L’information n’est pas réellement nouvelle. En effet, nous avions déjà évoqué le(s) sort(s) qui pourraient être réservés à La Première d’Air France lorsque la compagnie aérienne aura cessé l’exploitation des Airbus A380 de sa flotte à l’horizon 2022. À cette échéance, la compagnie nationale devra se passer de 90 sièges offerts quotidiennement à ses clients, soit près de 55% de son offre d’aujourd’hui.
La Première, aujourd’hui.
La cabine La Première est disponible actuellement sur :
- 10 Airbus A380
- 19 Boeing 777-300ER
Les Airbus A380 offrent 9 sièges par avion, soit un total de 90 sièges.
Les Boeing 777-300ER permettent d’accueillir jusqu’à 4 passagers par avion, soit un total de 76 sièges.
En tout, l’offre de Première classe d’Air France a une capacité d’accueil de 166 clients.
Le nouveau produit La Première ne correspond qu’à 45,7% de l’offre disponible. C’est faible, d’autant plus qu’avec la sortie des Airbus A380 de la flotte, la Première classe ne sera disponible qu’à raison de 76 sièges. Cette perte rendra mécaniquement impossible la rentabilité du produit La Première d’Air France.
Avec un déploiement quasi-impossible de cette classe de voyage sur les éventuels futurs Airbus A330neo ou A350, La Première deviendrait alors un produit anecdotique.
L’offre, aujourd’hui : vers une série d’économies ?
Sur ce vol matinal, Air France propose à ses clients une prestation de type brunch. Comme en Business, ces prestations matinales ne reflètent pas ce que la compagnie aérienne a de meilleur à offrir.
En effet, les équipes au produit considèrent que, compte tenu de l’heure matinale de ces vols, les passagers ne sont pas désireux de profiter de caviar à bord, par exemple. Cette décision a également un impact positif sur le coût du plateau repas pour la compagnie aérienne puisqu’elle se dispense ainsi des marqueurs de la Première classe (du luxe, donc) qui ont un coût plus élevé.
Si sur un vol de 4 heures cette prestation demeure acceptable, Air France propose également ce brunch sur un Paris – New York (sur le vol le plus matinal : l’AF22).
Sur ce vol, la compagnie aérienne enregistre un nombre important de réclamation de ces clients de Première classe en raison de la qualité approximative de la prestation.
À noter également que de certains éléments du service sont communs avec la Business, à l’instar de certains pains, des viennoiseries ou encore des desserts.
Mais l’on retient surtout la descente vertigineuse de la carte des vins La Première.
De manière confidentielle, on parle en interne d’une réduction allant jusqu’à 30% sur le budget drink par passager.
Sur certaines bouteilles, la différence est flagrante.
En 2017, Air France servait comme Bordeaux un Château Léoville Poyferré 2006 : un vin de qualité à plus de 100 EUR la bouteille. Aujourd’hui, la compagnie aérienne propose un Château Canon 2012 1er grand cru : un vin à moins de 80 EUR la bouteille proposé occasionnellement en Business chez certaines compagnies aériennes du Golfe.
Quant au champagne, il semblerait que le Krug eu récemment besoin d’être sauvé (aux alentours de 170 EUR la bouteille), tandis qu’à une époque Air France proposait un superbe Laurent Perrier cuvée Alexandra 2006 (aux alentours de 250 EUR la bouteille).
Maintenir ou non La Première d’Air France.
Nos sources internes nous confirment que le produit La Première est désormais officiellement en question.
La compagnie aérienne (et ses très hautes instances) étudieraient actuellement la question du maintien ou de la suppression de la Première classe chez Air France.
Une analyse serait donc bien en cours.
Nous l’avions évoqué également, il existe plusieurs solutions.
Air France pourrait faire le choix de se contenter de 76 sièges pour son produit La Première. Néanmoins, cette solution la conduirait à ne privilégier que les destinations où il existe une véritable demande (payante) pour la First. Elles sont peu nombreuses. On peut cependant citer New York, Los Angeles, Tokyo – Narita, Hong Kong et plus généralement la Chine.
La compagnie aérienne pourrait, au contraire, avoir un raisonnement totalement différent. Elle prendra alors la décision de retirer définitivement son offre La Première du marché. Après tout, d’autres l’ont fait. Elle procèderai ainsi à la réimplantation de 2 rangées de sièges Business à la place de la superbe cabine de Première classe. Précautionneuse, Air France avait par ailleurs veillé à ce que les nouvelles suites La Première correspondent à deux rangs de Business, juste au cas où.
Autrement, Air France pourrait décider de développer son offre La Première. L’idée pourrait être, par exemple, d’ajouter un rang First (soit 8 sièges au total) et de concentrer le déploiement de l’offre vers des lignes à fortes demandes (évoquées ci-dessus). La capacité d’accueil serait ainsi portée à 152 sièges ; sensiblement identique à ce qui est aujourd’hui possible.
Enfin, et c’est une solution également envisageable, la compagnie tricolore pourrait déployer son meilleur produit sur les Airbus A350-1000 qu’elle pourrait commander. Néanmoins, soit le siège serait différent, soit Air France serait contrainte de proposer une configuration en 1 – 1 – 1, compte tenu notamment du fuselage plus étroit de l’appareil.
Le sort est désormais entre les mains de Oltion Carkaxhija (proche de Benjamin Smith et également transfuge d’Air Canada) et de son équipe.
Conclusion.
On constate de nouvelles réductions budgétaires sur le produit La Première d’Air France, à l’heure où sa rentabilité est remise en question.
Les mois qui suivront nous donnerons une bonne idée du maintien ou de la suppression de l’offre de Première classe.
Une chose est certaine cependant : tant que ce produit d’exception perdurera, il devrait être difficile pour Air France de nettement améliorer son offre Business.
L’éternel plafond de verre.
Tyler.