Cela fait déjà plusieurs jours maintenant que nous savons qu’Aigle Azur est confrontée à la plus grave crise de son histoire. On avait pourtant du mal à imaginer que cela puisse être la fin, tant la compagnie aérienne était profondément ancrée dans le paysage tricolore. Il y a encore de cela quelques semaines, Aigle Azur, menée par son Président-directeur général Frantz Yvelin, se voulait rassurante. En effet, selon les informations communiquées par la direction de la compagnie, cette dernière disposait de suffisamment de fonds propres (environ 25 millions d’euros) lui permettant de poursuivre aisément ses activités de transporteur.
Aigle Azur, qui accuse des pertes financières importantes depuis 2012, a dernièrement essuyé plusieurs revers. Le dernier en date ? L’arrêt annoncé de sa desserte de Sao Paulo, faute de trouver un accord avec son ancienne partenaire, la brésilienne Azul.
C’est désormais officiel. À compter d’aujourd’hui, samedi 7 septembre 2019, les opérations aériennes d’Aigle Azur sont arrêtées. Depuis, le site internet de la compagnie aérienne est inaccessible, bloqué par un message d’information révélant la nature des difficultés rencontrées par cette dernière.
« En lien avec les autorités françaises de l’aviation civile et des organes de la procédure de redressement judiciaire, Aigle Azur, en grande difficulté économique, se voit malheureusement dans l’obligation d’annuler tous ses vols à compter de samedi 7 septembre inclus.
En effet la situation financière de la société et les difficultés opérationnelles en résultant ne permettent pas d’assurer les vols au-delà du 6 septembre au soir.
A compter du 7 septembre 2019, quel que soit l’aéroport de départ, les vols Aigle Azur sont annulés.
Si vous êtes passagers d’Aigle Azur pour un vol prévu le 6 septembre, merci de bien vouloir vérifier que votre vol est maintenu en consultant la liste des vols confirmés ci-dessous. »
Par ailleurs, la flotte d’Aigle Azur, composée de 11 appareils, est quant à elle clouée au sol.
Certains avions sont d’ores et déjà stockés à Châteauroux (depuis cette nuit) dont les deux Airbus A330 destinés aux opérations long courrier de la compagnie aérienne.
Pour mémoire, Air Austral avait conclu avec Aigle Azur un contrat de wet lease afin d’assurer la desserte de la ligne Paris – Mayotte jusqu’en octobre 2019 en raison de l’immobilisation de l’un de ses Dreamliner. Air Austral, assurant toutefois son soutien à sa consoeur tricolore, a été contrainte et forcée de revoir ses plans au dernier moment.
« La compagnie Air Austral liée à Aigle Azur par le biais d’un contrat d’affrètement d’un Airbus A330-300 dédié à la desserte ponctuelle de la ligne Paris-Mayotte initialement prévu jusqu’en octobre prochain, précise qu’elle est en mesure d’assurer le transport de tous ses passagers, et ce en ayant limité au maximum les désagréments.
En urgence, la compagnie a notamment procédé à l’affrètement d’un A340 de la compagnie espagnole Plus Ultra du samedi 7 au lundi 9 septembre. Cette dernière effectuera pour le compte d’Air Austral 1 rotation complète entre Paris-Charles de Gaulles et La Réunion. Les passagers seront réacheminés de et vers Mayotte au moyen des navettes mises en place en Boeing 737 par Air Austral.
La compagnie réunionnaise a par ailleurs procédé à des ajustements dans l’utilisation de sa flotte globale afin d’être en mesure d’assurer le transport de ses passagers entre Mayotte et Paris sur la période concernée. »
Pour les voyageurs impactés par ces annulations de vol, les recours pour se faire indemniser demeurent minces, d’autant plus s’il s’agit d’un vol sec (c’est-à-dire, acheté directement sur le site internet de la compagnie aérienne, sans prestation complémentaire). Un site internet dédié a été mis en place à cet effet par les administrateurs judiciaires d’Aigle Azur.
« Si votre vol est annulé, vous pouvez déclarer votre créance auprès des mandataires judiciaires dans le cadre de la procédure collective.
Pour vous y aider, les mandataires judiciaires mettent à votre disposition un site dédié : www.aigleazur.online
Les passagers des vols annulés, peuvent également se rapprocher de leur assurance existante dans le cadre des paiements par carte bancaire, pour obtenir le remboursement ou le dédommagement de leur billet. »
En revanche, si le billet a été acheté auprès d’une agence de voyage, cette dernière devrait pouvoir agir sur le remboursement éventuel de celui-ci. Par ailleurs, si le billet est vient en inclusion d’un package acheté auprès d’un tour-opérateur, une solution devrait également être trouvée par ce dernier afin de réacheminer les voyageurs.
Pour les passagers dans le premier cas de figure, d’autres compagnies aériennes proposent des solutions à tarifs préférentiels afin de leur permettre de rentrer.
« Suite à la réunion qui s’est tenue hier soir, vendredi 6 septembre 2019, avec Jean-Baptiste Djebbari, Secrétaire d’État aux Transports, les compagnies françaises, membres de la FNAM, se sont mobilisées, en coordination avec la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile), pour recenser les avions disponibles et mettre des sièges à disposition des passagers d’Aigle Azur.
Air Caraïbes, Air France, Corsair et XL Airways, ont proposé des solutions de rapatriement aux autorités françaises, si cela devenait nécessaire.
Ces compagnies ont décidé unanimement de le faire à prix coûtant. »
Aigle Azur espère une reprise rapide de ses activités.
« Consciente des désagréments considérables de ces mesures d’annulation de vols pour ses passagers, la compagnie Aigle Azur présente à l’ensemble de ses clients, ses plus sincères excuses. Nos équipes assureront jusqu’au dernier vol prévu le 6 septembre 2019, le confort et la sécurité de tous les passagers.
La société reste mobilisée pour permettre une solution de reprise des activités par un ou des repreneurs dans les plus brefs délais. »
Les éventuels repreneurs ont jusqu’au 9 septembre 2019 pour se faire connaître et présenter leur offre.
Pour l’heure, plusieurs noms sont d’ores et déjà évoqués dont Gérard Houa, l’actionnaire majoritaire de la compagnie aérienne, qui affirme être en mesure d’injecter 15 millions d’euros dans les caisses de la compagnie aérienne. Son plan est simple : recentrer ses activités sur l’Afrique et l’Algérie, les poumons de l’activité d’Aigle Azur.
De son côté, Air France et le groupe Dubreuil prépareraient séparément une offre partielle de reprise. Ces offres se focaliseraient essentiellement sur les droits de trafic d’Aigle Azur au départ d’Orly.
Prochaine échéance : le Comité d’Entreprise extraordinaire de lundi.
Conclusion.
Le transport aérien tricolore ne mérite pas le sort qui lui est actuellement réservé.
Nous espérons une reprise rapide de l’activité d’Aigle Azur afin que cette dernière ne subisse pas le même sort que Jet Airways, quelques mois avant elle.
Tyler.