Toutes les compagnies aériennes ont été touchées par la pandémie de coronavirus, y compris les plus solides. De cette crise sanitaire en découle désormais une crise économique, provoquée non seulement par la baisse intrinsèque de la demande mais également par un retour à la normale prévu, au mieux, à l’horizon 2023. Si ces dernières années l’aérien se portait, dans l’ensemble, plutôt bien, le virus force aujourd’hui les acteurs du secteur à se repositionner. Akbar Al Baker, le Président-directeur général du groupe Qatar Airways, qui est également forcé de faire des choix pour sa compagnie avait déjà demandé, avec force, aux avionneurs de s’adapter quant aux livraisons futures des nombreux avions commandés. Aujourd’hui, ce dernier a annoncé la suspension temporaire de toute nouvelle intégration d’appareils à sa flotte.
Deux ans sans nouveaux avions.
C’est une bien triste nouvelle que nous apprenons aujourd’hui. Akbar Al Baker, interrogé aujourd’hui par le média britannique Sky News, a annoncé suspendre pour deux ans minimum la livraison de nouveaux avions. Le Président-directeur général de Qatar Airways avait déjà prévenu les avionneurs au début du mois de juin 2020 en les invitant, avec force, à s’adapter aux besoins actuels du secteur.
« Nous avons d’ores et déjà notifié à Boeing et Airbus que nous ne prendrons aucune nouvelle livraison d’avion cette année ou même l’année prochaine » – Akbar Al Baker, Président-directeur général de Qatar Airways.
Si aucun nouvel appareil n’intégrera ces 18 prochains mois la flotte de la compagnie aérienne basée à Doha, cette dernière n’annule pas pour autant ses commandes en cours.
Ainsi, les avions qui devaient être livrés prochainement à Qatar Airways, sous 1 à 3 ans, seront différés sur une période pouvant aller jusqu’à 10 ans, en fonction de l’évolution de la situation du secteur du transport aérien et à la condition impérative que les avionneurs se soient adaptés, sans difficulté, au nouveau calendrier d’Akbar Al Baker.
« Si le secteur reprend et que le trafic croît de nouveau alors oui, nous accélérerons les livraisons de ces appareils retardés, mais les constructeurs doivent savoir que s’ils ne répondent pas favorablement à notre requête, alors nous devrons réévaluer nos relations commerciales sur le long terme avec chacun d’entre eux » – Akbar Al Baker, Président-directeur général de Qatar Airways.
En effet, les temps sont difficiles pour le secteur. Ainsi, si Qatar Airways reprend progressivement ses liaisons internationales cet été, il ne lui sera pas possible, pendant un temps, d’assurer un programme de vol équivalent à celui de l’avant pandémie de coronavirus.
Pour mémoire, Qatar Airways prévoit déjà de desservir, dès la fin de ce mois-ci, près de 80 destinations à travers le monde (contre 140 auparavant).
Récemment, la compagnie à l’oryx publiait une vidéo montrant sa flotte immobilisée sur la plateforme aéroportuaire Hamad. Si cette dernière s’est, depuis le départ, dit prête à repartir dès que possible, il n’en demeure pas moins que plusieurs avions resteront temporairement cloués au sol dans l’attente de jours meilleurs. L’intégration de nouveaux avions rendrait bancale la logique économique.
Qatar Airways possède plus de 160 appareils en commande auprès des deux principaux avionneurs dont :
- 10 Airbus A321LR
- 40 Airbus A321neo
- 28 Airbus A350-1000
- 10 Boeing 777-8
- 50 Boeing 777-9
- 23 Boeing 787-9
Un long report qui devrait peser lourd dans les comptes du constructeur européen et américain.
Licenciements, temporaires également.
Nous le savions depuis plusieurs jours, Qatar Airways s’apprête à licencier dans les prochaines semaines une partie de ses pilotes étrangers tout en réduisant les salaires à hauteur de 15 à 25% (suivant leur ancienneté) de ceux maintenus en poste au sein de la compagnie aérienne.
Par ailleurs, les navigants commerciaux sont aussi impactés par des licenciements massifs afin de permettre à Qatar Airways de passer ce cap difficile sans être, pour autant, en état de surpopulation à l’heure où la demande en transport est morne.
Toujours interrogé par Sky News, Akbar Al Baker s’est dit prêt à :
- réintégrer en priorité les salariés licenciés lorsque la demande sera de retour à un niveau d’avant-crise et ainsi leur permettre « de servir de nouveau Qatar Airways«
- augmenter les salaires qui auront été baissés en raison des restrictions budgétaires dès lors que les finances le permettront
Mais, face à la pandémie de coronavirus, Son Excellence l’assure : son but demeure de préserver, autant que possible, l’emploi au sein de Qatar Airways. N’oublions pas que ce sont eux, les salariés, qui œuvrent au quotidien afin d’assurer un niveau élevé de standards d’excellence.
Conclusion.
Il fallait s’y attendre : Qatar Airways a officiellement demandé le report, à long terme, des livraisons de ses avions. La compagnie aérienne basée à Doha, confrontée au même titre que les autres à une baisse de la demande, fera encore pendant un temps avec les avions qu’elle a déjà en flotte et qui sont, pour partie, encore immobilisés.
Akbar Al Baker espère un retour rapide de la demande afin notamment de réintégrer le personnel navigant licenciés, mettre un terme aux restrictions budgétaires, et remettre en mouvement sa stratégie d’expansion.
Tyler.