Triste Saint-Valentin pour les amoureux de l’Airbus A380. En effet, Airbus a annoncé tout haut ce matin ce qui se murmurait tout bas depuis plusieurs jours : l’A380 ne sera plus produit. À l’occasion de la présentation annuelle des résultats financiers aujourd’hui à Toulouse, l’avionneur européen a confirmé l’arrêt de la production de son Super Jumbo en 2021. Pourtant Airbus a porté le programme à bout de bras ces dernières années (notamment en 2015 et en 2018 lorsqu’il était menacé), persuadé de parvenir à actionner le déclencheur qui permettrait à l’A380 de survivre.
Déjà la fin ?
Il y a tout juste un an, l’avenir du programme était suspendu aux lèvres d’Emirates, la compagnie aérienne opératrice du plus grand nombre de Super Jumbo. La compagnie aérienne de Dubaï, en commandant 36 nouveaux avions (20 appareils en commande ferme et 16 options) le 18 janvier 2018 avait redonné un peu de couleurs à cet avion mythique. Il faut dire que ces dernières années, malgré les efforts déployés et l’attrait véritable des voyageurs pour cet avion à double pont, les commandes ne se bousculaient pas aux portes d’Airbus. Sur 234 avions en service à ce jour, 109 le sont sous le pavillon d’Emirates.
Mais si l’Airbus A380 a été essentiel pour soutenir la croissance très rapide de la compagnie de Dubaï, aujourd’hui, face à un véritable besoin de repenser (y compris économiquement) son développement, Emirates s’est rétractée. En effet, la compagnie aérienne a converti sa commande de Super Jumbo en 40 Airbus A330-900 et 30 Airbus A350-900. À noter qu’en 2013, lors du Dubaï Air Show, la compagnie aériennes avait déjà commandé 50 nouveaux avions.
L’avionneur européen dispose encore de 14 A380 dans ses carnets de commande à livrer à Emirates avant 2021.
Au global, ce sont 80 appareils environ qui seront encore produits avant la fin du programme. Ce qui est peu, en définitive.
Il faut dire que la semaine dernière, Qantas avait déjà procédé à l’annulation du solde de sa commande de 2006. Au total, ce sont 8 A380 supplémentaires qui ont été rayés des carnets de commande d’Airbus. Un premier coup dur.
Si Emirates a modifié sa commande, il n’en demeure pas moins qu’elle poursuivra ses opérations avec une flotte d’Airbus A380 jeune. Celle-ci n’envisage pas le retrait définitif du Super Jumbo avant 2030 au moins. Du côté de sa rivale Qatar Airways (la compagnie possède une flotte récente, ayant reçu son dernier exemplaire l’année dernière), le retrait est programmé sous 10 ans selon les propos tenus par Al Baker la semaine passée à Doha. Enfin, dans nos contrées, Air France procèdera au retrait de 3 A380 en 2020 (le contrat de leasing parvenant à son terme) et de 2 A380 supplémentaires en 2022. La compagnie tricolore opèrera une flotte de 5 A380 rétrofités, le début du chantier étant prévu à l’automne 2020 (pour une mise en service de l’avion réaménagé en 2021).
À défaut d’être parvenu à séduire les compagnies aériennes chinoises (exception faite de China Southern), ou de baisser son prix comme demandé par Willie Walsh, le patron d’IAG (British Airways, Iberia, Vueling, Aer Lingus et Level), l’Airbus A380 n’a pas enregistré de nouvelles commandes significatives, mettant ainsi un coup d’arrêt définitif à ce programme âgé de 12 à peine. On se souvient encore du premier vol du Super Jumbo : un moment historique !
https://youtu.be/Zw01dja6Mgc
Conclusion.
Dans les prochaines semaines, l’avionneur européen livrera à ANA (la compagnie aérienne nippone) son premier des 3 avions commandés.
