Décidément, on ne parle plus que de Etihad Airways ces derniers jours. Il faut dire que la compagnie émiratie fait l’actualité. Un évènement tout d’abord, puis une information ensuite viennent égayer l’avant-Salon du Bourget.
La nouvelle Alitalia était présentée à Rome la semaine dernière. Évènement d’importance pour la compagnie italienne qui se voit véritablement renaître après des années d’incertitudes quant à son avenir. Après les échecs successifs de rapprochement avec le groupe Air France-KLM, tant à cause des français que des italiens, c’est finalement d’Orient que viendra le salut de la compagnie nationale italienne.
En effet, Etihad rachetait 49% du capital avant de faire d’Alitalia une partenaire au sein de la nouvelle alliance du même nom : Etihad Partners.
Composée de 8 compagnies, cette nouvelle alliance a de quoi surprendre : y sont associés des petites compagnie – Air Serbia, Air Seychelles, Darwin Airline – des compagnies de plus grande importance – Jet Airways – et des compagnies membres d’alliances traditionnelles – Alitalia pour SkyTeam, airBerlin et sa filiale NIKI pour oneworld.
Un redécoupage naturel
L’histoire de l’aviation est émaillée de scissions, de fusion, d’éclatement et d’acquisition. C’est un processus naturel que l’on a beaucoup observé tout d’abord aux Etats-Unis puis en Europe. Les « actifs » d’une compagnie aériennes ayant une valeur considérables – flotte d’une part, droit de trafic d’autre part – dès qu’il s’en trouve une rencontrant des difficultés, les compagnies voisines ne mettent jamais très longtemps à lorgner ce capital.
C’est ce qui s’est passé avec une compagnie comme American Airlines hier, ce qui arrive à Alitalia aujourd’hui et qui arrivera sans doute avec d’autres compagnies demain.
Côté Français ?
La réaction pavlovienne anti-compagnie du Golfe n’a pas tardé à se manifester chez les observateurs, comme souvent rivés à l’instant présent et oubliant, pour ceux qui l’ont connu un jour, la notion de temps long qui est l’essence même de l’aviation civile.
Mais l’esprit rationnel de coopération aérienne n’avait pas quitté les décideurs aux sein des compagnies aériennes. James Hogan, CEO de Etihad Airways, annonçait hier, lors de l’Annual General Meeting de l’IATA, que la compagnie qu’il dirige avait signé un accord de développement de partage de code avec le groupe Air France-KLM.
Pour ce qui est de la filiale française du groupe, le partenariat actuel porte sur 9 destinations. Ce chiffre passe à 21 chez KLM. Et d’autres projets sont en cours comme la possibilité de partager les gains et les utilisations de miles des programmes de fidélité respectifs – une politique que Etihad a déjà eu l’occasion de mettre en place avec American Airlines notamment.
Les alliances traditionnelles dans le viseur ?
Il semble peu probable, si ce n’est improbable, d’envisager une entrée de Etihad Airways dans une alliance. Prenons la plus plausible : SkyTeam, dont Air France-KLM et Delta Air Lines tirent les ficelles presqu’exclusivement. Leur stratégie de communication repose quasi-intégralement sur l’anti-compagnie du Golfe. On voit mal dans ces conditions comment une compagnie de ce coin du globe pourrait les rejoindre autour d’une table de travail commune !
En outre, Etihad souhaite se développer sur une stratégie autre que celle des alliances. Il ne s’agit pas de regrouper des membres autour d’une politique de voyage commune mais bel et bien de créer des co-entreprises dans lesquelles Etihad est véritablement le patron.
Côté alliance, on ne semble pas décidé à se laisser faire. Le Managing Director de SkyTeam affirmait hier « Alitalia a été, est toujours, et restera membre de SkyTeam« .
#IATAAGM: « @Alitalia was part, is part and will continue to be part of Skyteam » — Michael Wisbrun, MD of the alliance.
— AirwaysNews (@AirwaysNews) 8 Juin 2015
Conclusion
De l’autre côté des Alpes, on semble un peu moins enclin à crier son amour pour l’alliance, comme le prouve un signal fort envoyé à la suite de la déclaration de Michael Wisbrun : Alitalia sort de l’Association des Compagnies Européennes (AEA) dont le principal objectif est précisément la lutte contre la montée en puissance en Europe des transporteurs du Golfe !
Si ce n’est pas un pied de nez à Skyteam …
Tyler.
[…] Depuis que Etihad Airways – par l’intermédiaire de Etihad Aviation Group – est montée au capital d’Alitalia en 2014 avant d’en faire un des membres de l’alliance Etihad Partners, la dernière des grandes compagnies du Golfe fait beaucoup parler d’elle. […]
[…] de Qatar Airways dans le capital d’une compagnie européenne n’est pas sans rappeler la stratégie depuis longtemps mise en place par Etihad Airways qui est progressivement montée à plus de 29% de participation au capital d’airBerlin et 49% […]
[…] l’allemande permet en effet d’ouvrir les vannes de la dépense tout en mettant en place une alliance solide, diversifiée, et dont l’emprise européenne n’a de cesse que de faire […]
[…] Alitalia est membre à la fois de l’alliance SkyTeam et de Etihad Partners. […]
[…] Les largesses de Delta sont assez illimitées puisqu’il semble que le statut de toute autre compagnie non-listée peut être considéré pour le match. Visiblement donc n’importe quelle compagnie oneworld ou Star Alliance peut donc être ciblée, voire même les compagnies à part telles Emirates ou Jet Airways (membre Etihad Partners). […]
[…] avec les concurrents du Golfe. Non pour en contrer l’expansion et non plus pour se vendre complètement à l’image d’Alitalia – même si l’apport de leurs capitaux est très […]
[…] savait la compagnie aérienne Etihad Airways en grandes difficultés. Ses investissements dans des compagnies européennes et asiatiques proches de la faillite avaient su… il y a quelques années, mais ses mauvais résultats financiers et ses désengagements successifs […]