En l’espace de quelques jours, Philippine Airlines a multiplié les annonces de partenariats avec deux compagnies majeures de l’alliance oneworld : Qatar Airways d’abord, puis Alaska Airlines. Si, prises isolément, ces coopérations peuvent sembler pragmatiques et opportunes, leur simultanéité interroge. Pourrait-il s’agir de premiers jalons vers une adhésion future à l’alliance oneworld ? Ou d’un exemple parmi d’autres d’un système de plus en plus éclaté, où les logiques d’alliances traditionnelles volent en éclats ?
Deux rapprochements stratégiques en une semaine pour Philippine Airlines.
Lundi 28 avril 2025, Qatar Airways annonçait un partenariat stratégique avec Philippine Airlines visant à renforcer la connectivité entre Doha et Manille. À compter du 16 juin, Philippine Airlines opérera un vol quotidien entre les deux capitales, sur lequel Qatar Airways apposera son code. Un accord qui facilitera les correspondances, notamment pour les passagers en provenance d’Europe, dont la France.
Aujourd’hui, Alaska Airlines, également membre de oneworld, officialise à son tour un partenariat avec la compagnie philippine. À la clé : l’accumulation et l’utilisation de miles dans le programme Mileage Plan, des réservations facilitée sur le site Alaska, et une meilleure synergie sur les routes transpacifiques reliant la côte ouest des États-Unis à l’Asie du Sud-Est.

Une cohérence étonnante et intrigante.
À première vue, rien d’illogique : Qatar Airways et Alaska Airlines sont connues pour tisser des liens au-delà de leur cercle d’alliés traditionnels. Mais ce double rapprochement avec Philippine Airlines suscite plusieurs interrogations :
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Pourquoi ces deux compagnies, pourtant très différentes dans leur ADN, s’associent-elles simultanément à Philippine Airlines, une compagnie ni membre d’une alliance ni réputée pour son excellence produit ?
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Est-ce un signe avant-coureur d’une volonté commune de faire entrer PAL dans oneworld, pour renforcer la présence de l’alliance en Asie du Sud-Est ?
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Ou au contraire, cette coopération pragmatique traduit-elle un affaiblissement des logiques d’alliance au profit de réseaux opportunistes et bilatéraux ?
Philippine Airlines et oneworld : une adhésion crédible ?
Philippine Airlines est historiquement isolée. Son réseau est solide, en particulier vers l’Amérique du Nord et l’Asie, mais elle a toujours peiné à s’insérer dans les grands blocs d’alliances mondiales. Techniquement, une intégration à oneworld serait possible, Qatar et Alaska pourraient même sans doute la soutenir, mais plusieurs obstacles demeurent : niveau de service inégal, infrastructure IT vieillissante, et flou stratégique à moyen terme.
D’un autre côté, rejoindre SkyTeam pourrait sembler plus naturel, notamment en raison des liens passés avec Korean Air ou Vietnam Airlines. Pourtant, aucun signe en ce sens.
Vers un éclatement des alliances ?
Ces dernières années, les alliances traditionnelles perdent en influence. Qatar Airways multiplie les partenariats en dehors de oneworld (avec RwandAir, Airlink, ou Virgin Australia). Alaska Airlines, de son côté, a épuré ses anciens partenariats post-intégration dans oneworld, mais semble garder une approche très utilitariste de ses alliances.
On assiste peut-être à un nouveau paradigme : celui d’un monde aérien délié, où les alliances structurées cèdent la place à des accords plus souples, réversibles, et axés sur des gains immédiats. Philippine Airlines, compagnie encore convalescente, y trouve un levier d’exposition sans engagement formel.
Conclusion.
Les rapprochements successifs entre Philippine Airlines, Qatar Airways et Alaska Airlines dessinent une trajectoire troublante mais captivante. S’agit-il d’une stratégie coordonnée en vue d’une future intégration dans oneworld ? D’un jeu de convergence opportuniste ? Ou du signe d’un éclatement des alliances au profit d’une aviation « à la carte » ?
Et vous, pensez-vous que Philippine Airlines aurait vocation à intégrer oneworld ? Ou est-ce une simple illusion stratégique dans un monde aérien de plus en plus éclaté ?
Julien.