Après la Chine, la Corée du Sud a été le deuxième pays le plus touché par l’épidémie du coronavirus à l’aube de l’infection . Dans une note adressée hier à tous ses employés, la direction de Korean Air a annoncé qu’elle ne serait bientôt plus en mesure de garantir la survie de l’entreprise compte tenu de la crise internationale née de cette épidémie.
Un transporteur fortement impacté.
Indépendamment de l’habituel optimisme du Président de Korean Air, Woo Kee-hong, le mémo adressé hier aux employés de la compagnie laisse planer le doute quant à la survie du transporteur dans l’hypothèse où la crise venait à perdurer.
En effet, Korean Air a averti que l’épidémie de coronavirus pourrait menacer sa survie dans cette note.
C’est la BBC et Reuters qui ont révélé les premiers le contenu de ce memo interne.
« Nous ne pouvons pas prévoir la durée de la crise. Mais si la situation se prolonge sur une plus longue période, nous pourrions atteindre le seuil où nous ne pourrons plus garantir la survie de l’entreprise ».
Un porte-parole de Korean Air a par ailleurs déclaré à la BBC que cette note interne avait pour but d’encourager les employés et de demander de la compréhension afin de surmonter ensemble la crise.
« Nous avons traversé de nombreuses difficultés au cours des 51 dernières années, et je suis convaincu que nous surmonterons cette crise ensemble ».
La Corée du Sud a été fortement impactée par les restrictions visant à freiner la propagation du virus que ce soit à l’international ou sur son propre territoire national.
Ainsi, et par exemple, la compagnie aérienne a été contrainte de réduire de plus de 80% sa capacité à l’international.
De plus, la flotte de Korean Air est, en grande partie, clouée au sol. Sur 146 avions actuellement en service, 100 sont, jusqu’à nouvel ordre, immobilisés dont la sous-flotte de 10 Airbus A380.
🔴 @KoreanAir cloue au sol l’ensemble de sa flotte d’@Airbus #A380 ! ✈ pic.twitter.com/JqEQxSa7j7
— The Travelers Club (@zeTravelersClub) March 10, 2020
Toutes ces restrictions génèrent un nombre important de salariés au chômage technique.
C’est pourquoi Korean Air a fortement encouragé ses salariés à prendre un congé volontaire afin de ne pas pénaliser davantage les comptes de la compagnie aérienne.
Oui, mais pas que.
Il est évident que la situation économique de la compagnie aérienne s’est fortement dégradée depuis le déclenchement de l’épidémie qui a touché de plein fouet la Corée du Sud.
Néanmoins, à l’instar d’Asiana, les finances de Korean Air sont depuis plusieurs années en très mauvaise posture.
Asiana a, par exemple, déjà reçu un renflouement important de la part d’un consortium d’entreprises coréennes en 2019 afin de garantir sa survie temporaire. Ainsi, selon le Nikkei Asian Review :
« Le groupe de construction HDC Hyundai Development est venu à la rescousse d’Asiana Airlines en difficulté avec une offre de 2 milliards de dollars, mais un nouveau réalignement est jugé inévitable pour l’industrie du transport aérien du pays.
Un consortium impliquant Hyundai Development et le principal courtier Mirae Asset Daewoo a été sélectionné comme soumissionnaire privilégié de la compagnie aérienne, a annoncé le 12 novembre la société mère Kumho Industrial.
Hyundai Development achètera une participation de 31% de Kumho ainsi que les actions nouvellement émises d’Asiana dans le cadre du plan, en prenant le contrôle majoritaire de la compagnie aérienne criblée de dettes ».
Par ailleurs, et indépendamment de tout constat économique, Korean Air a été critiquée ces dernières années pour sa gestion de l’entreprise, confrontée à l’indignation nationale (et internationale) compte tenu des attitudes de la famille propriétaire à l’égard des salariés, impliquée dans divers scandales ayant eu pour conséquence de faire chuter les cours de l’action en bourse, … de nombreux facteurs qui sont venus ternir l’image de la compagnie aérienne en somme.
Conclusion.
La Corée du Sud est-elle trop petite pour abriter à elle seule deux transporteurs majeurs (ainsi qu’une multitude de petits transporteurs low cost) que sont Korean Air et Asiana ? La question semble se poser pour certain.
En effet, le pays compte 51 millions d’habitants répartis sur un territoire qui compte 3 aéroports (Séoul-Incheon, Séoul-Gimpo et Busan) : c’est moins que le Japon (124 million d’habitants) mais plus que Taïwan (24 millions d’habitants), deux pays à disposer chacun de deux compagnies aériennes majeures (respectivement All Nippon Airways – Japan Airlines et China Airlines – EVA Air).
Pour l’heure, le pronostique vital de Korean Air n’est pas engagé. Seul l’avenir ainsi que la prolongation ou non de la crise nous le dirons.
Il se murmure cependant dans le secteur de l’aérien tout entier que certaines compagnies réputées plus fragiles ne passeront pas la crise. À voir ensuite la réponse qui sera apportée par les gouvernements nationaux et les efforts faits pour les soutenir … ou non.
Tyler.