Décidément, l’industrie du transport aérien n’a pas fini de nous surprendre. Alors que Global Airlines, cette mystérieuse start-up aux allures de mirage, promet toujours de faire revoler l’Airbus A380, un nouveau nom vient s’inviter dans son sillage : James Hogan. L’ancien patron d’Etihad Airways, tristement célèbre pour sa stratégie de prises de participation désastreuses dans des compagnies européennes et asiatiques, entre au capital de Global Airlines par l’intermédiaire de son fonds d’investissement Knighthood Global. Une information révélée par notre confrère Ben Schlappig de One Mile At A Time.
Le grand retour de James Hogan mais par la petite porte.
James Hogan n’est pas un inconnu pour ceux qui ont suivi les grandes manœuvres du Golfe dans les années 2010. À la tête d’Etihad Airways, il orchestre une stratégie d’investissements croisés, baptisée Etihad Airways Partners, qui verra le transporteur d’Abu Dhabi injecter des milliards dans airberlin, Alitalia, Jet Airways, Air Serbia ou encore Air Seychelles. Le bilan ? Une série de faillites, de désengagements à perte, et un trou abyssal dans les comptes d’Etihad : près de 5 milliards de dollars en moins de trois ans. James Hogan quitte alors ses fonctions en 2017, laissant derrière lui un empire en ruines.
Aujourd’hui, c’est par le biais de Knighthood Global, sa structure d’investissement, qu’il refait surface. Et cette fois, la cible est Global Airlines, cette start-up britannique qui ambitionne de relancer des vols commerciaux en Airbus A380 sans avoir, pour l’heure, d’AOC, ni de date crédible d’entrée en service.
Global Airlines : rêve d’enfant ou chimère assumée ?
Depuis ses premières annonces, Global Airlines fascine autant qu’elle intrigue. Créée par James Asquith, un entrepreneur influent sur les réseaux sociaux, la compagnie clame vouloir « réinventer le voyage long-courrier en A380« . Le hic, c’est que ce projet repose, pour l’instant, davantage sur des communiqués que sur une quelconque activité opérationnelle.
Si l’on en croit les dernières déclarations, un premier vol « événement », opéré cependant par Hi-Fly, serait prévu ce mois-ci. Et Knighthood Global serait désormais à la manœuvre pour structurer le développement, lever des fonds et accompagner la compagnie dans l’obtention de sa licence d’exploitation britannique (UK AOC). Sur le papier, l’arrivée de profils théoriquement expérimentés comme James Hogan ou James Rigney (ancien CFO d’Etihad) pourrait rassurer. Mais qui ?
Global Airlines : une stratégie qui interroge plus qu’elle ne crédibilise.
L’entrée de Hogan au capital de Global Airlines soulève plusieurs interrogations. S’agit-il d’un adoubement crédible par un vétéran du secteur, ou d’une tentative de mise en scène destinée à gagner en visibilité médiatique ? On notera au passage que Hogan revendique, sur le site de Knighthood, avoir transformé Etihad en un groupe valorisé à plus de 20 milliards de dollars, alors même qu’Etihad envisage aujourd’hui une IPO avec une valorisation cinq fois inférieure, comme le souligne Schlappig. À ce niveau-là, l’exagération frôle l’exercice de style !
Quant à l’ambition de Global Airlines de faire voler plusieurs A380 d’ici à 2025, elle semble de plus en plus fantaisiste à mesure que les délais s’allongent et que les déclarations se répètent. L’A380, aussi noble soit-il, reste un avion complexe, coûteux, et inadapté à la rentabilité exigée d’un modèle à naître. Même Emirates, son plus grand défenseur, le rationnalise aujourd’hui.
Une opération de communication en quête d’atterrissage.
L’alliance entre James Hogan et James Asquith ressemble à un scénario improbable mêlant nostalgie des grandeurs passées et fascination contemporaine pour les start-up qui défient les lois du marché. C’est aussi, peut-être, la tentative désespérée de donner un vernis d’expertise à un projet dont l’ambition n’a d’égale que l’absence de réalisme.
À l’heure où l’industrie aérienne tente de se réinventer sur des bases solides comme l’écologie, la rationalité économique, la connectivité régionale, Global Airlines semble évoluer dans un univers parallèle, entre show et storytelling.
Conclusion.
L’entrée de James Hogan au capital de Global Airlines n’est pas anodine. Elle donne à voir, en creux, un secteur toujours friand de récits spectaculaires, quitte à en oublier la rigueur opérationnelle. Si Knighthood Global parvient à transformer ce projet en réalité concrète, ce serait une prouesse digne des meilleurs stratèges du secteur. Mais à ce stade, il est difficile de ne pas y voir un miroir aux alouettes, sur fond de nostalgie d’une époque révolue.
Et vous, pensez-vous que Global Airlines a une chance de décoller ?
Julien.