune alliance, et même son statut le plus élevé, le MVP Gold 75k, n’offrent que de faibles rétributions, et en aucun cas des accès salons – l’aspect le plus prisé d’un statut.
Les largesses de Delta sont assez illimitées puisqu’il semble que le statut de toute autre compagnie non-listée peut être considéré pour le match. Visiblement donc n’importe quelle compagnie oneworld ou Star Alliance peut donc être ciblée, voire même les compagnies à part telles Emirates ou Jet Airways (membre Etihad Partners).
L’inscription.
Rien de plus simple : il suffit de se rendre à cette adresse et insérer ses coordonnées (noms, numéro de compte, et adresse e-mail).
En bas de la page, il convient de joindre une photo de sa carte de fidélité chez une compagnie concurrente ou une capture d’écran de la page récapitulative du compte, ainsi que vérifier les critères d’éligibilité brièvement rappelés :
Une fois ces quelques clics effectués, il ne reste plus qu’à attendre 7 à 14 jours ouvrés pour être matché.
Conserver le statut : un vrai « défi ».
Avec cette campagne, Delta perpétue une tradition très américaine – que pratiquent aussi United et American : le challenge. Dans les faits, la compagnie ne fait pas cadeau du statut si simplement. Dès lors que le statut est matché, le client qui souhaite le conserver doit remplir une mission, un challenge, pendant les 90 jours qui suivent cette date de départ.
Quiconque est éligible à concourir au statut Gold devra, pendant cette période, effectuer 12 500 miles ou 15 vols qualifiants à bord de compagnies partenaires (SkyTeam et quelques autres comme Alaska, Gol, etc.). Le paramètre « MQD » (les dollars qu’il est nécessaire de dépenser chaque année dans le cadre du revenue-based) est donc exclu.
En étant matché Gold au Jour-1, il est donc possible de conserver ce statut au-delà de la période de challenge de 90 jours si la mission est remplie. Si le challenger échoue à atteindre les objectifs fixés mais dépasse le seuil de 6 250 miles ou 8 segments, il continuera le reste de l’année avec le niveau Silver.
Si il est possible d’être déclassé de la sorte, il n’est en revanche pas possible de monter de niveau : même en parcourant plus de 18 750 miles ou 25 vols qualifiants, le challenger du statut Gold ne pourra pas devenir Platinum à l’issue des 90 jours. Pour ce faire il devra, pendant le reste de l’année, obéir aux critères de bases, à savoir 75 000 miles ou 100 vols.
Quoiqu’il en soit en démarrant le challenge ces jours-ci, le statut (éventuellement) gagné au bout des trois mois sera effectif jusqu’au 31 janvier 2018 – soit une période de temps assez réduite de 12 mois.
Les spécificités du programme Skymiles.
Delta Air Lines avait été pionnière dans la refonte de son programme en revenue-based. Ce principe signifie, chez Delta, deux choses.
- Côté statut, la qualification requiert une somme en USD qu’il faut dépenser chez la compagnie tous les ans (il ne suffit plus de voler un certain nombre de miles ou de vols qualifiants).
- Côté miles « prime », le cumul ne se fait plus en fonction de la distance parcourue mais exclusivement de la somme déboursée – pondérée en fonction du statut du voyageur.
Ces aspect en a fait un programme peu enviable – bien que largement copié par United, American, et probablement bientôt Air France et British Airways – pour la plupart des observateurs et voyageurs fréquents, mais il ne faut pas oublier que tous les partenaires Delta font gagner des miles selon la méthode traditionnelle de la distance.
Conclusion.
Cette campagne de status match est évidemment très intéressante.
Obtenir le statut SkyTeam Elite Plus avec seulement 15 vols – le même nombre qui ne permet que de gagner un statut Silver chez Flying Blue par exemple – est une formidable opportunité.
Attention toutefois à bien étudier le programme Skymiles car si celui-ci est très intéressant notamment pour la politique d’upgrade ainsi que les « Choice Benefits » qui sont des gains additionnels, il demeure assez contraignant sur des points-clés comme l’accès aux SkyClubs sur des vols domestiques, l’accumulation de miles, et leur utilisation à cause d’un système devenu assez illisible ces dernières années.
Tyler.
[…] Ce status match intéressera probablement le plus grand nombre car China Southern ne le conditionne à aucune activité particulière comme c’était le cas chez United, ou encore chez Delta il y a quelques mois. […]