Les États-Unis, coutumiers du fait, ont fait le choix il y a quelques semaines, d’établir un embargo unilatéral sur l’emport en cabine de tout équipement électronique d’une taille supérieure à celle d’un téléphone portable.
La raison invoquée par le Department of Homeland Security : les groupes terroristes internationaux auraient acquis les capacités technologiques nécessaires à la confection d’engins explosifs de petite taille et indétectables par les appareils à rayons X qui équipent actuellement la majorité des aéroports.
Jusqu’à présent, cette mesure ne s’applique qu’aux vols et compagnies originaires de certaines escales du Moyen-Orient. Une restriction jugée, sans le dire, impartiale et injuste, et qui conduit rapidement les compagnies concernées à mettre en place des solutions adaptées pour leurs passagers.
#electronicsban 🚫 pic.twitter.com/U3S7sdkipy
— Royal Jordanian (@RoyalJordanian) 23 mars 2017
Extension à l’Europe ?
Depuis quelques jours, une rumeur circule à propos d’une extension de ces restrictions aux vols en provenance d’Europe.
Si rien n’est confirmé à ce stade, le DHS a annoncé par la voix de son porte-parole qu’une telle mesure était en effet mise à l’étude depuis un certain temps.
No final decisions made on expanding the restriction on large electronic devices in aircraft cabins; however, it is under consideration 1/2
— ARCHIVED DHS Spokesperson (@SpoxDHS) 10 mai 2017
DHS continues to evaluate the threat environment and will make changes when necessary to keep air travelers safe. 2/2
— ARCHIVED DHS Spokesperson (@SpoxDHS) 10 mai 2017
Mais une photo postée hier sur le forum spécialisé FlyerTalk a pour le moins défrayé la chronique.
Cette photo, prise à l’aéroport de Cincinnati selon son auteur, a de quoi créer le trouble ! En effet au départ de cet aéroport seul CDG est desservi à l’international – en dehors du Canada et du Mexique. Or, la compagnie semble ici annoncer que sur le vol retour, l’emport en cabine d’équipements électroniques sera soumis à restrictions.
Delta a promptement réagit en indiquant que cette cette pancarte était une initiative isolée et n’indiquait pas un changement à court terme du règlement de la compagnie.
The current restriction on larger electronic devices applies only to flights departing the Middle East bound for the… 1/4
— Delta (@Delta) 13 mai 2017
Tout en laissant la voie ouverte pour de nouvelles restrictions à venir.
…continue to evaluate ways to align our procedures with a restriction in the event that it’s expanded to countries… 3/4
— Delta (@Delta) 13 mai 2017
Même chose d’ailleurs du côté du Homeland Security qui confirme qu’aucune nouvelle forme d’embargo n’est pour l’heure entrée en vigueur.
Check w/ @Delta on the sign but DHS has NOT made a decision on expanding the restrictions on large electronic devices from selected airports
— ARCHIVED DHS Spokesperson (@SpoxDHS) 12 mai 2017
Faut-il étendre l’Electronic Ban ?
Cette fuite en avant n’est pas aussi innocente qu’elle en a l’air de prime abord.
L’aspect sûreté.
Concernant la sûreté des passagers et des aéronefs, ce type de mesure ne permet en aucun cas de protéger intégralement et efficacement puisque rares sont les cas où des attaques ont été empêchées au dernier moment par ce type de scanner. Le plus souvent, des complicités entrent en jeu et l’assaillant est interpellé très en amont ou bien… parvient à ses fins à l’image de cet Airbus A321 somalien.
On pense également à l’Airbus russe désintégré, quelques mois plus tard, au-dessus du Sinaï par des groupes terroristes ayant réussi à y faire entrer un engin explosif de la taille d’une canette de soda…
Le ministre de l’intérieur John Kelly résume la situation :
Si les mesures des sûreté sont indispensables, imaginer pouvoir stopper le terrorisme est un vœu pieux.
L’electronic ban : une menace ?
Le décret qui vise à interdire les équipements électroniques en cabine impose de fait l’enregistrement de ces appareils dans les soutes des avions.
Or, cet état de fait n’est pas sans risque pour la sécurité des passagers quand on sait que la majorité de ces équipements comportent des batteries au Lithium, une matière très hautement inflammable et difficile à éteindre le cas échéant comme l’ont démontré plusieurs accidents, dont certains mortels pour les occupants à bord.
En cabine, une poignée de ces objets est entre les mains des utilisateurs qui savent ce qu’il en font, et une combustion pourrait être stoppée aussitôt après avoir été détectée.
Les soutes sont bien entendu équipées de sondes et de capteurs, mais sur la majorité des avions elles demeurent inaccessibles pendant le vol. Il n’est alors possible de compter que sur des extincteurs automatiques et sans confirmation visuelle de la part du personnel de bord.
https://youtu.be/QeEI-PlRKyE?t=3m30s
Assumer une telle prise de risque pour les passagers des milliers d’avions qui volent chaque jour et chaque nuit vers les Etats-Unis est une forme certaine d’inconscience qui commence à en inquiéter beaucoup.
Conclusion.
Si le terrorisme est extrêmement présent aujourd’hui, en particulier en Europe, la majeure partie du travail consiste à défaire les projets avant leur mise en oeuvre.
Par ailleurs, d’autres contraintes logistiques liées à ce type de décret entre en ligne de compte si l’on imagine le nombre de passagers qui se verra refuser l’embarquement et devra remonter aux comptoirs d’enregistrement. Sans compter le filtrage qui devra être effectué par les compagnies et les aéroports pour déterminer qui embarque à destination des Etats-Unis par rapport au volume total de passagers internationaux.
Quoi que l’on en dise, cet electronic ban repose sur des bases rationnelles.
Mais si ce n’est qu’un outil mis en place par la nouvelle administration américaine pour mettre des bâtons dans les roues des compagnies aériennes en compétition avec les opérateurs américains, il ne s’agirait plus d’une mesure prétendument efficace, mais d’une faute ! 😉
Tyler.