Le début d’une fin prématurée pour un si bel avion, aimé de tous les voyageurs. Son prix catalogue, les mutations du secteur de l’aérien, les craintes assumées de certaines compagnies pour remplir cet avion auront malheureusement eu raison des ambitions d’Airbus.
La fin d’une belle époque !
Tyler.
(Crédit photo de couverture : AFP Photo / Christophe Archambault)
Les deux plus belles réussites de l’aéronautique européenne auront connue une fin prématurée. En son temps le Concorde avait tout pour dominer le monde mais une crise pétrolière et un blocus américain auront eu raison de cette superbe machine. Idem pour l’A380 qui a fait peur aux Américains et qui a failli réussir son pari. Mais la technologie progressant, le pétrole augmentant et les besoins changeant, le succès n’a pas été au rendez-vous alors qu’il aurait pu faire une carrière de 50 ans comme le 747. Il sera facile aux détracteurs de dire après, on vous l’avait dit car le succès aurait été présent que personne n’aurait rien eu à redire.
Maintenant une nouvelle page se tourne pour Airbus
Quand Yves Galland, PDG de Boeing France déclarait à l’époque à propos de l’A380, « Ça va être un très beau et un très bel avion avec probablement un tout petit marché », et finalement Boeing avait raison car en lançant le 787, il pariait sur le développement des liaisons directes entre villes moyennes dites « point-à-point » et non des liaisons entre grands hubs comme Heathrow ou Roissy.
Airbus avait répliqué avec l’A350.
Les quadriréacteurs ont malheureusement vécu. L’A340 a été la première victime de la montée en puissance des bimoteurs sur le long-courrier, puis le 747.
Désormais le vaisseau amiral s’appellera le Boeing 777-9 qui prendra son envol en 2020.
Quand il est l’heure du bilan, peu de personnes regardent le positif, mais une majorité expliquent, chacun à sa manière, le pourquoi des ventes décevantes de l’Airbus A380. Cette spécialité française aéronautique n’est pas nouvelle, la Caravelle n’a pas fonctionné, le Concorde n’a pas fonctionné et maintenant le 380 subit « un échec cuisant ». Je n’irai pas dans ce sens si facile à critiquer quand Airbus est en peine d’arrêter son porte-drapeau. L’A380 est un agréable souvenir en tant que passager, j’ai eu le privilège de faire les premiers vols d’essai sur Londres avec Air France, puis de connaitre les dix appareils de la flotte Qatar Airways en business, boire un verre au bar au niveau 300 et faire quelques photos de ce magnifique aménagement. Tout cela, il aura fallu attendre, pour nous européens, que l’A380 le propose, tout comme la qualité de l’air ambiant, le réconfort de la masse transportée. Il ne faut pas se voiler la face cet appareil est plébiscité par les usagers qui le trouvent très agréable et reposant. Alors merci à Airbus d’avoir élaboré un appareil qui porte fièrement la technologie européenne, merci à Airbus d’avoir tant avancé dans la recherche pour cet appareil qui est le précurseur de la nouvelle génération A350 entre autre… 380 fois merci Airbus ! Soyons fiers !
Je ne comprends pas la proclamation de cet engouement de la part des passagers.
L’A380 c’est la même taux d’humidité dans la cabine et a priori la même pressurisation que les avions pré 787 – 350.
Même si plusieurs équipages sur différentes compagnies m’ont confirmé que c’était l’avion sur lequel les dits équipages avaient le plus de problèmes de santé.
Avantage apparent : le silence, oui, sauf si vous avez des piplettes jusqu’à 3 rangs de vous. Impossible d’échapper à leur conversation, idéal sur un Tokyo-Paris de jour.
Et quand 3 A380 arrivent en même temps, cela fait 1500 personnes à la douane.
Pour moi cet avion c’est du « more is more » et « more of the same », le dernier de la dernière génération.
Quelle révélation de confort lors de mon premier vol en 787, l’impression de sortir du combo métal+kérosène pour aller vers quelque chose de nettement plus fluide et doux.
En résumé : A380 : Gros, très gros, peu élégant