Air France a le mérite de savoir sauver les meubles malgré un coup de frein avéré sur la montée en gamme depuis le départ d’Alexandre de Juniac, ancien Président-directeur général du Groupe Air France-KLM, désormais nouveau patron de IATA (l’Association Internationale du Transport Aérien).
Il faut bien le reconnaître, nous étions intarissables d’éloges il y a quelques jours lorsque nous évoquions le produit Business de la compagnie tricolore sur une ligne pourtant habituée aux errements. En effet, Air France sortait son épingle du jeu en proposant un produit plus qu’acceptable (aidé, à titre infiniment exceptionnel, par le positionnement d’un Boeing 777-200 rétrofité) sur l’une de ses lignes COI : Maurice – Paris.
Cependant, chez Air France, de nombreux dossiers restent en suspend depuis plusieurs mois (ou années ?) et notamment l’épineuse question du retrofit des Airbus A380 de la flotte tricolore.
Sous l’ère de Juniac, Air France s’était engagée dans une montée en gamme sans précédent et Ô combien nécessaire afin de maintenir un semblant de positionnement de leadership sur la scène internationale du transport aérien. Distancée par la concurrence depuis des années, l’ancien patron avait su, contre vents et marées, redresser la barre en imposant, entre autres, ce vaste chantier destiné à améliorer l’expérience passagers à bord de ses appareils.
Lorsque l’Airbus A380 a été pensé par l’avionneur européen, il s’agissait avant tout de proposer aux compagnies aériennes un vaisseau amiral qu’elles pourraient utiliser afin de porter haut leurs couleurs. Si les succès commerciaux de cet appareil n’ont pas toujours été au rendez-vous, il serait mensonger que de dire que l’avion n’a pas su s’attirer les faveurs des voyageurs, amateurs ou non d’aéronautique. Par ailleurs, l’appareil regorge d’améliorations techniques, novatrices dans le secteur de l’aérien.
Air France possède aujourd’hui 10 Airbus A380 dans sa flotte, sans prendre en compte les quatre puis deux options complémentaires transformées en définitive en trois Airbus A350. Actuellement, 9 sont en service, un appareil s’étant posé en urgence à Goose Bay, en raison d’une avarie sur le moteur 4 lors d’un vol reliant Paris à Los Angeles.
Des photos impressionantes de l'incident sur l'@Airbus #A380 du vol @ParisAeroport– Los Angeles ! #PaxEx #Avgeek pic.twitter.com/4657PjOKbx
— The Travelers Club (@zeTravelersClub) 2 octobre 2017
Mais voilà, si certaines compagnies aériennes (aujourd’hui leaders sur le marché) ont su saisir l’opportunité offerte par l’avionneur européen et son A380 – à l’instar notamment d’Emirates, ou de Groupes européens avec Lufthansa (LH Group), British Airways (IAG), … – Air France divague depuis des mois et des mois ne sachant que faire de cet appareil qui semble malheureusement lui peser comme un fardeau.
Certains murmurent au sein de la compagnie aérienne que le nouveau Président-directeur général du Groupe Air France – KLM, Jean-Marc Janaillac, aurait commandé des rapports internes et des analyses quant à l’opportunité de conserver ce bel appareil au sein de sa flotte. Il faut dire qu’il semble plus facile de rétrofiter un Airbus A340 destiné à une compagnie dont la cible est les « millenials » que de rétrofiter l’A380 où le produit La Première fêtera prochainement ses 10 ans (11 ans à l’horizon 2020) d’existence sans l’ombre d’une amélioration significative.
Aujourd’hui, la compagnie aérienne tricolore semble s’être arrêtée sur un ersatz de projet : elle conservera ses Airbus A380 (la compagnie tricolore dispose de 5 appareils en pleine propriété et de 5 appareils loués).
Mais c’est là où le bât blesse, encore une fois.
Air France est lente sur le sujet des rétrofit.
Très lente.
Preuve en est, si tenté qu’il en fallait une : aucun avion équipé de nouvelles cabines ne verra le jour avant 2019 (avec notamment les Airbus A330). On a bien entendu tous en tête le pseudo rétrofit des Airbus A340 dédiés à Joon : une vaste blague, notamment sur le produit Affaires qui ne sera que « mieux habillé ».
Quant à l’Airbus A380 … il se murmurait qu’Air France ne prendrait aucune décision effective de rétrofit avant 2020.
Elle semble néanmoins se tenir à ce calendrier hasardeux, c’est déjà un bon point.
Pour mémoire, lorsque Lufthansa s’est malheureusement trompée en proposant un produit Business très largement en dessous de la concurrence, celle-ci s’est ravisée avec une réactivité remarquable en rétrofitant ses appareils très rapidement. Comme quoi, tout est possible 😉 !
Ainsi, la compagnie tricolore enverrait en rétrofit son premier Airbus A380 en septembre 2020.
La fin du rétrofit de ces 10 appareils s’entendrait à l’horizon 2022. Mais là encore, on ne sait si Air France conservera ses 10 appareils d’autant plus qu’en cas de non renouvellement des contrats de location, les appareils concernés seraient amenés à sortir de la flotte dès 2020.
Quant au produit La Première – qui ne dégage pas toujours les résultats escomptés du côté d’Air France -, celui-ci demeurait visiblement en suspend. Néanmoins, que les amateurs de cet écrin luxueux se rassurent, certains contrats corporates exigent la détention d’un produit de Première classe pour valider le partenariat. En effet, trois des plus gros contrats corporates d’Air France imposeraient à celle-ci ce produit comme condition sine qua non.
Avec certitude, la classe La Première, sera positionnée au pont supérieur.
À l’heure actuelle, nous ne savons toujours pas si elle sera composée de 4 ou 8 sièges.
Néanmoins, il s’agirait du même siège (Oasis, ndlr) que sur Boeing 777-300ER, produit par B/E Aerospace.
Seul le rideau semblerait disparaître au profit d’une porte coulissante. Cependant, cette décision ne demeure pas tranchée …
Encore beaucoup de sujets en suspend finalement !
Conclusion.
Chez The Travelers Club, nous restons dubitatifs quant à cette incapacité pour Air France de trancher.
Airbus semble pourtant avoir mis à disposition des compagnies un outil pour mettre en avant le meilleur de leur produit.
Restons à voir maintenant si Air France sera en mesure de proposer un produit en adéquation avec la longueur de l’attente ressentie par les clients fréquents … mais il est permis d’en douter ! 😉
Tyler.