Treize mois seulement après le début des opérations de Joon, la filiale d’Air France tire le rideau sur ses activités aériennes. Le nouveau Président-directeur général du groupe Air France – KLM en a décidé ainsi : la jeune compagnie aérienne, petite soeur d’Air France, cesse ses opérations.
Pourtant, tout avait bien démarré. En effet, fin septembre 2017, Air France convoquait les médias à une conférence de presse organisée en grande pompe afin de dévoiler l’identité de sa nouvelle marque : Joon. Quelques semaines plus tard, la jeune compagnie aérienne prenait les airs pour ses premières destinations moyen-courrier après avoir présenté ses aménagements intérieurs. Nous avions d’ailleurs eu l’occasion de découvrir le produit à bord à destination d’un vol entre Paris et Barcelone, en Business et en Economy.
Mais voilà, Joon n’a pas su séduire Benjamin Smith, récemment arrivé aux commandes du groupe franco-néerlandais préférant se rencontrer sur l’image de marque véhiculée par Air France pour assurer les succès futurs.
Voilà, c’est fini.
Nous avions déjà fait écho des bruits de couloir de novembre dernier.
En effet, notre consoeur, Valérie Collet du Figaro, annonçait le 10 novembre que Benjamin Smith n’avait pas été convaincu par le concept « hybride » de la jeune compagnie aérienne et avait décidé de mettre fin à son plan de vol. Cette décision, actée par la nouvelle Direction d’Air France, devait encore être présentée au Conseil d’Administration.
Pour mémoire, la compagnie aérienne, à mi-chemin entre la low cost et la traditionnelle (d’où son appellation de compagnie « hybride »), devait permettre à Air France de se maintenir sur des lignes déficitaires en repensant sa structure de coûts. En définitive, le modèle économique de Joon reposait sur le statut des personnels navigants commerciaux et sur leur rémunération : le coût des hôtesses et stewards chez Joon étant inférieur d’environ 40% à celui de la même catégorie de personnel chez Air France.
Un peu moins d’un an après le début d’exploitation de Joon, s’est trouvé confrontée à d’ennuyeuses problématiques comme notamment :
- des conditions de travail des PNC jugées intolérables par les syndicats et les principaux intéressés (temps minimum de repos insuffisants entre les vols, salaires faibles, arrêts de travail à répétition, …)
- une menace de grève imminente émanant des navigants commerciaux
- un turn over très important des navigants commerciaux
- une réduction des coûts relatifs aux prestations proposées à bord (les plats froids sur le moyen-courrier Joon vs. les plats chauds sur le moyen courrier Air France, …)
- une qualité de service en berne
- de nombreux problèmes techniques sur des appareils, certes réaménagés, mais vieillissants
- la difficulté pour Joon de pérenniser les Seychelles à l’année contrairement à l’engagement d’Air France
Compte tenu de tous ces éléments, la décision est officiellement tombée aujourd’hui et Benjamin Smith doit désormais l’annoncer à son personnel. Joon sera donc absorbée par Air France dans le cadre d’une fusion-absorption. Cette absorption fera disparaître définitivement la (jeune) marque Joon.
Cette absorption intègrera également les actifs de la compagnie aérienne.
En effet, ce sont 13 Airbus A320 et 4 Airbus A340 qui viendront (re)grossir la flotte d’Air France. Quid des aménagements intérieurs qui avaient été repensés pour Joon ? Air France effacera t-elle l’ardoise pour revenir aux aménagements précédents ? Seul l’avenir (proche) nous le dira.
L’intégration des équipages commerciaux au sein d’Air France.
Nous nous étions posé la question de l’avenir des équipages commerciaux en novembre.
Benjamin Smith est parvenu à la signature d’un nouvel accord avec le personnel navigant commercial, représenté par les trois principaux syndicats représentatifs : SNPNC, UNAC et UNSA-PNC (ces trois syndicats représentant 76% des suffrages aux dernières élections). Ce nouvel accord prévoit l’intégration de 600 hôtesses et stewards au sein d’Air France.
Afin de palier notamment aux vives critiques qui émanent des navigants commerciaux de Joon portant sur leur rémunération, ils seront intégrés chez Air France au niveau de rémunération des nouveaux embauchés. Par ailleurs, ils bénéficieront des mêmes avantages en vigueur que ceux dévolus aux salariés d’Air France dont ils feront désormais partis.
En contrepartie, les syndicats représentatifs ont accepté une évolution de carrière moins rapide pour les ex-Joon que celle des salariés Air France ; comme c’est aujourd’hui le cas pour les nouvelles embauches.
Les économies qui avaient été réalisés sur ces embauchés Joon (et qui permettaient à Air France de réduire ses coûts d’exploitation sur des lignes déficitaires) appartiendront désormais au passé.
Se recentrer ?
Benjamin Smith a déjà tout compris. En mettant un point final au chapitre Joon, l’unique fait marquant de son prédécesseur, il corrige un certain nombre d’incompréhensions.
« Malgré les impacts incontestablement positifs de Joon, notamment le travail remarquable des équipes Joon qui ont lancé et fait vivre la compagnie, la marque a dès le début été difficilement comprise par les clients, par les salariés, par les marchés, par les investisseurs.
La multiplicité des marques a créé de la complexité et a malheureusement affaibli la puissance de la marque Air France.
L’intégration de Joon au sein d’Air France devrait apporter de nombreux avantages, notamment l’harmonisation de la flotte, des produits, de la marque. »
Le nouveau Président-directeur général du groupe franco-néerlandais veut s’appuyer sur la marque Air France pour continuer à aller de l’avant. Son objectif semble être l’harmonisation de « la flotte, des produits et de la marque ». Nous ne pouvons que louer cette décision essentielle.
« La simplification du portefeuille de marques, capitalisant sur la marque Air France, est un atout indéniable pour nos clients, nos salariés et tous nos partenaires. Ce projet devrait se réaliser sans impacter l’efficacité économique du groupe Air France-KLM. »
C’est en proposant une qualité de service uniforme, sur l’ensemble de son réseau, que la compagnie aérienne pourra lutter avec la concurrence.
Conclusion.
Jusqu’à la finalisation du projet de reprise par Air France, les vols Joon demeureront opérés par la compagnie aérienne.
Benjamin Smith ne nous surprend pas tant que cela : il partait déjà avec l’avantage de l’expérience. Le nouveau Président-directeur général a su appréhender rapidement et efficacement la compagnie aérienne tricolore, et son environnement concurrentiel, sans oublier les attentes de ses clients.
Espérons que l’avenir nous donne raison de croire ses capacités ! 😉
Tyler.
Quid de HOP? Un bien vilain nom, ça aussi . Mais je suppose que là également, le statut des personnels est différent de celui d’AIRFRANCE?