Etihad Airways signe son retour au premier plan. En confirmant aujourd’hui une commande de 28 avions gros-porteurs auprès de Boeing, la compagnie nationale des Émirats arabes unis ne se contente pas d’étoffer sa flotte : elle envoie un signal clair à l’industrie, à ses concurrentes du Golfe et à l’avionneur américain. À un mois jour pour jour de l’ouverture du Salon du Bourget, le timing comme le contenu de cette annonce disent beaucoup plus qu’il n’y paraît.
Une commande de consolidation, mais porteuse d’ambitions pour Etihad.
Etihad vient de confirmer l’acquisition de 28 appareils répartis entre Boeing 787 Dreamliner et Boeing 777X, équipés de moteurs GE et de leur package de maintenance. Aucun détail précis n’a été donné sur la ventilation exacte du carnet de commandes, mais l’intégralité des livraisons est attendue à partir de 2028, dans le cadre d’un plan de développement étalé jusqu’en 2035.
Pour Antonoaldo Neves, le PDG d’Etihad Airways, « cet engagement reflète la gestion soigneuse de (leur) flotte ». Mais derrière cette prudence de langage, se dessine une ambition plus nette : doubler la taille de la compagnie d’ici 2030, une trajectoire inédite depuis les années d’expansion effrénée sous l’ère Hogan.
Etihad : le retour d’un grand rival du Golfe.
Souvent éclipsée par Qatar Airways et Emirates, Etihad revient véritablement dans le jeu. Après plusieurs années de restructuration douloureuse, une réduction drastique de son réseau et une simplification de sa flotte, la compagnie d’Abu Dhabi adopte une approche différente : moins spectaculaire, mais bien plus solide.
En réaffirmant son choix pour le Boeing 777X, alors même que Qatar Airways vient d’en commander 30 de plus dans une opération colossale de 210 appareils options incluses, Etihad s’aligne à nouveau sur les standards du très long-courrier ultra-premium, avec une probable montée en gamme produit à venir. En effet, Etihad n’a jamais caché son ambition de proposer une alternative haut de gamme différenciante sur le marché.
Boeing retrouve la faveur d’Abu Dhabi.
Après des années de crispations entre constructeurs et clients du Golfe (on se souvient des tensions entre Qatar Airways et Airbus, ou des révisions de commandes chez Etihad), Boeing reprend du terrain dans la région. Cette commande, modeste en volume comparée à celle de Qatar Airways, renforce pourtant la crédibilité retrouvée de l’avionneur américain sur les gros-porteurs.
Ce retour en grâce s’inscrit dans une dynamique plus large : après la méga-commande de Qatar Airways, l’autre grand client du Golfe adresse à son tour un message de confiance, au moment où Boeing peine encore à certifier le 777X et à regagner en stabilité.
Une signature aux allures géopolitiques.
Difficile de ne pas voir dans cette commande un geste autant industriel que diplomatique. Les Émirats arabes unis entretiennent une relation stratégique avec les États-Unis, et cette signature intervient dans un contexte de forte visibilité américaine au Moyen-Orient, tandis que Donald Trump y effectue une tournée symbolique.
Aujourd’hui, c’est donc Abu Dhabi qui parle fort. Etihad ne signe pas au Bourget, mais bien un mois avant, en terrain ami, en réaffirmant sa souveraineté industrielle et son indépendance stratégique.

Conclusion.
Avec cette commande, Etihad se replace dans la course, non par la surenchère, mais par la constance. Loin de l’époque des acquisitions tous azimuts, la compagnie construit un modèle affiné, rentable, à forte ambition premium. Pour Boeing, c’est un client clé qui confirme sa confiance. Pour le marché, c’est un signe que la rivalité entre les trois grandes compagnies du Golfe pourrait entrer dans une nouvelle ère, plus stratégique, plus structurée, et plus impitoyable que jamais.
Et vous, pensez-vous qu’Etihad pourra s’imposer à nouveau face à Qatar Airways et Emirates dans la décennie à venir ?
Julien.