Benjamin Smith est arrivé à la tête d’Air France – KLM en septembre 2018. Après bientôt 2 ans passés à diriger le groupe franco-néerlandais, l’ancien d’Air Canada n’a pourtant pas démérité indépendamment des aléas dont il aurait très certainement aimé se passer. Confronté depuis le mois de mars 2020 à la pire crise que le secteur du transport aérien ait connu, les deux compagnies aériennes du groupe traversent une période économiquement très complexe. Soutenue par leur État respectif, Air France et KLM ont ainsi reçu, en tout, plus de 10 milliards d’euros d’aides (sous la forme notamment de prêts garantis par la France et les Pays-Bas). Aujourd’hui, Benjamin Smith se confie à France Info et, malgré les lourdes pertes de ses compagnies, assume son optimisme !
Un véritable avenir pour le transport aérien.
Ce matin, Benjamin Smith était l’invité de France Info. À cette occasion, le Président-directeur général d’Air France – KLM a évoqué la crise économique traversée par le groupe franco-néerlandais en raison de la situation sanitaire actuelle.
Malgré une perte de 2,6 milliards d’euros au deuxième trimestre de cette année (le premier trimestre a avoir été entièrement impacté par la crise provoquée par le coronavirus), Benjamin Smith semble penser que la situation du secteur du transport aérien s’arrangera une fois les frontières complètement rouvertes. Du moins, pour les voyages d’agrément en opposition aux voyages d’affaires qui devraient, selon lui, être plus lents à repartir.
Je suis optimiste pour l’avenir. Aussitôt que les frontières rouvriront, il est très clair que la demande rebondira. Quand vous regardez les industries ces 100 dernières années, il y a toujours un rebond après une crise. Les citoyens ont toujours envie de voyager et de parcourir le monde. Énormément de clients doivent visiter leurs familles. Cela va mettre plus de temps pour notre trafic d’entreprise. » – Benjamin Smith, Président-directeur général d’Air France – KLM.
Des salariés dans une situation complexe.
Benjamin Smith a également évoqué la situation de ses salariés. Du moins, partiellement.
En effet, la logique est implacable : Air France – KLM, à l’instar de ses consoeurs, ne peut pas voler, les passagers désertent les avions qui restent quant à eux cloués au sol, les salariés sont inévitablement sans activité ou en situation d’activité réduite.
« Ce ne sont pas seulement des avions qui restent à terre, mais également 85 000 salariés qui n’ont rien à faire. » – Benjamin Smith, Président-directeur général d’Air France – KLM.
Compte tenu de sa structure de coûts, le groupe a été contraint de prendre des mesures rapidement afin de limiter les pertes autant que possible.
« C’était assez compliqué. En France, nous avons mis 50 000 salariés en activité partielle. Nous avons complètement arrêté de dépenser nos coûts variables. Dans une société aérienne, 50% de nos coûts sont variables. À Air France-KLM, nous avons des coûts de 26 milliards d’euros, avec des marges de 5 ou 6%. Il est clair qu’on perd beaucoup d’argent. Il est clair qu’on savait que nous serions devant le mur très rapidement. » – Benjamin Smith, Président-directeur général d’Air France – KLM.
Outre ces mesures temporaires, Air France prévoirait de réduire ses effectifs tout en évitant pour autant un plan de licenciement (départs volontaires, pré-retraites, …).
Pour ceux qui restent, ceux dont l’activité a été partiellement stoppée, les salaires sont logiquement plus bas. Aussi bien au sol qu’à bord, avec des vacations et des vols en moins, les employés doivent faire avec, sans être en mesure d’évaluer précisément le temps que durera ce traitement.
KLM s’en tire mieux : tous les salariés ont continués de travailler à 100% et aucun impact sur les salaires n’a été constaté jusqu’à maintenant (et en prévision jusqu’à septembre).
IATA, elle, n’est pas si optimiste.
La position de Benjamin Smith, si elle n’est pas en contradiction avec les prévisions des analystes, s’éloigne tout de même de la récente conférence de presse de l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA), dirigée par Alexandre de Juniac.
Ainsi, récemment, cette dernière se montrait moins confiante sur une reprise rapide et vigoureuse des opérations aériennes. Si pendant un temps on envisageait une reprise à un niveau d’avant crise (soit 2019) à l’horizon 2023, IATA révise sa position et table désormais sur 2024 soit plus de 3 années à passer avec un trafic atrophié.
« Nous estimons maintenant que le niveau (de trafic) de 2019 ne sera pas atteint avant 2024, soit un an plus tard que ce que nous avions prévu précédemment. Par ailleurs, le deuxième semestre verra un rétablissement du trafic plus lent que ce que nous avions espéré. Nous l’avons déjà constaté en mai et en juin » – Brian Pearce, Responsable financier de IATA.
L’Association Internationale du Transport Aérien estime désormais que la chute du trafic en 2020 sera de 63% contre 55% auparavant.
À Paris, chez ADP, on pense même que Paris Aeroport ne connaîtra pas son trafic d’avant crise avant, au plus tard, 2027 !
Conclusion.
Benjamin Smith espère une reprise rapide et reste optimiste face à la situation de crise traversée par toute l’industrie du transport aérien.
Cette position nous semble tout de même bien plus réaliste que l’analyse alarmiste présentée par de nombreux experts et officiels du secteur.
En effet, il ne nous semble pas incohérent de dire que dès lors qu’il sera de nouveau possible de véritablement voyager, les vols reprendront et la demande devrait suivre ! 😉
Tyler.