Lors de son lancement en 2016, la cabine Polaris de United Airlines fut saluée comme une avancée majeure pour une compagnie américaine. À l’époque, United osait rompre avec ses standards vieillissants, notamment en Amérique du Nord, pour proposer un produit Business plus en phase avec les attentes internationales. Mais près d’une décennie plus tard, l’industrie a bougé et Polaris semble avoir raté le virage du temps.
Polaris : quand l’absence de porte devient le symbole d’un produit dépassé.
La viralité récente d’une photo, où un passager, manifestement en quête d’intimité, érige une barrière de fortune en suspendant une couverture entre deux sièges Polaris, est bien plus qu’une simple anecdote. Elle révèle une mutation profonde des attentes passagers (évoquée depuis 2018 …) : l’intimité est aujourd’hui un critère essentiel en classe Affaires, au même titre que le confort du siège ou la qualité du service.
Or, Polaris, malgré son positionnement premium initial, n’offre ni cloison haute, ni porte privative. À une époque où des compagnies comme Qatar Airways (avec sa Qsuite présentée seulement quelques mois après Polaris), ANA (et The Room), Delta (et sa Delta One Suite) ou même Air France (et sa nouvelle Business Suite) ont élevé le standard, United semble être restée figée, incapable d’adapter son produit aux nouvelles exigences de la clientèle haut-contributive.

Polaris : un produit qui avait pourtant tout pour réussir.
Au moment de son lancement, Polaris promettait une révolution avec notamment :
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la présence de sièges full flat avec accès direct à l’allée pour tous ;
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une literie haut de gamme en partenariat avec Saks Fifth Avenue ;
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des salons signature (Polaris Lounge) dans les hubs stratégiques de la compagnie aérienne américaine.
Mais cette promesse est restée incomplète : la lenteur du déploiement dans la flotte, l’absence d’innovation continue et un positionnement produit qui n’a pas su évoluer face à la concurrence ont progressivement effrité l’image de Polaris. De produit pionnier, Polaris est devenu aujourd’hui un produit daté dans un segment ultra-compétitif où la perception de modernité influence directement le choix des clients et la capacité à capter les segments premium.

L’annonce d’une nouvelle cabine : un changement attendu, mais tardif.
Consciente de ce décalage croissant, United Airlines a récemment dévoilé ses premiers éléments de son nouveau produit pour ses futurs Boeing 787-9. Les objectifs affichés sont clairs : plus d’intimité, plus de confort individuel, plus d’élégance.
Mais plusieurs questions demeurent. Le rythme de déploiement sera-t-il suffisant pour contenir l’érosion de l’image premium de United sur le long-courrier ? Quelle sera la cohérence de la flotte, sachant que Polaris restera l’expérience majoritaire durant plusieurs années encore ? United saura-t-elle conjuguer cette montée en gamme avec une qualité de service à bord, dimension qui reste parfois aléatoire aujourd’hui ?
En l’état, la compagnie s’expose à un risque : celui de présenter un visage ultra-moderne sur ses nouveaux appareils tout en continuant d’offrir une expérience datée sur une majorité de ses vols, au risque d’une expérience client fragmentée.

Conclusion.
L’affaire Polaris illustre aussi un mouvement de fond : les passagers en Business ne recherchent plus seulement un siège qui se transforme en véritable lit ou un catering amélioré. Ils exigent une bulle personnelle, un espace refuge qui transcende la simple notion de transport. La classe Affaires devient un espace de vie privé en altitude, où la protection visuelle, sonore et émotionnelle est devenue une nouvelle frontière du confort. Dans cette bataille, les compagnies qui tardent à s’adapter prennent un risque majeur : perdre non seulement des parts de marché, mais aussi le précieux capital émotionnel qu’elles entretiennent avec leur clientèle premium.
Pour vous, le manque d’intimité est-il pour vous un critère rédhibitoire en 2025 ? Quels sont les produits Business qui, selon vous, définissent aujourd’hui les standards du marché ? Votre perception d’une compagnie est-elle profondément influencée par ce type de détail ?
Julien.