Fin septembre 2017, Air France convoquait les médias à une conférence de presse organisée en grande pompe afin de dévoiler l’identité de sa nouvelle marque : Joon. Quelques semaines plus tard, la jeune compagnie aérienne prenait les airs pour ses premières destinations moyen-courrier après avoir présenté ses aménagements intérieurs. Nous avions d’ailleurs eu l’occasion de découvrir le produit à bord à destination d’un vol entre Paris et Barcelone, en Business et en Economy.
Ainsi, à l’été 2017, le projet Boost (censé permettre de redonner de la compétitivité à Air France) issu de l’ère Janaillac chez Air France – KLM avait engendré la naissance de Joon, une compagnie aérienne hybride dont l’objectif était de réduire les coûts internes et concurrencer les nouvelles compagnies aériennes plus innovantes, plus réactives, et plus attractives. Pour l’ancien Président-directeur général du groupe franco-néerlandais, la riposte se devait de réussir.
Mais voilà, l’ancien patron ayant été débarqué, Benjamin Smith, son successeur, entend bien réussir là où il considère que d’autres ont échoué, à savoir rendre pérenne la bonne santé d’Air France – KLM. Et pour cela, il s’attaque aux dossiers sensibles, à l’instar du maintien des Airbus A380 dans la flotte d’Air France et leur rétrofit visiblement englué.
Joon : survivra t-elle à l’arrivée de Ben Smith ?
Là encore, Benjamin Smith entend trancher là où d’autres ont tergiversé (peut être) trop longtemps.
En effet, depuis quelques jours, des bruits de couloirs laissaient à entendre que le patron fraichement arrivé au sein du groupe franco-néerlandais avait également réglé le sort de la filiale d’Air France, dont il est le Président-directeur général par intérim : Joon ne connaitrait pas son deuxième anniversaire.
Notre consoeur, Valérie Collet du Figaro, annonçait ce soir que Benjamin Smith n’avait pas été convaincu par le concept « hybride » de la jeune compagnie aérienne et avait décidé de mettre fin à son plan de vol. Cette décision, actée par la nouvelle Direction d’Air France, doit encore être présentée au Conseil d’Administration.
Sur les premiers papiers pourtant, la compagnie aérienne, à mi-chemin entre la low cost et la traditionnelle (d’où son appellation de compagnie « hybride »), devait permettre à Air France de se maintenir sur des lignes déficitaires en repensant sa structure de coûts. Finalement, le modèle économique de Joon repose sur le statut des personnels navigants commerciaux et leur rémunération. En effet, le coût des hôtesses et stewards chez Joon est inférieur d’environ 40% à celui de la même catégorie de personnel chez Air France.
Une sanction rapidement tombée.
Il faut dire que le patron canadien, un an à peine après le début d’exploitation de Joon, s’est trouvé confronté à d’ennuyeuses problématiques :
- des conditions de travail des PNC jugées intolérables par les syndicats et les principaux intéressés (temps minimum de repos insuffisants entre les vols, salaires faibles, arrêts de travail à répétition, …)
- une menace de grève imminente émanant des navigants commerciaux
- un turn over très important des navigants commerciaux
- une réduction des coûts relatifs aux prestations proposées à bord (les plats froids sur le moyen-courrier Joon vs. les plats chauds sur le moyen courrier Air France, …)
- une qualité de service en berne
- de nombreux problèmes techniques sur des appareils, certes réaménagés, mais vieillissants (à l’instar de Bombay avec de nombreuses annulations de vol comme ce 28 novembre 2018 avec le vol AF218, …)
- la difficulté pour Joon de pérenniser les Seychelles à l’année contrairement à l’engagement d’Air France
- …
Rien de très réjouissants d’autant plus que Benjamin Smith n’a eu de cesse de s’interroger sur l’opportunité d’un tel panel de marque qui, disons le, reste trop important au sein du groupe. Rien qu’en France, entre Air France, HOP! Air France, Joon et Transavia, l’identité collective est ostensiblement dévoyée.
Quel futur ?
Pour l’heure, deux points principaux restent en suspens :
- les navigants commerciaux
- la flotte dédiée à venir
Il faut dire que les PNC – actuellement au nombre de 550 environ et prochainement de 700 – ont été spécialement recrutés pour officier à bord des appareils de la petite soeur d’Air France. Les conditions de rémunération sont propres à Joon et, comme nous le précisions, différentes de celles de la maison mère.
Jusqu’à présent, l’heure était à la critique …
… mais qu’adviendra t-il de ces équipages recrutés spécialement pour Joon, aux conditions de Joon, lorsque Joon n’existera tout simplement plus ? Il est impensable que le groupe puisse absorber une telle quantité d’âmes …
Quant à la flotte, la nouvelle compagnie Joon prévoyait de disposer à terme de 28 appareils comprenant 18 Airbus A320 et 10 appareils sur le long-courrier. La compagnie aérienne hybride qui avait débuté ses opérations avec 7 Airbus A320 à l’automne 2017 et 4 Airbus A340 depuis l’été 2018, était surtout dans l’attente de réception de ses premiers Airbus A350.
Nous vous avions dévoilé en exclusivité l’aménagement intérieur des Airbus A350 d’Air France, dont les premiers réceptionnés devaient rejoindre la flotte de Joon.
La commande étant bien antérieure à la décision de création de Joon, il y a fort à parier que la compagnie mère, Air France, ne la modifie pas ; du moins, par pour cette raison. Pour mémoire, la commande ferme initiale de 25 Airbus A350-900 (et 25 options) étaient répartie entre Air France (dont les premiers avions devaient rejoindre la flotte de Joon pour la saison hiver 2019-2020) et KLM (qui doit en recevoir 7 entre 2021 et 2023, au plus tôt, pour cette dernière).
Ainsi, les appareils arboreront très certainement la livrée tricolore plutôt que le duo blanc-bleu à la sortie des usines de l’avionneur européen.
Peut-être un mal pour un bien ! 😉
Conclusion.
Pour l’heure, nous ne faisons que relayer l’information de nos confrères du Figaro, mais les bruits de couloirs, eux, ne datent pas d’hier. Ni la Direction d’Air France, ni son service de presse, ne se sont exprimés sur la question.
Attendons donc avant de ranger en placard les marinières et les tennis, et d’annoncer le début de descente pour les appareils de Joon.
Quoi qu’il en soit, Benjamin Smith s’est fixé des objectifs à atteindre et n’entend pas attendre pour s’attaquer aux dossiers épineux.
Après tout, le nouveau patron a été recruté pour faire fonctionner Air France – KLM et non pour regarder le groupe sortir de piste en payant le prix de mauvais choix ! 😉
Tyler.
De toute façon l’offre est illisible à ce jour… le code compagnie ne signifie plus rien en termes d’offre (vol HV vendu comme KL,, vol AF opéré par JN, etc.).
AF, KL, A5, WA, MP, JN, TO, HV…
Il faut absolument distinguer low cost et legacy; CC et MC / LC…